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Liban: Joseph Aoun élu au 2ème tour avec 99 voix

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Après plus de deux ans de vacance présidentielle, le Liban a enfin un président. Le général Joseph Aoun, chef de l’armée libanaise, a été élu au deuxième tour du 13ᵉ scrutin parlementaire. Son élection, saluée par certains comme un pas vers la stabilité, a également suscité des critiques sur sa constitutionnalité et soulevé des interrogations sur l’efficacité de la présidence dans un contexte de crise multidimensionnelle.

Le général Joseph Aoun, désormais 14ème chef de l’état depuis l’indépendance du Liban en 1943 a été ainsi élu par voix au deuxième tour

Nombre de voix en faveur du général Joseph Aoun: 99 voix

Bulletins blancs: 9

Chibli Mallat: 2

Bulletins annulés: 18 ( dont 1 pour Bernie Sanders)

Biographie du président Joseph Aoun

Né en 1964 dans la ville de Sin el Fil, Joseph Aoun est issu d’une famille modeste. Diplômé de l’Académie militaire libanaise, il a gravi les échelons au sein des Forces armées pour devenir commandant en chef de l’armée libanaise en 2017. Pendant son mandat, il s’est imposé comme une figure respectée, notamment grâce à son rôle dans la préservation de la stabilité intérieure et la gestion des relations avec les puissances étrangères. Sa neutralité apparente face aux factions politiques et son respect pour les institutions ont renforcé sa réputation. Toutefois, son ascension à la présidence a été marquée par des controverses.

Une élection dénoncée comme non constitutionnelle

Malgré la fin de la vacance présidentielle, des voix se sont élevées pour critiquer le processus électoral. Certains députés et experts constitutionnels estiment que l’élection de Joseph Aoun constitue une violation de la Constitution pour les raisons suivantes :

  1. Statut militaire : Selon la Constitution libanaise, un chef de l’armée ne peut pas accéder directement à la présidence sans un délai de deux ans après avoir quitté ses fonctions militaires. Cette clause vise à préserver l’équilibre civil-militaire au sein du système politique.
  2. Pressions internationales : Plusieurs députés, comme Gebran Bassil, ont dénoncé des ingérences étrangères, affirmant que des acteurs internationaux, notamment la France, les États-Unis et l’Arabie Saoudite, ont influencé le choix de Joseph Aoun pour garantir un consensus. Ces pressions sont perçues comme une atteinte à la souveraineté libanaise.
  3. Manquements au quorum parlementaire : Certains rapports suggèrent que le quorum constitutionnel pour l’élection n’a pas été respecté, alimentant les accusations d’irrégularité.

Un contraste entre espoir populaire et défis nationaux

L’occupation israélienne et la fin du cessez-le-feu

L’élection de Joseph Aoun intervient à un moment critique, alors que le cessez-le-feu avec Israël, négocié en 2022, approche de son échéance. Le Sud du Liban reste une région stratégique, marquée par la présence du Hezbollah et les tensions récurrentes avec Israël. La population espère que la nouvelle présidence pourra renforcer la souveraineté nationale et négocier des accords durables pour éviter une escalade militaire. Toutefois, les capacités d’action du président sont limitées par ses prérogatives constitutionnelles, qui relèvent davantage de fonctions honorifiques.

Crise économique et blocage avec le FMI

Sur le plan économique, le Liban traverse l’une des pires crises de son histoire moderne. La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur, et 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les négociations avec le FMI, cruciales pour débloquer des aides financières, sont au point mort en raison des divisions politiques internes et de l’absence de réformes structurelles. Dans ce contexte, l’élection de Joseph Aoun suscite des attentes, mais ses pouvoirs limités pourraient restreindre son rôle dans la résolution de cette crise.

Les prérogatives réelles d’un président au rôle limité

Dans le système politique libanais, le président de la République exerce principalement un rôle symbolique. Bien qu’il soit considéré comme le chef de l’État, ses pouvoirs exécutifs sont largement réduits en faveur du Conseil des ministres. Ses fonctions incluent :

  • La nomination du Premier ministre, en consultation avec le Parlement.
  • La signature des décrets adoptés par le Conseil des ministres.
  • Le rôle de garant de l’unité nationale et de la Constitution. Dans un contexte de paralysie institutionnelle, ces pouvoirs limités réduisent la capacité du président à agir concrètement pour résoudre les crises nationales.

Un avenir incertain pour le Liban

L’élection de Joseph Aoun met fin à une vacance présidentielle prolongée, mais elle ne garantit pas une sortie immédiate de la crise. Les défis restent immenses : une population appauvrie, des tensions géopolitiques croissantes, un système confessionnel paralysant et une élite politique divisée. Alors que certains espèrent que le président élu pourra jouer un rôle unificateur, d’autres craignent que son mandat ne soit entravé par les mêmes blocages qui ont marqué les années précédentes.

Pour rappel

Élection de Michel Aoun (2016)

  • Durée de la vacance présidentielle : 29 mois (de mai 2014 à octobre 2016).
  • Nombre de tours : 45 tours avant l’élection de Michel Aoun.
  • Résultat du dernier tour : Michel Aoun a obtenu 83 voix sur 127 députés présents.
  • Soutiens clés : Aoun a bénéficié d’un soutien crucial du Hezbollah, du Courant patriotique libre, et d’un accord avec le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
  • Contexte : Ce scrutin s’est déroulé dans un climat de fortes tensions politiques et confessionnelles, marqué par des blocages parlementaires.

Élection de Michel Sleiman (2008)

  • Contexte politique : Cette élection a eu lieu dans le cadre de l’accord de Doha, mettant fin à une crise politique de 18 mois.
  • Résultat : Michel Sleiman, commandant en chef de l’armée à l’époque, a été élu par consensus avec 118 voix sur 127.
  • Soutiens clés : Il a été soutenu par toutes les grandes factions, y compris le 14 Mars (anti-syrien) et le 8 Mars (pro-syrien).
  • Durée de la vacance présidentielle : Six mois (novembre 2007 à mai 2008).

Élection d’Émile Lahoud (1998)

  • Contexte : L’élection d’Émile Lahoud a eu lieu dans une période d’hégémonie syrienne au Liban.
  • Résultat : Il a été élu avec une large majorité grâce au soutien de Damas, après une modification constitutionnelle permettant à un chef de l’armée de devenir président sans attendre la fin d’un délai de deux ans après sa fonction militaire.

Élection d’Elias Hrawi (1989)

  • Contexte : Élias Hrawi a été élu dans le cadre de l’accord de Taëf, mettant fin à la guerre civile libanaise.
  • Résultat : Il a été élu rapidement après l’assassinat du président René Moawad, avec le soutien des forces syriennes présentes au Liban.
  • Importance : Cette élection a marqué une nouvelle ère politique avec des réformes constitutionnelles importantes issues de l’accord de Taëf.
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Newsdesk Libnanews
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