La mode libanaise rayonne : Elie Saab et d’autres créateurs séduisent la Fashion Week de Paris

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La mode libanaise continue de captiver le monde de la haute couture, avec des créateurs qui brillent lors de la Fashion Week de Paris, l’un des événements les plus prestigieux de l’industrie. À leur tête, Elie Saab, figure emblématique dont les collections somptueuses incarnent l’élégance intemporelle du Liban. Mais il n’est pas seul : d’autres talents libanais, portés par un héritage artisanal unique, séduisent également les amateurs de mode et les critiques par leur créativité et leur maîtrise. Dans un pays confronté à des crises économiques et sécuritaires sans précédent, ces designers prouvent que la beauté et l’art peuvent transcender les défis, affirmant leur présence dans l’univers exigeant de la mode internationale.

Elie Saab : une icône de la haute couture

Elie Saab est né le 4 juillet 1964 à Damour, une petite ville au sud de Beyrouth. Dès l’enfance, il montre une passion pour la couture, confectionnant des vêtements pour ses sœurs avec des tissus trouvés chez lui dès l’âge de neuf ans. En 1982, à seulement 18 ans, il ouvre son premier atelier dans la capitale libanaise, en pleine guerre civile (1975-1990). Malgré les bombardements et l’instabilité, il lance une première collection qui séduit rapidement un public local, attiré par ses robes féminines aux détails raffinés. Cette audace marque le début d’une carrière qui le mènera au sommet de la mode mondiale.

Sa percée internationale survient en 1997, lorsqu’il devient le premier créateur non italien à défiler à Rome, une reconnaissance rare qui attire l’attention hors du Liban. L’année suivante, en 1998, il présente une ligne de prêt-à-porter à Milan, élargissant son audience. Le tournant décisif arrive en 2002 : Halle Berry porte une robe lie-de-vin signée Saab lors des Oscars, où elle remporte le prix de la meilleure actrice. Avec son décolleté audacieux et ses broderies délicates, cette création propulse le designer sous les projecteurs mondiaux, attirant stars et royaux dans son univers de glamour.

En 2003, il est invité à défiler à Paris par l’organisme régissant la haute couture, devenant membre correspondant en 2006, une distinction qui consacre son statut parmi l’élite. Depuis, ses shows parisiens sont des moments phares, mêlant dentelles, mousselines et broderies dans des silhouettes qui célèbrent la féminité. En 2005, il inaugure une maison de couture moderne à Beyrouth, regroupant ateliers, studios et boutiques, suivie en 2007 par un espace prestigieux au rond-point des Champs-Élysées à Paris. Ces lieux symbolisent son double ancrage entre ses racines et son rayonnement global.

Lors de la Fashion Week de Paris pour l’automne-hiver 2025-2026, tenue du 3 au 11 mars 2025, Saab a présenté une collection prêt-à-porter inspirée des stations de ski de luxe. Les créations, riches en textures et en couleurs chaudes, ont fusionné confort et opulence, captivant un public international. Ce défilé, suivi par des personnalités influentes lors d’éditions précédentes comme Jennifer Lopez, illustre sa capacité à réinventer son style tout en restant fidèle à son ADN luxueux.

Un héritage artisanal libanais

Le triomphe d’Elie Saab s’appuie sur une tradition artisanale profondément enracinée au Liban. Avant la guerre civile, Beyrouth, surnommée « le Paris du Moyen-Orient » dans les années 1960, était un centre de mode et de culture, attirant les élites arabes et internationales. Les ateliers locaux excellaient dans les broderies, les tissus précieux et les coupes sophistiquées, des compétences transmises de génération en génération. Même pendant les années de conflit, ces artisans ont persévéré, travaillant souvent dans des conditions difficiles pour préserver leur art.

Après 1990, cette tradition a retrouvé un souffle grâce à des créateurs comme Saab, qui ont modernisé ces techniques tout en les projetant sur la scène mondiale. Les broderies délicates, les perles scintillantes et les drapés fluides qui caractérisent la mode libanaise contemporaine sont le fruit de cet héritage, mêlé à une sensibilité esthétique unique. Cette combinaison a permis aux designers libanais de se démarquer dans un secteur dominé par les grandes maisons européennes, offrant une alternative orientale empreinte de raffinement.

Une constellation de talents libanais

Elie Saab n’est pas un cas isolé : d’autres créateurs libanais enrichissent la Fashion Week de Paris avec leurs visions distinctes. Rabih Kayrouz, né en 1972 à Beyrouth, est l’un d’eux. Après des études à Paris dans une école de couture renommée, il lance sa marque en 1998, se distinguant par des coupes minimalistes et architecturales. Invité à défiler en haute couture à Paris dès 2009, il a établi un atelier-boutique dans le quartier du Marais, devenu un lieu prisé pour ses créations sobres et élégantes. Sa présence régulière à Paris témoigne de son influence croissante dans le milieu.

Zuhair Murad, né en 1971 à Baalbek, est une autre étoile montante. Fondant sa maison en 1997, il s’est fait connaître pour ses robes ornées de cristaux et de broderies luxuriantes, portées par des célébrités comme Beyoncé et Angelina Jolie. Intégrant le calendrier parisien de la haute couture en 2012 comme membre invité, il a présenté des collections marquées par un romantisme opulent, souvent saluées pour leur audace. En juillet 2023, son défilé automne-hiver 2023-2024, tenu dans un musée parisien, a captivé par sa richesse visuelle, une tendance qui se poursuit en 2025.

