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Préparation de la journée de la Francophonie au Lycée Français Charles de Gaulle à Damas qui se déroulera Jeudi 28 avril

Nantaise et engagée, je vis au Liban depuis août 2006. Fidèle à ma famille politique depuis 1988, j’ai milité à Nantes, à Paris puis au Liban. Je parcours ainsi le Liban depuis près de dix ans à la rencontre de nos compatriotes, pour défendre leurs droits et essayer de résoudre leurs problèmes et plus généralement d’améliorer leur quotidien. Depuis 2012, j’ai l’honneur d’être la suppléante du député de la 10ème circonscription des Français de l’étranger, Alain Marsaud. Et depuis 2014, je suis élue conseillère consulaire du Liban et de Syrie et conseillère à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour la zone Asie Centrale et Moyen-Orient.

Le mandat et la confiance que j’ai reçus, de la part des Français du Liban et de Syrie, m’engagent à cela malgré les choix diplomatiques de la France. Il reste aujourd’hui un peu plus de mille Français en Syrie dont la plupart réside dans le grand Damas. En 2011, la France a décidé de rompre tout lien diplomatique avec Bachar Al Assad et donc avec la Syrie, privant ainsi les ressortissants français de leur ambassade, leurs consulats, leurs instituts français et leurs lycées. Seul le lycée français Charles De Gaulle de Damas reste aujourd’hui ouvert grâce à la ténacité de certains parents d’élèves et le secours de nombreux professeurs. J’ai toujours considéré les Français de Syrie comme des citoyens à part entière. Vivre dans un pays en guerre ne doit en rien les priver de leurs droits et c’est pourquoi, depuis plus d’un an, je pars régulièrement à Damas rencontrer nos compatriotes. Je ne fais alors qu’exercer le mandat pour lequel j’ai été élue.

Le Patriarche grec catholique Laham disait lors du dernier week-end pascal lors de la messe où nous assistions avec une délégation de français à Damas : « Nous pensons aux réfugiés tous les jours, Merci de les accueillir mais leur place est chez nous, ils peuvent vivre heureux en Syrie. » Je rejoins cette déclaration et je crois que l’Europe a fait une double erreur : la fausse lecture dès 2011 de la situation des évènements en Syrie et l’accueil à outrance des réfugiés en Europe. Nous payons cher et ce n’est que le début.
Mes visites régulières, souvent sous les obus, sont toujours d’intenses moments aux cotés de la communauté française. Parfois même, des moments de joie. Malgré la guerre, la vie continue. La soirée Beaujolais nouveau que j’ai organisée dans un restaurant de Damas pour une centaine de nos compatriotes est le merveilleux symbole de ces instants de bonheur partagé.

Cela ne doit en rien faire oublier la terrible guerre qui ravage la Syrie, et lors de mes nombreuses permanences à Damas, je traite de dossiers sociaux, scolaires et surtout humains et jamais de politique ou de diplomatie. Je n’ai jamais sollicité de rencontre avec les autorités centrales en place y compris bien évidemment durant le dernier week-end pascal. Mais j’écoute et je vois. Mes permanences durent six, sept, parfois huit 8 heures. Les larmes coulent sur les visages de nos compatriotes et parfois du mien ; comment rester insensible?J’ai vite compris que ma présence leur faisait du bien, un petit bout de France au coeur de la guerre. Mais ce qu’ils savent moins c’est le bonheur que j’ai à les retrouver, à voir leur force et leur courage. Nos médias parlent sans cesse des Français partis rejoindre Daech mais trop rarement de nos compatriotes restés vivre en Syrie. C’est une injustice comme tant d’autres. Ils sont moins vendeurs.

Pourtant, ils sont aujourd’hui les meilleurs défenseurs de la francophonie et des intérêts de la France en Syrie, alors même que notre diplomatie a totalement renoncé à peser dans les négociations de paix.
Je n’ai jamais rencontré le Président Syrien et je n’ai pas à le rencontrer.

Je tiens aussi à rappeler à certaines rédactions qui se couchent encore dans le conformisme ambiant qu’elles gagneraient à se déplacer en Syrie au risque de se laisser surprendre par une évidence : le Président Syrien est non seulement incontournable mais populaire.

Guidée par mes compatriotes , chacune de mes visites en Syrie est une leçon de réalisme.

Fabienne Blineau-Abiramia

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