Al Akhbar (17 mai 2025) met en lumière la volonté israélienne de redéfinir unilatéralement la configuration sécuritaire du sud libanais, en installant une zone tampon hors du cadre onusien. Le journal précise que cette initiative viserait à neutraliser l’action de la FINUL et à court-circuiter les mécanismes du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1701. Cette pression diplomatique s’accompagne d’opérations militaires ciblées. Plusieurs sources internes à la FINUL, citées par le quotidien, relèvent une multiplication des incidents en zone bleue, parmi lesquels des entrées de patrouilles israéliennes dans des zones de responsabilité internationale.
Al Bina’ (17 mai 2025) évoque un incident précis : la chute d’un drone israélien dans la région de Marjayoun, suivie d’une réaction de l’armée libanaise qui a verrouillé l’accès à la zone. Le silence observé par la FINUL à ce sujet nourrit selon le journal une suspicion croissante parmi les habitants. Un autre fait marquant rapporté par Al Akhbar (17 mai 2025) concerne l’affrontement entre une unité française de la FINUL et des résidents de Kherbet Selm : usage de gaz lacrymogène, tir en l’air, absence d’accompagnement par l’armée libanaise. Ces événements illustrent la fragilité opérationnelle d’une mission déployée dans un climat de méfiance généralisée.
Diplomatie : Joseph Aoun au Vatican, Nawaf Salam à Bagdad
Al Sharq (17 mai 2025) rapporte la présence du président Joseph Aoun au Vatican à l’occasion de l’intronisation du pape Léon XIV. Le chef de l’État y a prononcé une allocution sur le rôle historique du Liban comme espace de cohabitation interreligieuse. Il a plaidé pour un soutien accru à la stabilité intérieure du pays. Al Liwa’ (17 mai 2025) précise que cette visite a été précédée d’entretiens privés entre Joseph Aoun et le Secrétaire d’État du Saint-Siège autour des garanties internationales sur les réfugiés syriens et palestiniens au Liban.
En parallèle, Nawaf Salam représentait le Liban au sommet de Bagdad, comme le documente Al Sharq (17 mai 2025). Le Premier ministre y a exposé une ligne diplomatique d’équilibre : soutien à la souveraineté syrienne, rejet de toute forme de tutelle étrangère sur le Liban, appel à la coordination sécuritaire arabe. Il a insisté sur la nécessité de mécanismes de soutien financier multilatéraux face aux défis économiques du pays, notamment à travers un fonds commun arabe d’investissement.
Élections municipales : fragmentation du paysage partisan
Al Akhbar (17 mai 2025) note une transformation du paysage politique local à l’approche des élections municipales. À Zahlé, les Forces libanaises s’alignent seules, sans leurs partenaires habituels, alors que le Courant patriotique libre est absent des listes principales. Dans le Sud, notamment à Tyr et Saïda, les alliances traditionnelles sont ébranlées : Amal et Hezbollah maintiennent leurs candidatures conjointes mais sont confrontés à des listes chiites dissidentes.
Ad Diyar (17 mai 2025) observe une configuration similaire dans certaines zones sunnites : absence du Courant du futur, émergence de figures locales portées par des collectifs citoyens ou des ententes claniques. Le journal souligne aussi le phénomène d’abstention active parmi les électeurs maronites à Beyrouth, en partie liée à une défiance croissante envers le mode de scrutin et les enjeux communautaires. À l’échelle nationale, cette reconfiguration locale pourrait préfigurer une recomposition politique plus large.
Privatisation des infrastructures : Fayez Rassamni relance le débat
Al Akhbar (17 mai 2025) consacre un dossier à la proposition du ministre des Travaux publics, Fayez Rassamni, de privatiser les principaux ports et aéroports libanais. Le projet inclut notamment l’aéroport René Mouawad à Qleiaat, les ports de Tripoli et de Saïda. Le ministre justifie son initiative par le déficit structurel des finances publiques et la nécessité de répondre aux standards régionaux en matière de logistique.
