Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Interpol a publié la semaine dernière une notice rouge pour le gouverneur de la Banque centrale du Liban

Le procureur général allemand a informé la justice libanaise d’un mandat d’arrêt contre le gouverneur de la Banque centrale du Liban, Riad Salamé, a déclaré une source à The National.

Cela survient une semaine après que la France a émis un mandat d’arrêt contre M. Salamé après qu’il n’a pas assisté à une audience à Paris.

Il est soupçonné d’avoir détourné des centaines de millions de dollars de la Banque du Liban (BDL) grâce à un stratagème de détournement de fonds avec l’aide de son frère Raja.

Reuters a rapporté que la justice libanaise avait été informée d’accusations de corruption, de faux, de blanchiment d’argent et de détournement de fonds.

“Les accusations croissantes d’inconduite montrent qu’il ne s’agit pas d’une campagne de diffamation politique mais d’une affaire judiciaire fondée sur des preuves significatives”, a déclaré un diplomate européen au National.

Une source proche du dossier a déclaré à The National que l’Allemagne avait informé Interpol de sa décision. Cependant, les détails spécifiques concernant la manière dont cela diffère de la notice rouge demandée par la France ne sont toujours pas clairs.

La notice rouge d’Interpol a été initialement publiée en réponse au fait que Riad Salamé n’a pas assisté à son audience prévue par la justice française, ce qui l’a conduit à être classé comme fugitif par la justice.

Cette décision intervient alors que des informations indiquent que le Liban sera probablement inscrit mardi sur une “liste grise” de pays faisant l’objet d’une surveillance accrue en raison de l’insuffisance des mesures en place pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Les frères ont nié tout acte répréhensible.

Riad Salamé fait l’objet d’une enquête dans six pays européens.

Il est soupçonné d’avoir détourné des fonds publics via des opérations de stratification impliquant les systèmes bancaires luxembourgeois et suisse pour financer des propriétés luxueuses en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Belgique.

Le Liban a reçu vendredi une notification d’Interpol. Cela permet aux autorités d’autres pays d’aider à identifier et à retrouver le suspect, dans le but de l’extrader vers le pays d’émission.

Le Liban n’est pas légalement contraint d’extrader M. Salamé. Le pays a depuis longtemps pour politique de ne pas extrader ses propres citoyens.

Le gouverneur, dont le mandat s’achève fin juillet, reste en poste malgré les appels croissants à sa démission au sein de la classe politique après la décision judiciaire française.

Cette année, une délégation d’huissiers de justice européens s’est rendue à plusieurs reprises au Liban dans le cadre d’une équipe d’enquête internationale comprenant la France, l’Allemagne et le Luxembourg. Ils ont recueilli des preuves et interrogé des personnes dont Riad Salamé et son frère, pour renforcer leur dossier.

Propriétés allemandes

Les enquêteurs européens soupçonnent Riad Salamé d’avoir détourné des fonds publics par l’intermédiaire de la société de son frère, Forry Associates Ltd.

Ils allèguent que Forry est une société écran qui a reçu une commission de 0,38% sur chaque transaction avec la banque commerciale pendant plus d’une décennie sans fournir aucun service en retour.

Des documents judiciaires vus par The National montrent que Riad Salamé est soupçonné d’avoir acheté des propriétés en Europe avec les commissions Forry, à travers diverses structures, dont il est l’ayant droit économique.

Selon une ordonnance de saisie de la justice allemande en mars 2022, Riad Salamé et son frère ont investi « les fonds obtenus de la Banque centrale du Liban, notamment dans l’immobilier mais aussi dans l’acquisition de parts sociales, tout en dissimulant l’origine du des fonds incriminés dans le circuit économique légal en Allemagne ».

Ces propriétés comprennent au moins deux immeubles en Allemagne achetés pour 6,3 millions d’euros et 3,4 millions d’euros respectivement en 2015 et 2017 via Stockwell Investissement SA, une société luxembourgeoise que Riad Salamé contrôle.

Article écrit en anglais par Nada Maucourant Atallah et publié sur https://www.thenationalnews.com/mena/lebanon/2023/05/23/germany-notified-lebanon-of-an-arrest-warrant-for-riad-salameh/.

Nada Maucourant Atallah
Nada Maucourant Atallah est correspondante au bureau de Beyrouth de The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis. Elle est une journaliste franco-libanaise avec cinq ans d'expérience au Liban. Elle a auparavant travaillé pour L'Orient-Le Jour, sa version anglaise L’Orient-Today et le journal d'investigation français Mediapart, avec un accent sur les enquêtes financières et politiques. Elle a également fait des reportages pour divers médias français tels que Le Monde Diplomatique et Madame Figaro.

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