La population craint le retour des ordures dans les rues libanaises après que les municipalités de la banlieue sud de la Beyrouth ont commencé par bloquer l’accès à la décharge dite de Costa Brava.

Ces derniers entendent protester contre l’absence de solution durable à la gestion des déchets, cette décharge, à l’origine temporaire et mise en place en 2016 lors de la crise des ordures, accueillant désormais également les ordures des régions d’Aley et du Chouf et ce, en contradiction avec les engagements des autorités libanaises d’alors.

Ainsi, cette décharge accueillerait actuellement plus de 1 500 tonnes d’ordures quotidiennement contre une capacité maximale normale de 1 000.

L’union des municipalités du Sud de la Capitale avait ainsi adressée un ultimatum de 10 jour aux autorités libanaises. Ils exigent ainsi la réduction des déchets déversés dans cette décharge construite sur le littoral, qui a fait l’objet également d’une extension de sa superficie en 2018, et qui borde l’Aéroport International de Beyrouth.

Cette décharge a été à l’origine de nombreuses polémiques. Déjà sa localisation à proximité de l’aéroport comporte certains risques pour les aéronefs en provenance et en partance, par le fait que les ordures attirent des volatiles, induisant une augmentation importante du risque de collision aviaire. Un avion de la compagnie locale MEA avait déjà fait l’objet d’une collision aviaire.

Cette décharge est également accusée de rendre l’air des localités environnantes irrespirable, comme celle d’ailleurs de Bourj Hammoud, située au Nord de la Capitale et dont le dossier est similaire.

Cette information intervient dans un contexte déjà rendu tendu, le gouvernement envisageant l’extension de cette décharge.

Pour l’heure, les autorités municipales de Beyrouth indiquent envoyer 200 tonnes d’ordures dans d’autres zones de stockages en attendant qu’une solution puisse être trouvée.

Côté gouvernement, le Premier Ministre Saad Hariri s’est réuni ce mercredi avec différents responsables du dossier dont le Ministre de l’Environnement Fadi Jreissati et une délégation de l’union des municipalités de la Banlieue Sud de Beyrouth pour discuter des solutions possibles pour en permettre la réouverture. Saad Hariri aurait ainsi demandé à ces derniers de permettre la réouverture de la décharge dans l’attente d’une solution alternative qui tarde pour l’heure à être adoptée.

Pour rappel, le Ministre de l’Environnement a présenté une feuille de route concernant la gestion des déchets le mois dernier. Il s’agirait de mettre en place 25 décharges sur l’ensemble du territoire libanais ainsi que, chose plus polémique, des incinérateurs dont beaucoup redoutent les effets sanitaires.

Une crise chronique des ordures depuis la fermeture de la décharge de Naameh en 2015

Pour rappel, les ordures avaient commencé à s’accumuler dans les rues de Beyrouth et du Mont-Liban à partir du 17 juillet 2015 suite à l’annulation du contrat avec la compagnie de ramassage Sukleen et de l’expiration du mandat d’exploitation de la décharge de Naameh. Face à l’impossibilité de trouver une solution pérenne à l’époque, les autorités d’alors avaient décidé de la réouverture de la décharge de Bourj Hammoud au nord de Beyrouth et de l’ouverture de la décharge de Costa Brava au sud de la capitale en dépit de la signature en 1994 du traité de Barcelone qui interdit de jeter des ordures en mer.

Cette crise avait amené à la mobilisation d’une frange de la population, avec de nombreuses manifestations qui se sont ainsi déroulées durant l’été 2015 au centre-ville de Beyrouth.

Les Forces de Sécurité ont été critiquées pour un usage inapproprié de la violence, alors que certaines sources indiquaient que des éléments proches de partis politiques s’étaient infiltrés parmi les manifestants pour provoquer des incidents.

Les décharges sauvages, responsables d’une forte augmentation des cancers

Depuis, la pollution engendrée par l’incident volontaire des décharges sauvages serait à l’origine d’une forte augmentation des cancers au sein de la population

Une étude de l’Unité de recherche concernant la qualité de l’air au Liban en 2015, avait ainsi noté une augmentation sans précédent de différentes substances cancérogènes dans l’air ambiant, résultants de l’incendie volontaire des déchets.

Dans une autre étude intitulée « C’est la mort que nous respirons’ : Risques liés à l’incinération des déchets au Liban« , des risques concernant la santé de la population avaient également été relevés.

Des ordures à la mer plutôt que de les voir dans les rues

Largement dépassées par la tournure des évènements, les autorités libanaises, face aux manifestants qui demandaient alors le retrait de la classe politique actuelle accusée de corruption dans différents dossiers, ne se sont contentées que d’annoncer des plans provisoires dont la mise en place de décharges au lieu-dit de Costa Brava au Sud de la Capitale et à Bourj Hammoud et Jdeideh au Nord de la Capitale, toutes sur des espaces gagnés sur la mer en contradiction avec le traité de Barcelone dont le Liban est portant signataire.

En avril 2019, le ministre de l’environnement, Fadi Jreissati, avait indiqué que la décharge de Bourj Hammoud, devrait être encore étendue en raison de l’absence de solution à long terme, jusqu’à présent dans la gestion des déchets et des ordures.

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