Le journal rapporte les inquiétudes exprimées par plusieurs syndicats et économistes : manque de cadre législatif transparent, cession potentielle à des intérêts étrangers sans contrôle parlementaire, démantèlement des biens publics. Rassamni, interrogé par Al Akhbar, affirme que des entreprises émiraties et françaises auraient déjà exprimé leur intérêt pour des contrats de type BOT ou DBOT d’une durée de 25 ans.
Politique monétaire : rebond fragile des réserves en devises
Al Akhbar (17 mai 2025) analyse la récente hausse des réserves en devises à la Banque du Liban, qui atteindraient 11 milliards de dollars. Cette évolution serait en partie liée à un resserrement monétaire opéré par la Banque centrale : retrait progressif de la liquidité en livres, incitation à la conversion vers le dollar via des taux incitatifs pour les paiements publics.
Des économistes interrogés par le journal nuancent cette reprise. Ils alertent sur le caractère artificiel d’une partie de ces réserves, liée à des mécanismes d’endettement interne ou à des blocages de transferts internationaux. Ils pointent également le risque d’une chute brutale si les tensions politiques reprennent. Le gouverneur intérimaire affirme, pour sa part, que la stratégie actuelle vise une “stabilisation progressive du marché de change” en attendant un soutien extérieur conditionné à des réformes fiscales et douanières.
Politique locale : recomposition municipale, repositionnement des forces et tensions communautaires
Zahlé : une bataille sans le CPL, les Forces libanaises isolées
Selon Al Akhbar (17 mai 2025), la ville de Zahlé se présente comme un laboratoire politique dans le cadre des élections municipales. Le journal rapporte que les Forces libanaises ont choisi de se lancer seules dans la bataille électorale, sans s’allier à leurs partenaires habituels. Cette décision semble refléter une volonté de redéfinir leur positionnement dans la Bekaa, malgré une présence électorale incertaine. En parallèle, le Courant patriotique libre n’a pas été en mesure de constituer une liste crédible dans la circonscription, illustrant un affaiblissement significatif du parti sur le terrain local.
Ad Diyar (17 mai 2025) ajoute que cette fragmentation crée une situation confuse pour les électeurs, d’autant que plusieurs figures traditionnelles de Zahlé ont préféré rester en retrait. Le climat est décrit comme « tendu », avec des accusations croisées sur l’absence de projets de développement clairs et l’utilisation excessive des clivages communautaires pour mobiliser l’électorat.
Sud : Saïda et Tyr, des terrains d’affrontement interne chiite
À Saïda, Ad Diyar (17 mai 2025) signale des alliances électorales renouvelées. Le journal observe une montée en puissance de listes soutenues par des coalitions communautaires issues des quartiers périphériques, combinant partisans du mouvement Amal et indépendants. Cette configuration bouscule la domination traditionnelle du Hezbollah et d’Amal, qui peinent à rallier l’ensemble de leur base militante.
À Tyr, Al Akhbar (17 mai 2025) détaille un affrontement entre la liste soutenue par le tandem chiite et des candidatures dissidentes issues de leur propre camp. Cette situation inédite se manifeste par des figures ayant participé auparavant aux scrutins sous la bannière d’Amal ou du Hezbollah, mais qui remettent aujourd’hui en cause leur centralisation des décisions locales. La journaliste Amal Khalil rapporte que le principal enjeu évoqué par les opposants est la marginalisation des intérêts économiques et sociaux dans les quartiers maritimes.
Beyrouth et Mont-Liban : abstentionnisme et défiance
Dans la capitale, selon Al Liwa’ (17 mai 2025), la dynamique électorale est faible, en particulier dans les quartiers à majorité chrétienne. Le journal évoque un désengagement notable des partis historiques comme les Kataëb ou le CPL, au profit de regroupements civiques et de listes portées par des ONG locales. Toutefois, ces initiatives manquent de moyens et peinent à articuler des programmes concrets.
