La raison pour ma patrie

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L’endurance des gens est mise à tant de médiocres épreuves. L’échéance indéfinie de la présidentielle et l’approche des élections municipales rappellent au libanais un amer constat: L’attrait vers le mode circonstanciel. Il peut réactiver des monticules ou des montagnes, prévaloir l’urgence des affaires “politiques” ou les percées tant attendues de candidats sérieux et engagés afin de servir les régions et la nation selon des moyens, des objectifs et des délais. L’événement majeur redevient un point de fixation. Néanmoins, depuis bien avant les années 1940, les libanais discutent des opportunités nationales et signent chacun à sa façon le résultat de leurs tergiversations.

Le sens donné à la “fatalité” va raffermir paradoxalement le lien durable du déni entre ses diverses composantes et permettre ainsi de justifier faussement toutes les irresponsabilités. Les délais institutionnels cadrent des élans, des manifestations ponctuelles ainsi que des douleurs tacites et tant de plaies insupportables. Tout cela fini par transmettre la colère dans une rue qui ressemble à un lieu où les litanies résistent à l’usure des promesses, au leitmotiv des mensonges et au temps. Les libanais sont marqués de fortes émotions.

Désormais, ils ne véhiculent plus de vains défoulements verbaux ni des cris intérieurs face à la froideur cruelle de tant d’insolents corrompus! Les prédispositions aux changements ou au maintien du chaos institutionnel se disputent aujourd’hui les places aux prochaines élections municipales.

Cependant, pour trouver des réponses concordantes aux drames qui bouleversent de nombreux libanais, le coup pour coup à chaque date butoir confirme la dépendance au mode réactionnel. Cependant, pour nous prémunir du chaos initié par les alternatives éphémères ou provisoires, nous avons certes besoin d’initiatives courageuses, neuves et pragmatiques mais aussi d’installer une foire continue. Celle qui discute ouvertement et avec transparence sur le sens du dialogue constructif, afin que la logique des comptes progresse sur tous les sujets passés et présents . Ces rencontres seraient un devoir de réflexion nationale proposé à toutes les personnalités de tous bords pour exposer enfin tous les moyens possibles pour résoudre les problèmes de fond à toutes nos crises nationales!

Comment traduire au quotidien une identité libanaise non controversée dans les actes et la défendre? Comment devenir citoyen sans être freiné par la complexité de sa religion ou de sa communauté? Comment réinstaurer avec les tendances politiques diverses et avec l’aide substantielle des mouvements de la société civile, la place privilégiée de la raison. Elle seule peut concilier l’unité des rôles et des fonctions, des mots et des actes comme les incontournables éléments d’un futur consensus.

Par Joe Acoury.

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