Au lendemain de la mort du pape François survenue le 21 avril, le Vatican s’apprête à célébrer les obsèques du souverain pontife selon un protocole profondément réformé. Conformément à ses vœux exprimés dès novembre 2024, les funérailles de Jorge Mario Bergoglio rompent avec la solennité et les fastes traditionnels des papes précédents. Le déroulé retenu incarne les principes de simplicité, d’humilité et de dépouillement liturgique qu’il a prônés tout au long de son pontificat.
Une réforme liturgique anticipée
En novembre 2024, le pape François avait approuvé une nouvelle version de l’Ordo Exsequiarum Romani Pontificis, le document fixant le protocole officiel en cas de décès d’un pape. Cette réforme visait à désacraliser les symboles de pouvoir autour de la mort papale et à recentrer le rite sur sa dimension spirituelle. Mgr Diego Ravelli, maître des célébrations liturgiques pontificales, en avait supervisé la mise en œuvre.
1. Constatation officielle de la mort dans la chapelle privée
Contrairement à l’usage antérieur qui prévoyait la présence d’une “chambre apostolique” au sein du palais apostolique pour enregistrer officiellement le décès, le pape François a supprimé cette tradition. La constatation officielle de sa mort a eu lieu dans sa chapelle privée, en présence du Camerlingue, des médecins et des assistants pontificaux. Ce choix symbolise une volonté de sobriété et de continuité avec la fonction épiscopale plus que monarchique.
2. Exposition du corps dans la basilique Saint-Pierre
Le corps du pape François est ensuite transféré à la basilique Saint-Pierre, mais là encore, le rituel diffère profondément. Le défunt repose dans un cercueil en bois simple doublé de zinc, sans ornements particuliers. Contrairement à ses prédécesseurs, il n’est pas exposé sur un reposoir surélevé sous le baldaquin du Bernin, ni accompagné de la férule papale, symbole de son autorité.
Le cercueil est placé au sol, selon un protocole similaire à celui appliqué aux évêques, illustrant la volonté du pape François de mourir en “pasteur et disciple du Christ” et non en figure de souverain pontife.
3. Messe des funérailles sur la place Saint-Pierre
La messe de funérailles est célébrée sur la place Saint-Pierre, conformément à la tradition. Elle est présidée par le doyen du Collège des cardinaux. L’homélie, bien que sobre, rend hommage à l’engagement réformateur du pape François, son option préférentielle pour les pauvres, et sa volonté de pacifier les relations interreligieuses.
Des chefs d’États, responsables religieux, et des dizaines de milliers de fidèles du monde entier sont attendus. Mais à l’image du défunt pontife, le cérémonial est volontairement épuré, sans panégyriques pompeux, ni liturgie excessive.
4. Inhumation dans la basilique Sainte-Marie-Majeure
L’un des choix les plus marquants concerne le lieu d’inhumation. Alors que la quasi-totalité des papes modernes repose dans les cryptes de la basilique Saint-Pierre, le pape François a choisi d’être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, située à l’Est de Rome, près de la gare Termini.
Cette basilique, où il venait prier régulièrement devant l’icône de la Vierge Salus Populi Romani avant et après chaque voyage apostolique, était pour lui un lieu de dévotion personnelle. Il y rejoint ainsi huit autres papes, dont Clément IX, Saint Pie V et Sixte V.
5. Neuvaine de messes allégée
La tradition des neuf jours de messes dites “novendiales”, organisées après les funérailles pour le repos de l’âme du pape défunt, est maintenue, mais considérablement simplifiée. Le Vatican ne prévoit pas de grandes célébrations solennelles répétées, mais une série de liturgies sobres dans les différentes basiliques majeures de Rome. Cette option renforce l’idée d’un deuil universel mais intime, et non centralisé dans la pompe pontificale.
Une rupture assumée
Ce déroulé marque une rupture volontaire avec l’image impériale du pape. Le choix du cercueil unique, de l’exposition au sol, de l’abandon des insignes de pouvoir, du refus d’un tombeau monumental au Vatican : tout dans ces funérailles reflète la ligne pastorale de François.
Plus de titres honorifiques superflus : les communications officielles ne mentionnent que “pape”, “évêque de Rome” et “pasteur”. Même dans la mort, François aura insisté pour ne pas être traité comme un chef d’État mais comme un serviteur du peuple de Dieu.