Dans le Mont-Liban, la situation est décrite comme polarisée. À Jounieh, les tensions entre les clans locaux – principalement les Abou Jaoudeh et les Khazen – ont entraîné des divisions dans la formation des listes, ce qui pourrait conduire à une élection sans majorité claire. À Baabda, selon Ad Diyar (17 mai 2025), la compétition est plus structurée autour de projets de rénovation urbaine, avec une forte implication des associations environnementales.
Dors : revendication d’un vote communautaire apaisé
Dans la localité de Dors, toujours selon Ad Diyar (17 mai 2025), une liste emmenée par le notable local Abdo Najem a été constituée sur une base interconfessionnelle explicite. Le programme électoral met en avant la gestion municipale hors des clivages politiques et plaide pour une gouvernance axée sur les besoins essentiels : eau, voirie, déchets. Cette stratégie semble porter ses fruits selon le journal, qui souligne une mobilisation citoyenne inédite autour du scrutin. Les observateurs voient dans cet exemple une possible alternative au modèle confessionnel dominant.
Équilibre des forces : retrait du Courant du Futur, recomposition sunnite
Al Akhbar (17 mai 2025) rappelle que le Courant du Futur, historiquement dominant dans les régions sunnites, ne participe pas officiellement aux élections. Ce retrait volontaire ouvre un espace que tentent d’occuper des collectifs de jeunes ou des figures communautaires locales. À Tripoli, les listes sont particulièrement éclatées, sans force dominante. À Saïda, l’absence d’un leadership structuré se traduit par un foisonnement de candidatures indépendantes.
Ce vide est interprété par plusieurs analystes cités dans le journal comme un symptôme du déclin durable du leadership sunnite centralisé, consécutif à l’effacement de Saad Hariri et à l’absence de relais clairs au sein du parti. Cette mutation génère un climat d’incertitude à court terme mais pourrait favoriser des dynamiques décentralisées de représentation à l’avenir.
Perspectives : relocalisation du débat politique et tensions communautaires persistantes
Plusieurs sources dans Ad Diyar (17 mai 2025) insistent sur un phénomène paradoxal : la rétraction des partis nationaux laisse le champ libre à des dynamiques locales, mais cette libération n’aboutit pas forcément à un débat programmatique. Au contraire, dans certaines localités, des tensions identitaires ont resurgi avec force. Le journal cite le cas d’une commune chrétienne du Metn où des tracts anonymes ont été distribués accusant certaines listes de « dilution démographique », en lien avec des ventes de biens immobiliers à des non-chrétiens.
Cette situation incarne un risque politique souligné également dans Al Akhbar (17 mai 2025), où l’auteur d’un éditorial note que « l’effondrement des coalitions nationales pourrait paradoxalement renforcer les replis communautaires ». Ainsi, si certaines listes affichent un programme de gestion civique, elles doivent composer avec un électorat polarisé, héritier d’un système politique confessionnalisé.
Diplomatie : double présence présidentielle et stratégie d’alignement régional
Joseph Aoun au Vatican : diplomatie symbolique et soutien international
Le président de la République Joseph Aoun a effectué une visite officielle au Vatican à l’occasion de l’intronisation du pape Léon XIV. Al Sharq (17 mai 2025) et Al Liwa’ (17 mai 2025) rapportent que cette mission diplomatique visait à réaffirmer le rôle du Liban comme modèle de coexistence interreligieuse. Lors de son discours, Aoun a plaidé pour une protection internationale de cette spécificité, mettant en avant la tradition pluraliste du Liban comme une richesse fragile à préserver.
Selon Al Liwa’ (17 mai 2025), les échanges entre Joseph Aoun et le Secrétaire d’État du Saint-Siège ont porté sur deux sujets sensibles : le retour des réfugiés syriens dans le respect du droit international et la nécessité de maintenir un soutien humanitaire européen à travers des circuits bilatéraux. Le président aurait également obtenu l’engagement du Vatican de mobiliser son réseau diplomatique en faveur du Liban au sein de l’Union européenne, notamment sur les questions liées à l’aide au développement.
