L’identité est une question complexe et multidimensionnelle qui interpelle de nombreux penseurs et artistes à travers le monde. Au Liban, cette exploration prend une dimension particulièrement poignante, où la diversité religieuse et culturelle enrichit et complique la compréhension de soi. Cette réflexion est magnifiquement illustrée par l’œuvre de Roda Fawaz, l’analyse philosophique de Paul Audi dans « Troublante Identité », et les réflexions littéraires d’Amin Maalouf dans « Les Identités Meurtrières ». Ensemble, ces perspectives montrent comment la fixité de l’identité peut être une aliénation et comment l’identité est en devenir, un dépassement de soi.

Roda Fawaz : L’Exploration de l’Identité Humaine au Théâtre Monot

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Roda Fawaz, artiste libanais, offre une exploration poignante de l’identité humaine à travers son spectacle au théâtre Monot à Beyrouth. Il aborde les thèmes de la religion, du nationalisme et des constructions sociales qui définissent souvent notre perception de nous-mêmes et des autres. Par des récits personnels et des anecdotes captivantes, Fawaz démonte les étiquettes imposées par la société, révélant comment ces identités peuvent à la fois unir et diviser. Il ne propose pas de réponses simplistes, mais invite plutôt le public à réfléchir sur les implications profondes de ces identités préconçues. Pour Fawaz, l’identité religieuse et nationale doit être une source de diversité et de compréhension mutuelle plutôt qu’une barrière.

Paul Audi : Troublante Identité

Dans son ouvrage « Troublante Identité », Paul Audi explore les fondements de l’identité personnelle et collective avec une profondeur philosophique. Audi argue que l’identité ne peut être définie simplement par une liste de particularités. Il souligne que la singularité de chaque individu dépasse les catégories fixes et que nous devenons toujours plus que ce que nous sommes. Cette idée de l’identité en devenir suggère que l’identité est un processus dynamique, constamment influencé par nos expériences, nos relations et notre environnement. Audi met en garde contre la fixité de l’identité, qui peut devenir une forme d’aliénation, enfermant l’individu dans des catégories rigides et limitantes.

Amin Maalouf : Les Identités Meurtrières

Amin Maalouf, dans « Les Identités Meurtrières », examine comment les identités individuelles et collectives peuvent être instrumentalisées de manière destructrice. Il montre que les identités rigides et exclusives peuvent conduire à la violence et au conflit. Maalouf plaide pour une compréhension plus fluide et inclusive de l’identité, où chaque individu peut embrasser la multiplicité de ses appartenances sans se sentir déchiré. Pour Maalouf, l’identité est une construction en devenir, enrichie par la diversité des expériences et des influences culturelles.

La Fixité de l’Identité comme Aliénation

La fixité de l’identité peut devenir une forme d’aliénation, limitant la capacité de l’individu à évoluer et à se réaliser pleinement. Lorsque l’identité est définie de manière rigide par des facteurs externes comme la religion ou la nationalité, elle peut devenir une prison qui empêche l’individu de se voir dans toute sa complexité. Cette aliénation est particulièrement visible dans des contextes où les identités confessionnelles et nationales sont fortement politisées, comme au Liban. Les travaux de Fawaz, Audi et Maalouf montrent tous que la rigidité des identités peut exacerber les divisions et les conflits, empêchant la formation d’une société harmonieuse et inclusive.

L’Identité en Devenir : Un Dépassement de Soi

En contraste avec la fixité, l’idée d’une identité en devenir offre une perspective plus dynamique et libératrice. Elle reconnaît que l’identité est un processus continu de transformation et de dépassement de soi. Cette vision encourage les individus à embrasser le changement et la diversité, à se réinventer constamment et à dépasser les limitations imposées par les catégories sociales. Roda Fawaz, par son art, incite à une réflexion profonde sur l’identité humaine, libérée des constructions artificielles. Paul Audi, par sa philosophie, éclaire les aspects métaphysiques de l’identité en devenir. Amin Maalouf, par sa littérature, appelle à une identité inclusive et fluide.

Un Point Commun Libanais

Il est révélateur que ce soit trois personnes d’origines libanaises qui posent la question de l’identité. Le Liban, pays marqué par une riche diversité culturelle, religieuse et linguistique, offre un terreau fertile pour la réflexion sur l’identité. Cette diversité, bien que source de richesse, a aussi conduit à des tensions et des conflits. Roda Fawaz, Paul Audi et Amin Maalouf, chacun à leur manière, abordent la question de l’identité à partir de leurs expériences et observations de la société libanaise, offrant ainsi des perspectives profondément ancrées dans une réalité complexe et souvent paradoxale.

Conclusion

L’exploration de l’identité par Roda Fawaz, Paul Audi et Amin Maalouf révèle la complexité et la profondeur de cette question. En montrant les dangers de la fixité de l’identité et en soulignant l’importance d’une identité en devenir, ils nous invitent à une compréhension plus nuancée et inclusive de nous-mêmes et des autres. Leur travail nous encourage à dépasser les barrières de la religion, du nationalisme et des constructions sociales, pour embrasser une identité façonnée par l’amour, la compréhension mutuelle et la quête de vérité et d’harmonie.

Bernard Raymond Jabre 

Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre, Etudes scolaires à Jamhour puis à l’Ecole Gerson à Paris, continua ses études d’économie et de gestion licence et maitrise à Paris -Dauphine où il se spécialise dans le Master « Marchés Financiers Internationaux et Gestion des Risques » de l’Université de Paris - Dauphine 1989. Par la suite , Il se spécialise dans la gestion des risques des dérivés des marchés actions notamment dans les obligations convertibles en actions et le marché des options chez Morgan Stanley Londres 1988 , et à la société de Bourse Fauchier- Magnan - Paris 1989 à 1991, puis il revint au Liban en 1992 pour aider à reconstruire l’affaire familiale la Brasserie Almaza qu’il dirigea 11 ans , puis il fonda en 2003 une société de gestion Aleph Asset Management dont il est actionnaire à 100% analyste et gérant de portefeuille , de trésorerie et de risques financiers internationaux jusqu’à nos jours.