Liban: 2015, signature des Nouveaux Accords du Caire

413
Yasser Arafat en compagnie du Général Emile Boustani lors de la signature des Accords du Caire en 1969 sous le portrait de Gamal Nasser.
 
Hier le Liban a été heureux de retrouver ses fils disparus depuis 18 mois, mais à quel prix?
La joie des familles des soldats kidnappés par Al Nosra est gâchée par la Signature de nouveaux accords du Caire avec cette même organisation. Le Liban a une nouvelle fois capitulé et mis en péril sa souveraineté avec l’abandon des poursuites judiciaires à l’encontre de terroristes, l’abandon du contrôle d’une partie de son territoire déclarée “zone sûre” et où pourtant opèrent Al Nosra et Daech, l’abandon de 4 millions de citoyens et un grand saut dans l’inconnu, alors qu’on avait déjà commis cette erreur qui a conduit à la guerre fratricide de 1975.
 
Nous n’avons une nouvelle fois rien appris de notre passé. Il ne s’agit que d’une répétition de ces fameux accords qui stipulaient certains points qu’on retrouve aujourd’hui, comme celui permettant les facilités de passage pour les fedayine, la délimitation des points de passage et de reconnaissance dans les régions frontalières, l’assurance de la sécurité de la route jusqu’à la région de l’Arkoub par les FAL (Forces Armées Libanaises). L’Armée Libanaise était également invitée à offrir des facilités aux centres hospitaliers ainsi qu’aux positions de repli et de ravitaillement des fedayine, à libérer des prisonniers et à leur remettre des armes saisies.
 
Aujourd’hui l’accord signé avec Al Nosra et qui a permis la libération de nos soldats accorde malheureusement certains droits identiques à cette organisation. Nous avons ainsi pu apprendre par une personne en charge des négociations, que désormais un corridor humanitaire entre le campement de réfugiés syriens et le jurd de Ersal, sera ouvert de manière permanente. Pire encore, le Liban s’engage à assurer une aide humanitaire mensuelle aux réfugiés, prodiguer les soins aux blessés civils qui ne peuvent pas se rendre dans les hôpitaux sur une liste établie par Al-Nosra.
 
La libération de détenus (islamistes) par les autorités libanaises qui pourront rester au Liban, sans que la justice libanaise ne puisse engager des poursuites quelconques contre eux contre eux. Dernier point et non des moindres, la déclaration comme “région sûre” de la zone de Wadi Hmayed dans ce même jurd de Aarsal comme si ces groupuscules n’y étaient pas présents.
 
L’établissement d’une zone « déclarée comme sûre » est un abandon de notre souveraineté nationale. Le Liban a perdu le contrôle de plus de 400 kilomètres carrés de son territoire, passés entre les mains de groupes non-libanais comme ce fut le cas en 1969 pour le Sud Liban et l’OLP. Faut-il également rappeler qu’Al Nosra n’est autre qu’une franchise d’Al Qaida, sans même évoquer la présence de Daech dans cette zone? Nous avons donc négocié avec des terroristes dont la seule idéologie, la plus exécrable idéologie constitue déjà un déni de l’existence même de l’Etat Libanais et des minorités du Pays des Cèdres.
Par ailleurs, l’ouverture d’un corridor humanitaire entre le Jurd d’Aarsal et les des camps de réfugiés n’est pas sans également rappeler l’autre point des accords du Caire. En dépit des points de contrôles, promis d’être même nombreux, il existe une véritable base arrière de ces islamistes au Liban, désormais même protégés par l’Armée Libanaise.
 
Le Liban a également capitulé au niveau judiciaire, en acceptant une sorte d’amnistie-amnésie des délits commis à l’encontre de ses ressortissants, un viol du sang déjà versé par ces personnes. La libération des détenus islamiques qui pourraient rester au Liban sans qu’aucune charge ou que l’Etat ne puisse les poursuivre devant ses tribunaux, est une honte. Aurait-on déjà oublié le sang des nombreux soldats qui ont eu le tord de se faire tuer au combat au lieu de se laisser prendre? Les criminels pourront ainsi être libres de tout mouvement avec leurs mains pleines de sang.
 
Quelles sont les mesures de sécurité prises, non pas à court terme, mais à long terme? Qu’est ce qui empêcheront les camps de réfugiés syriens de devenir, à l’instar des camps palestiniens de nouvelles zones de non-droit ou se réfugieront les criminels notoires, coupables de crimes à l’encontre de la Nation? Chat échaudé que nous sommes craint désormais l’eau. Les expérimentations passées n’ont guère été concluantes avec la guerre fratricide qui a endeuillé beaucoup de nos familles.
 
L’Etat Libanais a donc une nouvelle fois mis son existence même en péril avec la conclusion d’un mauvais accord dont on ne connait pas encore le nom. Les autorités Libanaises ont prouvé une nouvelle fois ne pas avoir de vision d’avenir et de ne rien avoir appris du passé, un passé trouble mais riche des leçons de ce qu’il fallait éviter et qu’on répète malheureusement.
 
Errare Humanum est, perseverare diabolicum.

Un commentaire?