Nawaf Salam à Bagdad : appel à une coopération arabe renforcée
Pendant ce temps, Nawaf Salam, Premier ministre, participait à un sommet régional à Bagdad. D’après Al Sharq (17 mai 2025), ce forum a réuni plusieurs chefs de gouvernement arabes autour des thèmes de la sécurité collective et du développement économique. Salam a défendu une vision du Liban comme plateforme de dialogue entre les puissances régionales. Il a plaidé pour l’établissement d’un fonds arabe de soutien budgétaire aux États fragiles, tout en appelant à une coordination diplomatique accrue face aux tensions persistantes entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Al Bina’ (17 mai 2025) indique que Salam a également tenu des réunions bilatérales avec le Premier ministre irakien et les ministres des Affaires étrangères du Qatar et de la Jordanie. Ces entretiens auraient abouti à la promesse d’une relance du corridor commercial Beyrouth-Bagdad via Damas, incluant des mesures de facilitation douanière. L’article précise que la diplomatie libanaise vise ici à réactiver un axe économique Est-Ouest abandonné depuis la guerre syrienne.
Réactivation des relations interorthodoxes : la carte russe de Joseph Aoun
En marge de ces déplacements, Joseph Aoun a reçu à Baabda une délégation de la Patriarcat de Moscou. Al Bina’ (17 mai 2025) publie une photo du président entre le métropolite Rodakov et un groupe d’émissaires orthodoxes russes. Cette visite s’inscrit, selon le journal, dans une tentative de diversification des alliances spirituelles du Liban à l’heure où les Églises orientales cherchent à renforcer leur voix sur la scène internationale.
L’accueil réservé par Aoun à la délégation russe est interprété comme une ouverture tactique à la médiation diplomatique orthodoxe, notamment sur les questions de neutralité religieuse dans les écoles et les institutions publiques. Cette dynamique, bien que marginale, est perçue comme un signal adressé aux milieux ecclésiastiques libanais inquiets d’un recul de leur influence dans l’ordre symbolique national.
Positionnement international : le Liban entre neutralité et alignement conditionnel
Ad Diyar (17 mai 2025) consacre un éditorial à la posture diplomatique actuelle du Liban. Le journal affirme que le pouvoir exécutif adopte une ligne dite « de participation sans exposition », qui consiste à intervenir dans les forums régionaux sans prendre position tranchée sur les clivages géopolitiques. Cette orientation viserait à préserver une autonomie décisionnelle tout en obtenant les dividendes économiques des alliances disponibles.
Cette stratégie reste cependant fragile. Al Akhbar (17 mai 2025) met en garde contre une diplomatie de façade, estimant que l’absence d’initiative propre du Liban le relègue à un rôle secondaire dans les grands rééquilibrages moyen-orientaux. Le journal souligne également le désengagement progressif de plusieurs chancelleries occidentales, qui conditionnent désormais leur aide à des réformes structurelles que le gouvernement libanais peine à mettre en œuvre.
Tensions latentes sur la scène diplomatique interne
Enfin, Ad Diyar (17 mai 2025) note que l’activisme diplomatique du président Joseph Aoun et du Premier ministre Nawaf Salam suscite des frictions internes. Plusieurs figures du Parlement se plaignent, selon le journal, de décisions prises sans consultation, notamment en matière de nominations diplomatiques et d’orientation des négociations avec le FMI. Ce déséquilibre entre les prérogatives constitutionnelles et les pratiques effectives du pouvoir aggrave, selon le journal, la crise de confiance entre les institutions.
Politique internationale : désescalade syro-israélienne, ambitions iraniennes, et recomposition régionale
Renouveau diplomatique entre Israël et la Syrie : vers un nouvel accord ?
