dimanche, avril 27, 2025

Les derniers articles

Articles liés

Liban-Syrie : l’armée libanaise intervient à la frontière

- Advertisement -

Une série d’affrontements à la frontière entre le Liban et la Syrie, dans la région de Hawsh al-Sayyed Ali, a poussé l’armée libanaise à intervenir mercredi pour sécuriser cette zone volatile, après des jours de tensions marquées par des incursions syriennes et des violences entre clans locaux et forces militaires. Le président Joseph Aoun a insisté sur la nécessité de consolider le cessez-le-feu et de contrôler la frontière, selon une déclaration de la présidence publiée ce mercredi. Cette opération intervient alors que des supporters du Hezbollah ont accusé les troupes libanaises de trahison, soulignant les divisions internes dans un pays confronté à une crise sécuritaire croissante.

Depuis dimanche soir, les heurts dans cette ville frontalière, qui chevauche le Liban et la Syrie, ont fait au moins sept morts et 52 blessés, selon le ministère libanais de la Santé. Ces violences, déclenchées par l’assassinat de trois soldats syriens attribué par les nouvelles autorités de Damas au Hezbollah – une accusation que ce dernier rejette – ont conduit à une incursion militaire syrienne dans la partie libanaise de Hawsh al-Sayyed Ali, exacerbant une situation déjà tendue dans une région marquée par la contrebande et les rivalités communautaires.

Une intervention militaire pour restaurer l’ordre

Mercredi 19 mars 2025, l’armée libanaise a pénétré dans la partie libanaise de Hawsh al-Sayyed Ali, une ville située dans la région de Hermel, près de la frontière nord-est avec la Syrie. Selon des rapports médiatiques, 60 véhicules militaires ont été déployés dans la ville, accompagnés de points de contrôle sécuritaires et militaires pour renforcer la présence de l’armée. Cette intervention fait suite au retrait des forces syriennes qui avaient effectué une incursion de cinq kilomètres dans la partie libanaise à 2 heures du matin mardi, avant de poursuivre leur avance dans la matinée.

Le maire libanais de la ville, Ali Nassereddine, a rapporté que les forces syriennes, appartenant à la nouvelle administration de Damas, avaient occupé une école publique libanaise et déplacé plus de 500 familles après avoir incendié et pillé leurs maisons lors de leurs opérations. Les affrontements, qui ont repris dans la nuit de mardi à mercredi à Hawsh al-Sayyed Ali et dans la ville voisine d’Al-Mesherfeh, ont inclus des tirs d’obus syriens, dont un a atterri près d’un poste de contrôle de l’armée libanaise à l’entrée de la ville, provoquant une riposte militaire immédiate.

Le président Joseph Aoun a suivi la situation de près, s’entretenant par téléphone avec le commandant de l’armée, le général Rudolph Haykal, qui l’a informé des mesures prises pour rétablir le calme et la stabilité dans la région. Dans une déclaration officielle, Aoun a souligné l’urgence de « consolider le cessez-le-feu, stopper les attaques et contrôler la frontière », réaffirmant le rôle de l’armée comme garante de la sécurité nationale dans un contexte de tensions transfrontalières.

Origines des violences

Les affrontements ont éclaté dimanche soir après que les nouvelles autorités syriennes ont accusé le Hezbollah d’avoir enlevé trois de leurs soldats à Hawsh al-Sayyed Ali, côté libanais, avant de les exécuter. Le Hezbollah a nié toute implication dans cet incident. Une source sécuritaire libanaise a précisé que ces soldats avaient été tués dans le village libanais de Qasr par des hommes armés locaux impliqués dans des activités de contrebande, après quoi des forces syriennes ont tiré des obus sur le Liban en représailles. L’armée libanaise a indiqué avoir entrepris des « mesures sécuritaires exceptionnelles » et des « communications intensives » depuis dimanche soir, facilitant le retour des corps des trois soldats aux autorités syriennes.

Ces violences ont dégénéré en affrontements entre clans libanais et forces syriennes, exacerbés par l’incursion militaire de mardi. Le ministère libanais de la Santé a rapporté un bilan de sept morts et 52 blessés, reflétant l’intensité des combats dans une région où la frontière, longue de 375 kilomètres, reste poreuse et difficile à surveiller. Hawsh al-Sayyed Ali, située dans la province de Hermel qui compte environ 70 000 habitants sur 723 kilomètres carrés, est une zone rurale connue pour ses activités de contrebande et sa proximité avec la Syrie, ce qui en fait un point de friction récurrent.

Tensions avec les supporters du Hezbollah

L’entrée de l’armée libanaise dans Hawsh al-Sayyed Ali mercredi a suscité des réactions hostiles de la part de supporters du Hezbollah présents dans la ville. Une vidéo diffusée en ligne montre un groupe de personnes entourées d’hommes armés locaux scandant des slogans en faveur de Sayyed Hassan Nasrallah, ancien chef du Hezbollah tué dans une frappe israélienne en septembre 2024, lors du début d’une guerre totale contre le Liban. Ces individus ont qualifié les soldats libanais de « traîtres » et d’« agents israéliens », criant également « À ton service, Nasrallah ! » alors que les troupes déployaient leurs points de contrôle.

