Un retour stratégique et symbolique
L’Arabie saoudite réaffirme sa présence au Liban après plusieurs années de retrait. Faisal bin Farhan, ministre des Affaires étrangères, a marqué cette étape par une visite officielle à Beyrouth, selon Al Akhbar (24 janvier 2025). Ce déplacement, présenté comme une relance des relations bilatérales, vise à soutenir des réformes politiques et économiques, tout en réduisant l’influence croissante de l’Iran et du Hezbollah. Le retour de Riyad est perçu comme un élément clé dans la stabilisation d’un Liban en pleine crise.
Les discussions ont porté sur des sujets variés, allant de l’amélioration de la transparence institutionnelle à la reprise des investissements économiques saoudiens. Faisal bin Farhan a également insisté sur la nécessité de respecter les accords internationaux, notamment ceux concernant la sécurité régionale, d’après Al Sharq Al Awsat (24 janvier 2025).
Un passé marqué par des tensions et des retraits
Pendant des décennies, Riyad a joué un rôle central au Liban, soutenant les partis sunnites et finançant des projets d’infrastructure. Cependant, les relations ont connu un tournant en 2017, lorsque Saad Hariri, ancien Premier ministre, a été contraint de démissionner sous la pression de l’Arabie saoudite. Cette crise a creusé un fossé entre Riyad et Beyrouth, exacerbant les tensions politiques.
Selon Al Bina’ (24 janvier 2025), l’influence du Hezbollah, soutenu par l’Iran, a contribué à éloigner Riyad. Le Royaume avait alors suspendu son aide financière, notamment un don de 3 milliards de dollars destiné à renforcer l’armée libanaise. Cette absence a laissé le champ libre à d’autres acteurs régionaux, notamment l’Iran, pour accroître leur emprise sur le Liban.
Riyad impose des conditions strictes
Le soutien économique saoudien dépend désormais de la mise en œuvre de réformes structurelles. Selon Nida’ Al Watan(24 janvier 2025), ces conditions incluent la lutte contre la corruption, la limitation de l’influence des milices armées sur les institutions publiques et la formation d’un gouvernement technocratique. Riyad a également souligné l’importance de la transparence et de l’efficacité dans l’utilisation des fonds internationaux.
Cependant, ces exigences se heurtent à des obstacles locaux. Le Hezbollah, acteur influent dans le système politique, s’oppose à certaines réformes perçues comme des tentatives de réduire son pouvoir. Cette dynamique alimente des tensions internes, rendant la mise en œuvre des réformes encore plus difficile.
Réactions politiques locales
Les partis sunnites libanais ont accueilli favorablement ce retour saoudien. Ils y voient une opportunité de débloquer l’aide internationale et de renforcer leurs positions face au Hezbollah. Cependant, selon Al Sharq (24 janvier 2025), certains leaders politiques restent sceptiques quant à la capacité de Riyad à imposer des changements significatifs dans un contexte aussi polarisé.
Les divisions politiques internes compliquent davantage la situation. La formation d’un gouvernement stable reste incertaine, ce qui freine la mise en œuvre des réformes et l’attraction des investissements étrangers.
Une stratégie régionale plus large
Le retour de l’Arabie saoudite au Liban s’inscrit dans une stratégie régionale visant à contrer l’influence iranienne. Selon Al Akhbar (24 janvier 2025), Riyad espère également renforcer son rôle de médiateur au Moyen-Orient, notamment dans le cadre des Accords d’Abraham et des discussions sur la normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays arabes.
Cette stratégie vise également à projeter une image positive de l’Arabie saoudite sur la scène internationale. En aidant le Liban à sortir de sa crise, Riyad cherche à rétablir sa position de leader dans la région, tout en promouvant des initiatives économiques et diplomatiques ambitieuses.
Enjeux économiques et défis pour le Liban
La crise économique libanaise, marquée par l’effondrement de la livre et la montée en flèche des prix, rend l’aide internationale indispensable. Riyad a proposé la création d’un fonds d’aide supervisé par des institutions internationales pour garantir une gestion transparente, selon Al Sharq Al Awsat (24 janvier 2025).
Cependant, les blocages politiques et la lenteur des réformes freinent la concrétisation de cette initiative. Les analystes soulignent que le succès des projets saoudiens dépendra largement de la capacité des dirigeants libanais à surmonter leurs divisions et à instaurer un climat propice aux investissements.