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Le Pape François et le Liban : une relation marquée par la sollicitude

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Le Pape François, dont le pontificat a débuté le 13 mars 2013, a manifesté un attachement particulier pour le Liban, un pays qu’il considérait comme un modèle de coexistence religieuse et un acteur clé pour la paix au Moyen-Orient. Bien qu’il n’ait jamais pu visiter le Liban, son engagement s’est exprimé à travers des gestes concrets, des prises de position publiques et une attention constante aux crises qui ont secoué la nation des cèdres. Sa sollicitude s’est traduite par des appels à la solidarité internationale, des prières pour la paix et des initiatives visant à soutenir les Libanais face à leurs défis économiques, politiques et sociaux.

Dès les premières années de son pontificat, François a suivi la situation libanaise, marquée par une instabilité chronique, des tensions confessionnelles et des crises humanitaires aggravées par la guerre en Syrie voisine. En 2014, lors de son voyage en Terre sainte, il a rencontré des représentants libanais, dont le patriarche maronite Bechara Raï, qui l’accompagnait à Jérusalem, un geste symbolique fort dans un contexte où les déplacements des dignitaires libanais vers Israël étaient politiquement sensibles. Cette rencontre a souligné l’importance accordée par François à l’unité des chrétiens et à leur rôle dans la région. Le Pape a salué le Liban comme un pays-message, reprenant les mots de Jean-Paul II, pour sa capacité à faire coexister différentes communautés religieuses dans un espace restreint.

En août 2020, l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth, qui a tué plus de 200 personnes et causé des dégâts massifs, a profondément touché François. Il a immédiatement exprimé sa solidarité, envoyant un message de condoléances et promettant des prières pour les victimes. Lors de l’audience générale du 5 août 2020, il a appelé la communauté internationale à venir en aide au Liban, déclarant : « Le Liban ne peut être laissé seul dans sa douleur et son désespoir. » Quelques jours plus tard, il a dépêché le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, à Beyrouth pour témoigner de sa proximité et remettre une aide financière d’urgence. Cette visite a renforcé l’engagement du Vatican à soutenir le Liban dans cette période critique.

Une journée pour le Liban : un appel à l’unité et à la justice

Le 1er juillet 2021, le Pape François a organisé une journée de prière œcuménique pour le Liban au Vatican, réunissant neuf responsables chrétiens libanais, dont des représentants des communautés catholique, orthodoxe et protestante. Cet événement, tenu dans la basilique Saint-Pierre, a été un moment clé de son pontificat pour démontrer son engagement envers la paix au Liban. Dans son discours, François a exhorté les Libanais à retrouver l’espérance en puisant dans leurs racines historiques et spirituelles, tout en interpellant les dirigeants politiques pour qu’ils trouvent des solutions urgentes et stables à la crise économique et sociale. « Cela suffit d’utiliser le Liban et le Moyen-Orient pour des intérêts et des profits étrangers ! », a-t-il déclaré, dénonçant les ingérences extérieures qui ont exacerbé les tensions dans le pays.

François a rendu hommage aux jeunes et aux femmes libanaises, qu’il a décrits comme des lampes qui brûlent en cette heure sombre et des génératrices de vie et d’espérance. Il a insisté sur l’importance d’impliquer les femmes dans les processus décisionnels, une position cohérente avec son plaidoyer pour une plus grande inclusion dans l’Église et la société. Cette journée a été marquée par des gestes symboliques, comme la remise d’une lampe allumée aux chefs chrétiens, signe d’espérance pour un avenir pacifique. Le Pape a cité le poète libanais Khalil Gibran, évoquant une aube qui attend le Liban malgré le voile noir de la nuit.