Cette confrontation met en lumière les divisions internes au Liban, où le Hezbollah conserve une influence significative malgré ses pertes lors du conflit avec Israël en 2024. Hermel, qui inclut Hawsh al-Sayyed Ali, est une région où le mouvement chiite bénéficie d’un soutien communautaire important, et l’intervention de l’armée dans une zone traditionnellement sous son contrôle a ravivé les tensions entre l’État et ses partisans. Le déploiement de 60 véhicules militaires vise à affirmer l’autorité de l’État, mais il risque d’aggraver les frictions avec les habitants locaux.

Efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu

Face à cette escalade, des efforts conjoints entre le Liban et la Syrie ont été entrepris pour désamorcer la crise. Lundi soir, le ministre libanais de la Défense, Michel Menassa, et son homologue syrien, Marhaf Abu Qasra, ont convenu par téléphone d’« instaurer un cessez-le-feu » et d’éviter une nouvelle escalade, selon une déclaration du ministère libanais de la Défense. L’accord inclut une « coordination et une coopération renforcées » entre les deux parties, comme l’a précisé un communiqué du ministère syrien de la Défense. Cette entente a permis le retrait des forces syriennes de Hawsh al-Sayyed Ali mercredi, ouvrant la voie à l’intervention de l’armée libanaise.

Le président Joseph Aoun avait déclaré lundi que l’armée répondrait à tout tir provenant de la Syrie, tout en demandant au ministre des Affaires étrangères, alors à Bruxelles pour une conférence des donateurs sur la Syrie, de contacter les responsables syriens pour résoudre le problème et prévenir une détérioration. Ces démarches diplomatiques, combinées à l’action militaire, reflètent une tentative de stabiliser une frontière volatile dans un contexte régional complexe.

Mesures sécuritaires renforcées

Outre son déploiement à Hawsh al-Sayyed Ali, l’armée libanaise a pris des mesures supplémentaires pour sécuriser la frontière. Un communiqué distinct publié mercredi annonce la fermeture de quatre passages illégaux : un dans la région d’Al-Qasr-Hermel et trois dans la zone de Macharih Al-Qaa près de Baalbek. Une autre déclaration indique que, suite à une coordination avec les autorités syriennes, les unités militaires ont commencé à effectuer des patrouilles et des mesures sécuritaires dans la région de Hermel, y compris à Hawsh al-Sayyed Ali, pour « maintenir la sécurité et préserver la stabilité ».

Ces fermetures visent à empêcher les infiltrations et la contrebande, des activités fréquentes dans cette zone frontalière de 375 kilomètres, où les passages officiels comme Jousiyeh sont rares. Par ailleurs, des agents du renseignement militaire ont récupéré les corps de deux citoyens libanais tués par des hommes armés syriens, transférés via le poste frontière de Jousiyeh en coordination avec la Sûreté générale et les autorités judiciaires libanaises, témoignant d’un effort pour gérer les retombées des violences.

Un Liban sous pression

Ces événements surviennent alors que le Liban tente de se relever d’un conflit dévastateur avec Israël en 2024, qui a coûté 14 milliards de dollars, dont 11 milliards nécessaires à la reconstruction, selon des estimations officielles. Le PIB du pays a chuté de près de 40 % depuis 2019, et la crise économique, avec une inflation dépassant les 200 % en 2024, limite les capacités de l’État à répondre aux défis sécuritaires. L’élection récente de Joseph Aoun à la présidence, après deux ans de vide politique, vise à restaurer une certaine stabilité, mais les tensions à la frontière avec la Syrie compliquent cette tâche.

La Syrie, sous un gouvernement intérimaire depuis la chute de Bachar el-Assad fin 2024, est elle-même en proie à des luttes internes, rendant la coordination avec le Liban plus difficile. Les affrontements à Hawsh al-Sayyed Ali, combinés aux accusations contre le Hezbollah, reflètent les rivalités communautaires et les enjeux transfrontaliers qui persistent dans cette région.

Une situation fragile

En ce 19 mars 2025, l’intervention de l’armée libanaise à Hawsh al-Sayyed Ali, soutenue par 60 véhicules et des points de contrôle, marque une tentative de reprendre le contrôle d’une frontière sous tension. Les efforts pour consolider le cessez-le-feu, comme l’a souligné Joseph Aoun, et les mesures pour fermer les passages illégaux visent à stabiliser une zone où les combats entre clans libanais et forces syriennes ont coûté des vies et déplacé des centaines de familles. Dans un Liban fragilisé, cette opération illustre les défis d’un État cherchant à affirmer son autorité face aux pressions internes et externes.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi