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Perspective: évaluation critique de la performance des banques libanaises en 2024

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En 2024, les banques libanaises ont continué de refléter les symptômes d’une économie paralysée par une crise systémique et une gouvernance inefficace. Loin de jouer leur rôle de soutien à la relance, ces institutions restent des fardeaux économiques, minées par des bilans toxiques, une érosion massive de la confiance, et l’absence de réformes significatives. La situation actuelle soulève des interrogations sur leur viabilité à moyen terme et leur capacité à contribuer à une éventuelle reprise.

une liquidité étranglée par des choix politiques désastreux

La liquidité bancaire, élément clé du fonctionnement des institutions financières, a continué de s’éroder en 2024. Les liquidités détenues à l’étranger, autrefois un atout pour les banques libanaises, ont chuté à 4,15 milliards USD, soit une diminution de près de 50 % depuis 2020. Cette détérioration est le résultat d’un mélange toxique de retraits massifs de capitaux, de restrictions imposées sur les retraits en devises, et d’une dollarisation anarchique de l’économie.

Tableau 1 : Évolution des liquidités bancaires à l’étranger (2020-2024, en milliards USD)

Année20202021202220232024
Liquidités8,36,15,24,464,15

Cette chute ne reflète pas seulement une crise de liquidité, mais également une perte totale de confiance dans le système bancaire libanais. Les politiques incohérentes et le manque de transparence ont transformé ce qui aurait pu être une gestion de crise en une destruction systémique de l’intermédiation financière.

la base de dépôts : symbole d’une confiance brisée

La dégradation de la base de dépôts des banques est un autre indicateur frappant de leur déclin. En 2024, les dépôts en livres libanaises ont été particulièrement touchés, leur valeur étant réduite à néant par l’inflation galopante et la dévaluation continue de la monnaie.

  • Dépôts en devises étrangères : Bien qu’en apparence stables, ces dépôts sont largement bloqués, limitant leur rôle dans le soutien économique.
  • Dépôts en livres libanaises : La réticence des ménages et des entreprises à maintenir des fonds dans le système bancaire reflète une méfiance profonde à l’égard des politiques monétaires et fiscales.

des bilans toxiques qui paralysent les banques

Les banques libanaises restent prisonnières d’une montagne d’actifs toxiques. Les obligations souveraines, représentant 70 milliards USD, dominent leurs bilans et constituent un obstacle majeur à leur redressement. La valeur de ces obligations est pratiquement nulle sur le marché international, rendant leur maintien dans les bilans des banques purement symbolique.

Tableau 2 : Structure des actifs bancaires en 2024 (en milliards USD)

CatégorieValeur estimée
Obligations souveraines70,0
Prêts aux entreprises15,3
Prêts aux particuliers7,8
Liquidités disponibles4,15

La situation est aggravée par une absence totale de stratégie de restructuration. Les propositions de recapitalisation et de réduction de la dette publique, pourtant essentielles, sont bloquées par des intérêts politiques divergents et une gouvernance inefficace.

les promesses de réformes : un mirage persistant

Depuis 2019, les autorités libanaises ont multiplié les annonces de réformes bancaires, sans qu’aucune ne soit mise en œuvre. En 2024, cette inertie continue d’aggraver la situation :

  • Recapitalisation insuffisante : Les banques peinent à respecter les exigences minimales de fonds propres, les rendant vulnérables à de nouveaux chocs.
  • Absence de mécanismes de résolution : Aucun cadre légal clair n’existe pour traiter les faillites bancaires ou restructurer les institutions insolvables.
  • Manque de transparence : Les pratiques opaques des banques ont empêché les déposants et les investisseurs d’avoir une vision claire de leur solvabilité réelle.

un secteur bancaire en faillite fonctionnelle

En 2024, les banques libanaises ont cessé de jouer leur rôle économique fondamental. Au lieu de canaliser l’épargne vers l’investissement productif, elles sont devenues des entités stagnantes, bloquées dans une spirale de pertes et de méfiance. Le maintien de ces institutions dans leur forme actuelle n’est plus tenable, et leur restructuration est une condition préalable à toute reprise économique.

perspectives : réformes ou effondrement ?

Le secteur bancaire libanais est à un point de bascule. Sans une restructuration radicale et immédiate, incluant la réduction des actifs toxiques, une recapitalisation massive et une réforme réglementaire, les banques risquent de devenir un poids mort pour l’économie. Les décideurs doivent choisir entre une réforme courageuse ou une poursuite du statu quo, avec des conséquences désastreuses à long terme.

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