Les autorités libanaises auraient accepté la presque totalité de la feuille de route présentée en fin de semaine dernière par le ministre koweitien des affaires étrangères qui s’était déplacé à Beyrouth. Le ministère des Affaires Etrangères libanais, Abdallah Bou Habib, devrait encore obtenir l’approbation du président de la république, le général Michel Aoun, du président de la chambre Nabih Berri et du premier ministre Najib Mikati.

La réponse libanaise note cependant que le gouvernement exprime les positions officielles du Liban et s’est engagé à respecter les résolutions internationales et notamment celles de l’ONU. Elle souligne cependant qu’il revient à la communauté internationale d’aider le Pays des Cèdres dans la mise en oeuvre de ces résolutions et indique que le Hezbollaht est un élémentiel au Liban.

Pour rappel, le ministre koweitien était arrivé samedi soir pour transmettre un document indiquant que les pays du golfe exigent le respect par le Liban des accords de Taëf dont ceux liés au respect des résolutions internationales et de la ligue arabe parmi lesquels figurent le désarmement du Hezbollah, ou encore le respect de la politique de distanciation et de la non-implication de partis politiques libanais dans les affaires locales des pays arabes.

Selon le texte qui a été remis à la troika, les pays arabes demandent la mise en place d’un calendrier précis pour la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité n° 1559 (2004) concernant le désarmement des milices au Liban, de la résolution n° 1680 (2006) concernant le soutien à la souveraineté et à l’indépendance politiques du Liban et le plein soutien à l’Union nationale libanaise. Dialogue, et Résolution 1701 (2006) sur les armes du Hezbollah et la région du Sud-Liban, selon le principe fondamental du contrôle de l’État sur la présence d’armes en dehors de l’autorité du gouvernement libanais. 

Les pays du Golfe exigent l’arrêt de toutes les activités des groupes opposés aux pays du Conseil de coopération et la poursuite de quiconque tenterait d’inciter ou de participer à la violence, qu’il soit citoyen ou résident au Liban, contre les gouvernements du Conseil de coopération du Golfe mais aussi la mise en place d’un système d’information sur la sécurité entre eux et le pays des cèdres.

Concernant les trafics de drogue, ils demandent un audit des exportations libanaises via la présence d’observateurs bilatéraux pour s’assurer que les exportations sont exemptes de toute contrebande Les pays membres du conseil de coopération du golfe demandent aux autorités libanaises de tenir leurs engagements à ce que soient organisées les élections législatives de mai 2022 et présidentielles d’octobre 2022.

Côté libanais, on estimait alors, de source médiatique, que ces exigences des pays du golfe entraineraient une confrontation sur le plan local, rappelant que par exemple si le désarmement du Hezbollah est demandé par eux, le Liban reste soumis aux violations régulières de son territoire par les forces israéliennes qui ne respectent pas la résolution 1701 du conseil de sécurité de l’ONU.

Des sources libanaises rappellent que le Liban n’est en rien responsable du conflit au Yémen, qui a été du fait de l’initiative des pays du golfe. Ces mêmes sources notent que le mouvement Houthis n’est plus considéré comme terroriste par les Etats-Unis qui appelent à une solution négociée au conflit. Beyrouth estime également que par exemple, la tenue de conférences de l’opposition Bahreïni ou saoudienne au Liban est conforme aux principes démocratiques et ne constitue pas une ingérence.

Cette information fait suite alors que les relations entre le Liban et les pays du golfe se sont fortement dégradées, ces derniers accusant le Hezbollah de s’impliquer aux côtés des rebelles houthis et de l’Iran dans le conflit au Yémen. Ces rebelles ont réussi à plusieurs reprises à tirer même sur le territoire saoudien. Les forces des pays membres de la coalition menée par l’Arabie saoudite, avec le prince héritier Mohammed Ben Salmane qui en fait une affaire personnelle, sont en effet désormais enlisés dans le conflit au Yémen. Suite à cet enlisement, les forces alliées au Yémen comme le Hezbollah sont désormais rendues coupables, aux yeux des dirigeants saoudiens de ce fiasco militaire.

Cette situation s’est encore dégradée avec la découverte de plusieurs cargaisons de drogue comme le captagon à destination du royaume saoudien à l’intérieur de marchandises dont l’origine probable, selon Riyad, serait le Liban.

Depuis, l’Arabie saoudite a réussi à convaincre ses alliés dont le Koweit ou les Emirats Arabes Unis et Bahrein de rappeler leurs ambassadeurs au Liban et d’expulser les ambassadeurs libanais présents chez eux suite à la publication des propos de l’ancien ministre de l’information Georges Cordahi avant la constitution du gouvernement Mikati III. Il estimait alors que le conflit mené par l’Arabie saoudite constituait une agression contre le Yémen. Ce dernier sera poussé à la démission en contrepartie d’une garantie de rétablissement des relations, garantie pour l’heure, restée main morte.

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