Soutien aux chrétiens du Liban face aux crises

Les chrétiens, qui représentent environ un tiers de la population libanaise, ont été au cœur des préoccupations de François. Il a salué leur rôle dans la préservation de l’identité pluraliste du Liban, tout en les encourageant à rester dans leur pays malgré les difficultés. La crise économique, qui a débuté en 2019 et a plongé plus de 80 % de la population dans la pauvreté, a poussé de nombreux chrétiens à émigrer, menaçant l’équilibre confessionnel du pays. François a multiplié les appels pour soutenir les communautés chrétiennes, notamment à travers des initiatives caritatives menées par des organisations catholiques comme Caritas Liban.

En 2024, lors des échanges de tirs entre le Hezbollah et Israël, qui ont causé des destructions dans le sud du Liban, François a exprimé sa proximité avec les communautés chrétiennes affectées. Dans son message Urbi et Orbi de Pâques 2025, il a appelé à prier pour les chrétiens du Liban, qui aspirent à la stabilité et à participer au destin de leur nation. Il a soutenu les efforts de médiation du Vatican pour apaiser les tensions dans la région, notamment par le biais de la diplomatie discrète menée par le nonce apostolique à Beyrouth.

Le Liban dans le contexte régional : un plaidoyer pour la coexistence

Le Pape François a envisagé le Liban comme un microcosme des défis du Moyen-Orient, où la coexistence entre chrétiens, musulmans et autres communautés est à la fois une richesse et une fragilité. Sa vision pour le Liban s’inscrit dans une approche plus large visant à promouvoir la paix et la fraternité dans la région. Lors de son voyage en Terre sainte en 2014, il a insisté sur le droit des chrétiens, juifs et musulmans à accéder librement à Jérusalem, un message qui résonnait pour les Libanais, dont beaucoup ne pouvaient se rendre en Terre sainte pour des raisons politiques. En accompagnant François à Jérusalem, le patriarche maronite Bechara Raï a défié les critiques internes au Liban, où sa visite a été perçue par certains comme une normalisation avec Israël. Le Pape a salué ce geste comme une affirmation du rôle spirituel des chrétiens dans la région.

François a lié la situation du Liban à celle de la Syrie, où la guerre civile a entraîné un afflux massif de réfugiés au Liban, mettant à rude épreuve les ressources du pays. En 2021, il a appelé la communauté internationale à soutenir le Liban pour accueillir ces réfugiés, tout en plaidant pour une solution politique en Syrie qui garantirait les droits des minorités, y compris des chrétiens. Après la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, François a accueilli avec espoir les déclarations du nouveau dirigeant syrien, Ahmed Al-Charaa, qui a exprimé son admiration pour le Pape et promis de protéger les chrétiens syriens. Le Pape a vu dans ces engagements un signe positif pour la reconstruction de la Syrie et pour la stabilité régionale, qui bénéficierait au Liban.

Les chrétiens d’Orient : une vocation au cœur de la mission de François

Pour le Pape François, les chrétiens d’Orient, présents au Liban, en Syrie, en Palestine, en Irak et ailleurs, constituent une composante essentielle de l’identité du Moyen-Orient. Dans son discours au corps diplomatique en janvier 2025, il a rappelé que arabe signifie aussi chrétien, soulignant l’enracinement historique des chrétiens dans la région. Il a déploré la diminution de leur nombre, due aux conflits, à l’émigration et aux persécutions, tout en les encourageant à persévérer dans leur vocation spéciale de vivre leur foi dans des contextes souvent hostiles.

En 2018, lors d’une messe concélébrée avec le patriarche grec-melkite Joseph Absi, François a comparé les chrétiens d’Orient à un peuple crucifié comme Jésus, tout en les exhortant à être des porteurs de lumière. Il a soutenu les initiatives visant à préserver leur patrimoine culturel et spirituel, notamment à travers des projets de restauration d’églises et de monastères en Syrie et au Liban. En 2023, il a envoyé une aide financière pour reconstruire une église maronite endommagée à Zahlé, dans la plaine de la Bekaa, un geste qui a renforcé les liens entre le Vatican et les communautés locales.

