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Tout au long de son pontificat, le pape François n’a cessé de puiser dans l’histoire de ses prédécesseurs des repères doctrinaux, spirituels ou pastoraux. Dans ses discours, homélies et textes officiels, il cite régulièrement plusieurs papes qui ont marqué l’histoire contemporaine de l’Église catholique. Non pas pour sanctifier leur mémoire, mais pour s’inscrire dans une tradition réformiste cohérente. Jean-Paul II, Jean XXIII, Léon XIII et Paul VI sont les quatre figures les plus fréquemment invoquées par François. Portrait croisé de ces papes qui l’ont inspiré.
Jean-Paul II : défenseur des droits de l’homme
Le pape polonais, canonisé en 2014, reste l’un des plus influents du XXe siècle. Pour François, Jean-Paul II incarne l’engagement intransigeant pour la dignité humaine, les libertés fondamentales et la résistance aux idéologies totalitaires. Il le cite souvent comme modèle de courage et de pastorale de la vie. Sa lutte contre le communisme, sa défense des droits des peuples opprimés, mais aussi son magistère sur la famille, la bioéthique et les jeunes font de lui une figure centrale dans le discours de François. Il évoque également la capacité de Jean-Paul II à conjuguer rigueur doctrinale et proximité affective avec les foules, notamment lors des Journées mondiales de la jeunesse. François a hérité de cette approche du contact direct avec les peuples, tout en adoptant un ton plus critique vis-à-vis des systèmes économiques, ce que Jean-Paul II avait initié dans Centesimus Annus (1991).
Jean XXIII : lanceur du concile Vatican II
Jean XXIII est pour François le “pape de la miséricorde” et le déclencheur du plus grand aggiornamento de l’histoire moderne de l’Église : le concile Vatican II. Élu à 77 ans en 1958, ce pape inattendu convoqua le concile en 1962 avec une volonté de dépoussiérage théologique et pastoral. François le cite régulièrement comme modèle d’humilité, de bon sens pastoral et d’audace réformatrice. C’est Jean XXIII qui ouvrit l’Église à la modernité, au dialogue interreligieux, à la collégialité épiscopale, à la liturgie en langue vernaculaire. François, dans son style direct et populaire, se réclame de cette même dynamique d’ouverture et de simplification. Le portrait de Jean XXIII est affiché dans sa résidence à Sainte-Marthe, signe tangible de cette filiation spirituelle.
Léon XIII : doctrinaire de la justice sociale
Léon XIII, pape de 1878 à 1903, est rarement cité dans les médias contemporains. Pourtant, il est pour François un repère doctrinal majeur. Avec l’encyclique Rerum Novarum (1891), Léon XIII posa les bases de la doctrine sociale de l’Église moderne : défense des droits des ouvriers, critique des excès du capitalisme, reconnaissance des syndicats. François s’inscrit dans cette continuité en élargissant la critique aux enjeux écologiques, climatiques et migratoires. Dans Laudato Si’, il cite directement Léon XIII comme source d’autorité. Le pape argentin revendique ainsi une filiation avec cette tradition sociale, insistant sur l’indispensable solidarité, la dignité du travail et la nécessité d’un nouvel humanisme économique.
Paul VI : prophète d’une Église pauvre pour les pauvres
Successeur de Jean XXIII, Paul VI est une figure centrale du magistère moderne. Il est pour François le “pape du discernement”, celui qui a conduit à bien le concile Vatican II dans sa phase la plus complexe. Mais c’est surtout pour son attachement à une Église pauvre, dépouillée et humble que François l’admire. Dans Evangelii Gaudium, puis dans ses multiples prises de parole, il cite Paul VI comme celui qui a osé poser des gestes de décentralisation, défendre l’option préférentielle pour les pauvres, et critiquer les tentations de pouvoir dans l’Église. L’encyclique Populorum Progressio (1967), sur le développement des peuples, est un texte fondamental dans la pensée de François. Il y trouve la base d’une Église non pas repliée sur elle-même, mais actrice d’un changement social et mondial.