Georges Chakra, né en 1969 à Beyrouth, complète ce tableau. Actif depuis les années 1990, il rejoint les défilés parisiens de haute couture en 2001, proposant des créations théâtrales mêlant structures audacieuses et détails délicats. Ses shows, souvent décrits comme innovants, attirent un public fidèle à Paris depuis plus de deux décennies. Ces designers, chacun avec une identité propre, partagent une passion pour l’artisanat et une capacité à transformer les défis en inspiration, renforçant la présence libanaise sur la scène mondiale.

La Fashion Week de Paris : une consécration

La Fashion Week de Paris reste le sommet de l’industrie de la mode, et les créateurs libanais y occupent une place de choix. Pour la saison printemps-été 2025, du 27 au 30 janvier 2025, Elie Saab a dévoilé une collection haute couture à midi trente le 29 janvier, transportant les invités dans un univers féérique de broderies et de lignes impeccables. Le défilé, diffusé en direct, a captivé un public mondial, consolidant son statut de maître incontesté.

Pour l’automne-hiver 2025-2026, du 3 au 11 mars 2025, Saab a présenté une ligne prêt-à-porter qui mêle luxe et fonctionnalité, inspirée des stations de ski alpines. Rabih Kayrouz, Zuhair Murad et Georges Chakra, bien que leurs dates exactes pour cette saison ne soient pas confirmées au 17 mars, maintiennent leur présence régulière dans ces événements prestigieux. Leurs défilés attirent acheteurs, critiques et célébrités, offrant une vitrine mondiale à la créativité libanaise. Ces moments ne sont pas de simples spectacles : ils génèrent des contrats, des collaborations et une reconnaissance qui propulsent leurs marques à l’échelle planétaire.

Une résilience face aux crises

Le rayonnement de la mode libanaise à Paris est d’autant plus impressionnant qu’il se produit dans un contexte de crises majeures au Liban. Depuis 2019, le pays traverse une chute économique sans précédent : la monnaie a perdu plus de 97 % de sa valeur, l’inflation a atteint des sommets, et plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon des estimations internationales de 2023. La guerre Hezbollah-Israël de 2024 a aggravé cette situation, déplaçant 1,4 million de personnes et détruisant des infrastructures essentielles.

À Beyrouth, les ateliers de couture, souvent modestes, ont dû s’adapter à des coupures d’électricité prolongées et à une pénurie de matériaux. L’explosion du port en août 2020, qui a endommagé des installations de Saab et d’autres créateurs, a été un coup dur, mais n’a pas brisé leur détermination. Saab a continué à produire localement, employant des artisans dont le savoir-faire reste un atout précieux. Murad et Kayrouz maintiennent également des bases au Liban, soutenant une économie fragile par leur activité. Cette résilience, forgée dans l’adversité, est une force qui distingue la mode libanaise sur la scène internationale.

Une influence qui dépasse Paris

L’impact des créateurs libanais s’étend bien au-delà de la Fashion Week. Leurs robes illuminent les tapis rouges d’Hollywood, les mariages royaux et les galas prestigieux. Halle Berry aux Oscars 2002, Jennifer Lopez à Paris en 2024, ou encore Beyoncé lors de performances majeures : ces moments ont ancré leurs noms dans l’imaginaire mondial. Les royaumes du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, sont des marchés clés, où les clientes prisent leurs créations pour leur luxe et leur sophistication.

Leur succès repose sur une combinaison rare : un artisanat traditionnel, une vision moderne et une capacité à répondre aux attentes d’une clientèle internationale exigeante. Saab, par exemple, emploie des centaines d’artisans à Beyrouth, chacun spécialisé dans des techniques comme la broderie à la main ou le travail des perles. Cette main-d’œuvre, souvent formée localement, garantit une qualité qui rivalise avec les grandes maisons parisiennes, tout en conservant une touche orientale distinctive.

Une source de fierté nationale

Dans un Liban en crise, la mode offre une rare lueur de fierté. Alors que le pays fait face à des tensions sécuritaires – comme les affrontements au Sud le 16 mars 2025 ayant fait quatre morts – et à une instabilité politique persistante, les créateurs comme Saab, Kayrouz, Murad et Chakra incarnent une réussite qui transcende les frontières. Leur présence à Paris n’est pas seulement une victoire personnelle : elle soutient une industrie locale, employant des milliers de personnes dans des ateliers souvent familiaux.

Leur travail attire aussi l’attention sur le potentiel culturel du Liban, un pays dont l’image est trop souvent associée à la guerre et à la pauvreté. En 2025, alors que le gouvernement de Nawaf Salam, formé en février sous la présidence de Joseph Aoun, tente de reconstruire une économie dévastée, ces créateurs rappellent que le Liban peut encore briller par son talent et son héritage. Leur succès à la Fashion Week de Paris est une preuve tangible que, même dans les moments les plus sombres, la créativité libanaise reste une force vive et rayonnante.

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