Depuis janvier 2025, le Liban dispose d’un nouveau leadership avec l’élection du général Joseph Aoun à la présidence et la nomination de Nawaf Salam, ancien président de la Cour internationale de justice, au poste de Premier ministre . Cette transition a suscité un regain d’optimisme, nourri par l’espoir de réformes structurelles tant attendues. 
Cependant, malgré cette nouvelle configuration politique, les réformes cruciales peinent à se concrétiser. Une des raisons majeures réside dans l’entrelacement étroit entre la sphère politique et le secteur financier. De nombreux responsables politiques siègent également dans les conseils d’administration des principales banques du pays, créant ainsi un conflit d’intérêts flagrant. Cette situation entrave la mise en œuvre de réformes financières indispensables, telles que la restructuration du secteur bancaire et la transparence des flux financiers.
Par ailleurs, le système confessionnel libanais, caractérisé par une répartition du pouvoir basée sur l’appartenance religieuse, favorise le clientélisme et la préservation des intérêts particuliers au détriment de l’intérêt général. Cette structure politique complexifie la prise de décisions et freine l’adoption de mesures audacieuses nécessaires pour sortir le pays de l’impasse économique.
L’administration publique, quant à elle, souffre d’une bureaucratie lourde et d’un manque d’efficacité. Le fonctionnarisme ambiant, combiné à une absence de vision stratégique, empêche l’élaboration et l’exécution de politiques publiques cohérentes. Les processus décisionnels sont souvent ralentis par des considérations partisanes, rendant difficile la mise en œuvre rapide des réformes.
Pour remédier à cette situation, il est impératif de séparer clairement les responsabilités politiques des intérêts financiers. Une réforme en profondeur du système politique est nécessaire pour instaurer une gouvernance transparente et efficace. Cela implique également de renforcer l’indépendance des institutions judiciaires et de lutter contre la corruption endémique qui mine la confiance des citoyens et des investisseurs.
Le Liban se trouve à un carrefour décisif. La réussite des réformes dépendra de la capacité de ses dirigeants à surmonter les obstacles structurels et à privilégier l’intérêt national sur les intérêts particuliers. Sans une volonté politique forte et une mobilisation collective, le pays risque de s’enliser davantage dans la crise.