Le président français Emmanuel Macron a entamé, ce vendredi 17 janvier 2025, une visite stratégique au Liban, marquant une étape majeure dans l’engagement français auprès de ce pays en crise. Cette visite, largement relayée par les médias, dont Al Sharq Al Awsat et An Nahar, intervient dans un contexte politique, économique et social délicat. L’objectif principal est de relancer les réformes tant attendues, tout en affirmant le rôle de la France comme partenaire clé du Liban.
Une visite dans un contexte de crise profonde
Depuis l’élection récente du président libanais Joseph Aoun et la désignation de N. Salam comme Premier ministre, les attentes internationales se concentrent sur la mise en place d’un gouvernement capable de répondre aux défis structurels. Comme le souligne Al Akhbar (17 janvier 2025), cette transition politique est perçue comme une opportunité unique pour relancer les institutions étatiques. Toutefois, le Liban reste paralysé par un système confessionnel complexe, marqué par des rivalités politiques et une corruption endémique.
Le contexte économique ne fait qu’aggraver la situation. Selon Ad Diyar (17 janvier 2025), la livre libanaise continue de s’effondrer, plongeant une grande partie de la population dans la précarité. L’effondrement des services publics, la crise énergétique et l’incapacité à répondre aux besoins fondamentaux rendent l’intervention internationale plus urgente que jamais.
Depuis la conférence CEDRE en 2018, où des partenaires internationaux avaient promis plus de 11 milliards de dollars d’aides conditionnées à des réformes, les progrès ont été extrêmement limités. Le Liban, empêtré dans un système confessionnel rigide et paralysé par des conflits d’intérêts internes, n’a pas su répondre aux attentes internationales. Les crises successives, notamment l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, ont exacerbé les difficultés économiques et sociales, faisant plonger une grande partie de la population dans la pauvreté.
Une assistance française historique et conditionnelle
La France, acteur clé du soutien international au Liban, a multiplié les initiatives depuis 2020 pour aider le pays à se relever. Emmanuel Macron s’était rendu à Beyrouth deux fois après l’explosion du port, engageant Paris à fournir une aide humanitaire d’urgence tout en appelant à des réformes rapides. Toutefois, les efforts français ont souvent été contrecarrés par l’inertie politique locale et l’incapacité des dirigeants libanais à mettre en œuvre les changements nécessaires.
La conférence CEDRE reste emblématique de ces blocages. À ce jour, les fonds promis n’ont pas été débloqués en raison de l’absence de réformes structurelles, notamment dans des secteurs comme l’électricité, la gestion des déchets et la transparence budgétaire. Le rapport de Al Akhbar (17 janvier 2025) souligne que l’insistance des partenaires internationaux sur ces réformes reste un point de friction majeur avec les acteurs politiques locaux.
Des enquêtes françaises sur des détournements de fonds
Parallèlement, des enquêtes en cours en France ont révélé des soupçons de détournement de fonds concernant des aides destinées au Liban. Comme le rapporte Al Joumhouriyat (17 janvier 2025), ces investigations visent à identifier des flux financiers illégaux liés à des figures politiques libanaises accusées de corruption. Ces révélations alimentent la méfiance des partenaires internationaux et renforcent leur exigence de transparence. Emmanuel Macron, lors de sa visite, a rappelé que l’aide française et internationale ne peut être efficace que si elle est accompagnée d’un engagement clair pour une gouvernance responsable.
Les attentes françaises pour des réformes structurelles
La France conditionne son soutien à une série de réformes clés. Parmi les priorités évoquées dans Al Sharq (17 janvier 2025) figurent la réforme judiciaire, essentielle pour garantir une indépendance réelle, et la lutte contre la corruption. L’utilisation des fonds publics, en particulier ceux destinés à la reconstruction du port de Beyrouth, doit être transparente et supervisée. Emmanuel Macron, cité dans Nida’ Al Watan (17 janvier 2025), a rappelé que la restauration de la confiance des investisseurs passe par une gouvernance efficace et responsable.
Sur le plan institutionnel, la mise en œuvre des engagements internationaux, notamment la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, reste cruciale. Comme le souligne Al Joumhouriyat (17 janvier 2025), la communauté internationale insiste sur le déploiement des forces armées libanaises dans le sud du pays pour garantir la stabilité régionale.
Les attentes libanaises : un soutien concret
Le Liban espère des annonces concrètes de la part de Paris, notamment en matière de financement international. Comme mentionné dans An Nahar (17 janvier 2025), le gouvernement compte sur la France pour débloquer les discussions avec le Fonds monétaire international, suspendues en raison de l’absence de réformes claires. Emmanuel Macron, soutenu par des partenaires comme l’Arabie Saoudite, entend mobiliser les institutions financières internationales pour aider le Liban à sortir de son marasme économique.
Les blocages politiques internes : un défi majeur
Les obstacles à la formation d’un gouvernement inclusif constituent un frein important. Al Liwa’ (17 janvier 2025) rapporte que les tensions entre le duo chiite Amal-Hezbollah et les autres blocs politiques retardent les négociations. La répartition des portefeuilles ministériels, notamment ceux des Finances et de la Justice, reste une source de désaccord majeur. Par ailleurs, Al Bina’ (17 janvier 2025) souligne que la méfiance populaire envers la classe dirigeante complique davantage les efforts pour rétablir la stabilité.
Un rôle stratégique pour la France dans la région
Cette visite reflète également une volonté française de renforcer son influence au Moyen-Orient. Face à une compétition croissante entre les États-Unis, la Russie et la Chine, Paris cherche à jouer un rôle clé, en particulier en s’appuyant sur son histoire commune avec le Liban. Selon Al Sharq Al Awsat, la coordination avec des partenaires comme l’Arabie Saoudite est cruciale pour éviter une nouvelle crise institutionnelle.
Perspectives et implications
Malgré ces défis, la visite d’Emmanuel Macron pourrait marquer un tournant décisif. Comme le rapporte Ad Diyar, un soutien conditionné à des réformes réelles pourrait aider le Liban à relancer ses institutions et son économie. Toutefois, le succès de cette initiative dépendra de la capacité des dirigeants libanais à dépasser leurs divisions et à agir dans l’intérêt national.