Fondée en 1875, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) fêtera ses 150 ans en 2025. Le 20 septembre, l’année des célébrations a été officiellement lancée. Elle sera ponctuée de divers événements sur lesquels Libnanews aura l’occasion de revenir.
Malgré un contexte sécuritaire compliqué – marqué par une intensification des attaques israéliennes ciblant des responsables et des positions du Hezbollah –, la direction de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ) a décidé de maintenir le « lancement de l’année des 150 ans de l’université » et « l’inauguration du Hall des donateurs », ce 20 septembre, en signe de « résistance ».
Après avoir observé une minute de silence à la mémoire des victimes de ces derniers jours (près de 90 morts, plus de 3000 blessés, une dizaine de disparus, depuis le 17 septembre) et écouté l’hymne national et celui de l’USJ, le recteur, Salim Daccache, sj, s’est adressé à plus de 200 participants. Dans une allocution très applaudie, il a rendu hommage aux fondateurs de ce phare des savoirs et exprimé sa gratitude envers le corps enseignant, les étudiants, et les donateurs. Grâce à ces derniers, en effet, l’USJ peut continuer sa mission, permettant notamment à des patients démunis d’être pris en charge dans les hôpitaux du réseau Hôtel-Dieu de France – USJ et à des étudiants en difficultés de poursuivre leur formation.
Les différents intervenants n’ont pas manqué de faire écho aux propos du P. Daccache. Ils ont également salué l’engagement des équipes médicales de l’Hôtel-Dieu – en la personne de son directeur, M. Nassib Nasr –, fortement mobilisées durant les événements tragiques de la semaine. Tous ont souligné la générosité des donateurs et l’espoir que représentent la jeunesse et l’éducation.
Des étudiants mobilisés et motivés. © Nathalie Duplan – Valérie Raulin
Inauguré en présence de l’ancien président de la République, M. Amine Gemayel, le Hall des donateurs témoigne de l’attachement de nombreuses personnes à ce temple de l’excellence qui forme, depuis un siècle et demi, des citoyens éclairés, fidèles aux valeurs de l’USJ.
D’autres événements rythmeront cette année de célébrations. Ils mettront en lumière, entre autres, les 150 ans de la Bibliothèque Orientale (BO), dirigée par M. Joseph Rustom, ou encore les 80 ans du Centre de Recherches et d’Études arabes (CREA), dirigée par Mme Carole Nehmé. Autant d’entités qui contribuent au rayonnement de l’USJ au Liban et à l’étranger.
3 questions au P. Salim Daccache, sj
L’USJ a 150 ans : quelle réflexion vous inspire cet anniversaire ?
150 ans : c’est significatif dans la vie d’une institution ! C’est une histoire pleine de réalisations, une histoire d’hommes et de femmes, de jésuites et de laïcs qui ont bâti cette université : une université de combats et de luttes. Par deux fois – lors de la Première Guerre mondiale et durant la guerre interne du Liban –, l’USJ a été à terre avec des bâtiments détruits et des ressources humaines perdues. Ce campus n’existait plus, la rue de Damas était dévastée. Aujourd’hui, plusieurs campus s’y dressent : celui des Sciences humaines, celui de l’innovation et du sport, ou encore le campus Charles Corm. Cette région est habitée par l’USJ.
À l’occasion de ces 150 ans, il faut aussi rendre hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont servi cette mission pour la promotion de la jeunesse libanaise.
Comment définiriez-vous la mission de l’USJ ?
La mission de l’USJ consiste à former les esprits et les cœurs d’hommes et de femmes compétents dans leurs domaines. Je pense que l’histoire l’a montré et démontré.
L’USJ est au service du Liban et œuvre à la restauration de l’État libanais, même si c’est compliqué en raison des vicissitudes de l’histoire, des changements, des mutations, des guerres et des problèmes. Aujourd’hui, plus que jamais, on mesure l’importance de l’État. L’USJ est engagée dans cette construction, car l’État libanais ce sont des hommes, des femmes, des citoyens.
Vous fêtez les 150 ans passés, mais quel défi attend l’USJ pour les 150 ans à venir ?
La continuité, car il s’agira toujours de lutter. Je ne pense pas que l’avenir sera moins lourd que ce que nous vivons aujourd’hui. Nous devrons donc être toujours prêts et solides dans la lutte.