Le Mouvement islamique «Ahrar Al Sham»: Le rôle pivot des Saoudiens

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En partenariat avec Al Madaniya – Par l’Institut scandinave des droits de l’homme

Une étude interne de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme (SIHR) sur Le Mouvement islamique «Ahrar Al Sham» «Les hommes libres du Levant).

Adaptation en version française par René Naba, directeur du site www.madaniya.info

II- Le rôle pivot des Saoudiens au sein d’Ahrar Al Sham

Al Qaida a même autorisé d’autres groupements de tendance proche des Frères Musulmans et d’autres proches de la Turquie à disposer d’une forte présence dans l’organigramme d’Ahrar Al Sham. Mais cette présence étrangère dans la hiérarchie du commandement n’a pas modifié pour autant la nature de la relation d’Ahrar Al Sham avec les Syriens.

Les estimations internes au groupement évaluent à 800 le nombre de Saoudiens opérant sous la bannière d’Ahrar Al Sham, avant que Jabhat An Nosra et Da’ech ne lui ravissent la vedette, conduisant près de 50 pour cent des Saoudiens à déserter ses rangs au profit des deux autres organisations.

Ahrar Al Sham est l’un des rares groupements à avoir ouvert très tôt ses bras aux combattants étrangers, dès les premiers mois du soulèvement syrien, bien avant Jabhat An Nosra et Da’ech. La présence saoudienne a été entourée du plus grand secret afin que leur identité ne doit pas révélée. L’identité des combattants étrangers n’est révélée qu’ leur décès.

La mission des Saoudiens ne se limite pas au domaine de l’entraînement et de l’orientation, comme certains se plaisent à le croire. Ils occupent des positions de commandement, notamment sur le plan militaire, judiciaire et législatif et font preuve d’un très grand volontarisme dans les missions d’immersion derrière les lignes ennemies et les opérations suicides.

A- Cheikh Osmane Al Nazeh, Al Bitar Al Najdi, Abou Mansour Al Jazrawi et Obeida Al Jazrawi.

L’un des plus célèbres saoudiens d’Ahrar Al Sham est Cheikh Osmane Al Nazeh, en charge de l’enseignement. Ayant rompu avec Ahrar Al Sham, il a rallié Da’ech et a trouvé la mort dans la bataille d’Ein Al Arab (Kobbané).

Parmi les autres saoudiens célèbres d’Ahrar figurent Mahmoud Al Jazrawi, jurisconsulte de la ville d’A’zaz (Nord-Alep), Abou Mansour Al Jazrawi, responsable militaire de Hadarat (Nord-Alep), de même que Abdallah Al Najdi qui occupe un poste important dans le domaine de l’interprétation de la Charia.

Le saoudien Al Bitar Al Najdi est considéré comme un des saoudiens les plus importants responsables d’Ahrar Al Sham, très actif sur les réseaux sociaux notamment twitter, de même qu’Abou Obeida Al Jazrawi, haut responsable dans le domaine de l’information, de la législation et de l’interprétation de la jurisprudence.

Cheikh Mosleh Al Alayni voue une très grande proximité à Ahrar Al Sham quoi qu’il s’en défende, se présentant comme «indépendant de toutes les factions». Il est pourtant apparu sur une vidéo exhortant les combattants d’ Ahrar Al Sham en prélude aux bombardements des civils de Lattaquieh à l’aide de missiles.

B – Cheikh Abdallah Al Mouheyssine et les camps d’entraînement des Saoudiens en Syrie.

Les plus importants camps d’entraînement des combattants saoudiens se situent à «Akkedi Al Azm» (Les Déterminés), à la périphérie nord de Homs, où les sessions intensives d »entraînement militaires sont couplés avec de cours de Charia, identiques aux cycles de formation de Da’ech et de Jabhat An Nosra.

Le cheikh saoudien Abdallah Al Mouheyssine est à l’origine de l’aménagement de trois camps d’entraînement et d’endoctrinement à l’intention des combattants étrangers: Al Farouk», «Al Bitar» et «Al Ghorba».

Ahrar Al Sham a emprunté à Al Qaida l’usage concernant l’attribution de pseudonyme aux combattants saoudiens, en leur affectant des noms faisant référence à leur origine géographiques «Al Najdi», originaire de la province du Najd, dans une démarche qui révèle leur refus de reconnaître la légitimité du pouvoir d’Al Saoud et de reconnaître la décision de la dynastie wahhabite de donner son propre nom au Royaume;

En 2015, des dizaines de combattants saoudiens d’Ahrar Al Sham ont été tués dans les batailles que ce mouvement a livrées. Parmi les plus célèbres tués saoudiens figurent:

  • Mohammad Al Toueydjiri, responsable militaire de la périphérie d’Idlib et chef du bataillon «Les petits fils d’Ali»
  • Abdel Rahman Al Khodeir (alias Abou Badr Al Najdi), tué à la bataille d’Al Fouh’a.
  • Ibrahim Al Yahya (Abou Saleh Al Najdi), un des jurisconsultes des bataillons «Les petits fils d’Ali», tué dans le sud d’Idlib.
  • Abou Hamza Al Najdi (de son vrai nom Hani Abdel Kawi Al Lahham), un des responsables du bataillon «Al Forqane».
  • Abu Mouss’aab Al Jazrawi (de son vrai nom Khaled Al Barki) tué dans une opération suicide sur le barrage Al Sourmaniyeh
  • Abou Assyl Al Jazrawi, tué par Jabhat An Nosra dans le secteur d’Idblib à la suite d’une rixe sur un barrage.

Bien mieux: Ahrar Al Sham est en charge de la préparation des commandos suicide et du conditionnement des candidats, y compris ceux appartenant à d’autres groupements. Cela a été le cas d’Eid Al Oteibi (alias Abou Salem Al Zouki). Affilié à Jabhat An Nosra, c’est néanmoins Ahrar Al Sham qui avait équipé d’explosifs son véhicule, réglant même l’achat de la voiture. L’homme s’est livré à son opération suicide dans la plaine d’Al Ghab dans la périphérie de Damas, en Avril 2015.

ReneNaba
René Naba | Journaliste, Ecrivain Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opéré pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expérience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a été la première personne d’origine arabe à exercer, bien avant la diversité, des responsabilités journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.

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