François et la situation en Palestine et à Gaza

La situation en Palestine et à Gaza a occupé une place centrale dans la diplomatie de François, qui a constamment plaidé pour une solution à deux États et pour la protection des droits de toutes les communautés. Depuis l’escalade du conflit à Gaza en octobre 2023, François a multiplié les appels à un cessez-le-feu, condamnant les violences contre les civils, qu’ils soient palestiniens ou israéliens. Dans une lettre adressée aux catholiques du Moyen-Orient en décembre 2023, il a exprimé sa douleur face à la souffrance des habitants de Gaza, tout en exhortant les chrétiens de la région à être des artisans de paix.

En 2024, il a rencontré des familles palestiniennes et israéliennes ayant perdu des proches dans le conflit, un geste qui a illustré son approche de la réconciliation par le dialogue. Il a également soutenu les efforts humanitaires de l’Église catholique à Gaza, notamment à travers l’hôpital de la Sainte Famille, géré par les Sœurs du Rosaire, qui est resté un refuge pour les civils malgré les bombardements. François a dénoncé les attaques contre les infrastructures civiles, y compris les écoles et les hôpitaux, déclarant lors de l’Angélus du 15 octobre 2023 : « La guerre n’épargne personne, mais les plus faibles en payent le prix. »

François a lié la situation en Palestine à celle du Liban, notant que les tensions dans la région, notamment les affrontements entre le Hezbollah et Israël, risquaient de déstabiliser davantage le Liban. Il a appelé à une désescalade et à un respect du droit international, tout en soutenant les initiatives de dialogue interreligieux menées par des responsables libanais et palestiniens. En 2025, il a salué les efforts de la communauté internationale pour acheminer de l’aide humanitaire à Gaza, tout en insistant sur la nécessité d’une solution politique durable.

Une diplomatie de la proximité et de la fraternité

La relation de François avec le Liban et les chrétiens d’Orient s’est inscrite dans sa vision d’une Église de la proximité, qui va à la rencontre des périphéries. Son encyclique Fratelli Tutti, publiée en 2020, a été inspirée en partie par son dialogue avec le grand imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, et a trouvé un écho particulier au Liban, où la coexistence interreligieuse est une réalité quotidienne. François a cité le Liban comme un exemple de fraternité possible, tout en avertissant que cette coexistence devait être protégée contre les divisions et les conflits importés.

Sa diplomatie a combiné des gestes symboliques, comme l’envoi d’aide humanitaire, avec des prises de position courageuses, comme sa critique des ingérences étrangères au Liban et au Moyen-Orient. En 2022, il a rencontré des réfugiés syriens et palestiniens au Liban lors d’une vidéoconférence organisée par Caritas, un moment qui a illustré son désir de donner une voix aux plus vulnérables. Il a également soutenu les efforts des jésuites libanais, dont il est issu, pour promouvoir l’éducation et la réconciliation dans un pays marqué par les fractures.

Un héritage spirituel pour le Liban et la région

L’engagement de François envers le Liban et les chrétiens d’Orient a laissé une empreinte durable, même si les défis auxquels la région est confrontée restent immenses. Ses appels à la paix, à la justice et à la solidarité ont inspiré les communautés chrétiennes à persévérer dans leur mission, malgré les crises économiques, les conflits armés et les pressions migratoires. Au Liban, son message d’espérance a résonné auprès des jeunes, qui ont vu en lui un défenseur de leurs aspirations à un avenir meilleur.

François a également contribué à renforcer le rôle du Liban comme un pont entre l’Orient et l’Occident, un espace où le dialogue interreligieux peut prospérer. Ses initiatives, comme la journée de prière pour le Liban ou son soutien aux chrétiens de Syrie et de Palestine, ont rappelé que la présence chrétienne au Moyen-Orient est non seulement un héritage historique, mais aussi un levier pour la paix. En 2025, alors que le Liban continuait de naviguer entre crises internes et tensions régionales, l’héritage de François restait une source d’inspiration pour ceux qui croient en un Liban pluraliste et pacifique.

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