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La position des États-Unis face à la crise libanaise : pourquoi Trump évite-t-il de condamner Israël ?

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Un silence diplomatique stratégique

Depuis le 18 février 2025, la communauté internationale observe avec attention le maintien de troupes israéliennes dans cinq zones stratégiques du Sud-Liban, en violation de l’accord de retrait négocié sous l’égide des Nations unies et de l’administration Trump. Alors que la France, l’Allemagne et la Ligue arabe ont fermement condamné cette occupationWashington reste silencieux, refusant toute déclaration explicite contre Tel-Aviv.

L’administration de Donald Trump, actuellement engagée dans une politique étrangère résolument pro-israélienne, semble privilégier une approche mesurée afin de ne pas fragiliser son alliance avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Selon Al Sharq Al Awsat (18/02/2025)des discussions à huis clos ont eu lieu entre des conseillers du président américain et des responsables israéliens, afin de définir une stratégie commune de communication sur la crise.

Cette prudence diplomatique contraste avec les précédentes crises régionales, où Washington n’hésitait pas à interpeller ses alliés en cas de manquement aux engagements internationaux. Cette fois, le silence américain est perçu comme une volonté d’éviter un affrontement diplomatique ouvert avec Israël, alors que d’autres priorités géopolitiques dominent l’agenda de la Maison-Blanche.

Un soutien indéfectible à Israël sous l’ère Trump

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a renforcé le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël, consolidant ainsi une alliance stratégique déjà privilégiée sous son premier mandat. Cette proximité s’est notamment manifestée par l’augmentation de l’aide militaire américaine à Israël, ainsi que par la reconnaissance de nouvelles colonies en Cisjordanie.

Dans ce contexte, condamner le maintien des troupes israéliennes au Sud-Liban reviendrait à fragiliser cette alliance, ce que l’administration Trump cherche à éviter à tout prix. Selon Al Akhbar (18/02/2025), plusieurs diplomates américains ont discrètement assuré à Tel-Aviv que Washington ne prendrait pas position contre Israël dans cette affaire, préférant jouer la carte de la neutralité stratégique.

Par ailleurs, le poids du lobby pro-israélien aux États-Unis influence directement la politique étrangère américaine. Des figures influentes du Parti républicain et des milieux évangéliques continuent de faire pression sur la Maison-Blanche pour qu’elle soutienne sans réserve Israël, y compris dans des dossiers aussi sensibles que le Liban. En période préélectorale, alors que Trump prépare déjà sa réélection, une prise de distance avec Tel-Aviv pourrait lui coûter le soutien de certaines franges de son électorat.

Le Liban, une priorité secondaire pour Washington

Si l’administration Trump évite de condamner Israël, c’est aussi parce que le Liban ne figure pas parmi ses priorités stratégiques immédiates. Depuis son retour au pouvoir, Trump a recentré sa politique étrangère sur des enjeux plus cruciaux pour son administration, notamment la compétition avec la Chine, la gestion de la guerre en Ukraine et la normalisation des relations israélo-arabes dans le cadre des Accords d’Abraham.

Selon Nida’ Al Watan (18/02/2025)les diplomates américains en poste à Beyrouth ont reçu pour consigne de limiter leurs interventions publiques sur la crise du Sud-Liban, laissant entendre que Washington préfère laisser les acteurs régionaux gérer cette question. Cette approche marque une rupture avec la politique traditionnelle des États-Unis au Liban, qui avait jusque-là toujours soutenu la souveraineté du pays face aux incursions israéliennes.

De plus, les États-Unis considèrent le Hezbollah comme un acteur central dans le conflit, et toute déclaration forte contre Israël pourrait être perçue comme un soutien indirect au parti chiite, ce que Washington veut absolument éviter. Un diplomate cité par Al Sharq Al Awsat (18/02/2025) a ainsi affirmé que « toute condamnation ouverte d’Israël renforcerait la position du Hezbollah et affaiblirait les forces pro-occidentales au Liban ».

En conséquence, Trump adopte une position attentiste, espérant que la pression internationale suffira à convaincre Israël de se retirer complètement, sans que les États-Unis aient à s’impliquer directement dans le dossier.

Un jeu d’équilibre entre Israël et les États arabes

Si Donald Trump évite de condamner Israël, c’est également parce qu’il cherche à ménager les pays arabes engagés dans le processus de normalisation avec Tel-Aviv. Depuis son retour au pouvoir, il a poursuivi l’extension des Accords d’Abraham, tentant d’inclure l’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe dans cette dynamique. Une crise ouverte au Liban risquerait de compromettre ces négociations délicates.

Selon Al Quds (18/02/2025), plusieurs diplomates saoudiens et émiratis ont discrètement exprimé leurs préoccupations à Washington, soulignant que le maintien de troupes israéliennes au Sud-Liban pourrait fragiliser la stabilité régionale et compliquer leurs relations avec Tel-Aviv. Cependant, Trump ne souhaite pas heurter Israël en exerçant trop de pression, préférant laisser aux médiateurs arabes le soin de gérer cette crise.

Dans ce contexte, les États-Unis cherchent à jouer un double jeu :

  • D’un côté, ils assurent discrètement leurs alliés arabes qu’ils souhaitent éviter une escalade au Liban,
  • De l’autre, ils laissent Israël manœuvrer librement, sans condamner ouvertement la violation des engagements de retrait.

Cette stratégie de l’équilibre permet à Trump de préserver ses alliances des deux côtés, mais elle expose également les limites de l’influence américaine dans la région, notamment face à l’activisme de la France et de la Russie dans la gestion du dossier libanais.

Un pari risqué pour Washington

En choisissant de ne pas condamner IsraëlDonald Trump prend un risque stratégique. Si la situation dégénère et que les tensions militaires s’intensifient au Sud-LibanWashington pourrait être accusé de complicité passive, ce qui fragiliserait sa position diplomatique dans la région.

Selon Al Joumhouriyat (18/02/2025)des responsables français et russes ont déjà commencé à critiquer l’inaction américaine, estimant que Washington pourrait exercer une pression décisive sur Israël s’il le souhaitait. La Russie, en particulier, semble vouloir capitaliser sur cette faille en renforçant son rôle dans les négociations sur le Liban, notamment en soutenant une médiation avec l’Iran et la Syrie.

Par ailleurs, une nouvelle escalade militaire pourrait mettre en péril la stabilité fragile du Liban, et par ricochet affecter les intérêts américains au Moyen-OrientUn conflit ouvert entre le Hezbollah et Israël forcerait les États-Unis à clarifier leur position, une éventualité que l’administration Trump préfère éviter pour ne pas compromettre ses alliances en cours.

En attendant, la Maison-Blanche mise sur le temps et la diplomatie indirecte pour éviter un affrontement direct avec Tel-Aviv. Mais si Israël persiste dans son occupation partielle du Sud-Liban, Washington pourrait être contraint de sortir de son silence, sous la pression des acteurs internationaux et de l’opinion publique arabe.

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Newsdesk Libnanews
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