Ehden: A l’occasion de l’exposition organisée à Al Kobra, Ehden, par le comité culturel de la Municipalité de Zgharta-Ehden en hommage à l’illustre peintre Zghortiote Saliba Douaihy, et intitulée « Dédicace à L’artiste Saliba Douaihy, et à son esprit qui vit en nous », vingt artistes Libanais ont été invité à réaliser des créations d’art en s’inspirant des œuvres vivantes des différentes étapes de vie du peintre.
Suite à la demande du comité, Yasmine Jeitani, une jeune peintre, y a déposé sa touche à travers une création contemporaine en métal peint en forme de « A », en référence à l’hommage qu’elle offre « A Saliba » et qui démontre un talent exceptionnel.
De dos, de face, de profil, en surplomb, Yasmin a donné à voir de savantes compositions où la créativité le dispute à la beauté. Les couleurs se croisent et se décroisent, se chevauchent, semblent se recouvrir avant de s’effacer et de dévoiler grâce à un subtil jeu d’enchevêtrement une mise en abîme qui oblige l’œil à déconstruire l’œuvre pour en saisir la narration complexe.
A l’instar de son aîné Zghortiote, décédé en 1994, Yasmin voit dans la maîtrise des couleurs sur un fond métallique, un art à part entière, qui requiert une technicité particulière afin d’aboutir à un monument de sobriété. Son œuvre, inspirée du « style Douaihy » exprime de brusques découpes mais aussi une libération de toute facture conventionnelle- Serait-ce une coïncidence qu’elle porte le même prénom que sa fille ?
C’est un travail de la ligne et de la forme. Ce sont de vastes plages mais aussi peut être des formes géométriques plates qui sont délimitées par d’étroites et de larges bans de bandes colorées.
« Rendre hommage à un artiste comme Saliba Douaihy, n’est pas un travail nécessairement facile, pas seulement à cause de sa valeur en tant qu’artiste de niveau international, mais surtout à cause du fait que c’est un geste simple, émanant du cœur, et qui démontre une démarche artistique très spéciale » précise Yasmin.
En effet, l’œuvre qu’elle présente, semble être une destruction des œuvres de Saliba par la couleur et la ligne, mais une destruction ayant surtout pour but de reconstruire et de créer un stéréoscopique en trois dimensions qui résume le minimalisme de Saliba.
Automatiste, coloriste, muraliste, nouvelliste, sont autant de termes qu’on a employés pour tenter de cerner Yasmin et ses œuvres. Diplômée de l’École Libanaise des Beaux-Arts -ALBA, sa démarche a initialement emprunté le style figuratif, même académique. Mais le surréalisme s’est forcé un chemin dans ses œuvres, et « ce surréalisme m’aidait à mettre en place mes idées sur les aspects de la société libanaise » comme elle l’explique.
« Mais au fur et à mesure que je me suis épanouie, je me sentais de plus en plus portée à abandonner le stade figuratif pour un stade un peu plus dépouillé et simplifié. Etant persuadée que le passage du concret à l’abstrait et de l’individuel à l’universel est une contrainte dont l’artiste ne pouvait se dispenser, mon travail est devenu centré sur « la destruction du figuratif par l’abstraction » elle ajoute.
Exigeante et influencée par toute forme d’art, elle a participé à de nombreuses expositions nationales et tient à se démarquer des stéréotypes couramment admis sur l’« art Libanais ».
Eco-artiste, elle se sent surtout globalement concernée par les enjeux environnementaux. « Les échecs flagrants des autorités politiques à combattre la crise sociale et environnementale renforcent ma détermination à agir sur les consciences et à changer les mentalités », elle explique. Par métaphores et images fortes, via l’émotion et la matière, ses œuvres abordent l’écologie autrement et ont pour objectif de sensibiliser les gens à l’impact de leur consommation sur l’environnement.