Ad Diyar (17 mai 2025) révèle que les capitales occidentales, emmenées par Washington, encouragent des négociations directes entre la Syrie et Israël, dans un cadre similaire à celui de Camp David. Le journal rapporte qu’un premier round de discussions a eu lieu à Washington, impliquant le président de transition syrien Ahmed Sharh, soutenu par l’Arabie saoudite et les Émirats. Cet événement s’est produit dans la foulée d’une annonce de Donald Trump concernant la levée partielle des sanctions contre la Syrie, dans une tentative de relancer le processus de paix régional.
Al Joumhouriyat (17 mai 2025) complète que cette initiative diplomatique suscite une forte perplexité dans les milieux politiques arabes, certains y voyant une tentative prématurée de reconstruire un axe Damas-Riyad-Tel Aviv. Le journal mentionne également la participation indirecte du président turc Recep Tayyip Erdoğan, qui aurait supervisé certaines communications par voie électronique. Cette configuration inédite ranime les spéculations sur une possible réactivation du « scénario Sin-Sin », axé sur une coopération saoudo-syrienne relancée sur fond de désengagement américain.
Trump et l’Iran : ultimatum et commerce
Al Sharq Al Awsat (17 mai 2025) indique que Donald Trump, lors d’un passage éclair à Abou Dhabi, a réaffirmé sa volonté d’un accord nucléaire avec l’Iran « avant qu’il ne soit trop tard ». Le journal rapporte que Trump a promis aux Émirats un renforcement stratégique des investissements croisés en échange de leur soutien à une solution diplomatique avec Téhéran. En parallèle, des consultations se poursuivent à Istanbul entre l’Iran et trois pays européens autour d’un retour à l’accord de 2015. L’enjeu central, selon Al Sharq (17 mai 2025), est la garantie d’un accès commercial accru pour l’Iran en cas de reprise des engagements nucléaires.
Conflit au Yémen : Israël attaque la façade maritime houthiste
Israël a lancé une série de frappes ciblées contre les infrastructures portuaires de la ville de Hodeïda au Yémen, selon Al Sharq Al Awsat (17 mai 2025). Cette opération, la huitième du genre en deux semaines, viserait à affaiblir les capacités logistiques des Houthis, accusés d’avoir tiré des drones contre des positions israéliennes au sud. Le journal explique que cette intervention s’inscrit dans une stratégie israélienne de « défense active étendue » contre toute menace pro-iranienne dans la région, incluant également des opérations navales en mer Rouge.
France, États-Unis et stabilisation libanaise : soutien conditionnel
Al Joumhouriyat (17 mai 2025) souligne que les diplomaties occidentales conditionnent toute aide significative au Liban à des avancées sur les réformes institutionnelles. Le journal note que la France mène actuellement des consultations discrètes avec l’Iran et les États-Unis pour éviter un vide stratégique prolongé au Liban. Dans ce contexte, Paris s’efforce de maintenir le cadre de coopération avec la FINUL, malgré les tensions croissantes avec Israël.
Réactions arabes : prudence et fragmentation
Dans Al Bina’ (17 mai 2025), un éditorial de Nasser Qandil dénonce la logique de normalisation impulsée par Washington et relayée selon lui par certaines capitales du Golfe. L’auteur y voit une tentative de « recycler » le paradigme de l’accord du 17 mai 1983 entre Israël et le Liban, sur la base d’une paix imposée par des équilibres militaires asymétriques. Le texte critique également le soutien implicite accordé par l’Occident à la transformation du Hezbollah en acteur politique désarmé, ce qui, selon Qandil, revient à « légaliser une occupation symbolique sous forme d’accords ».
Économie : stabilisation monétaire, projets de privatisation et défaillances structurelles
Réserves en devises : hausse conditionnée par une contraction monétaire
Selon Al Akhbar (17 mai 2025), les réserves de la Banque du Liban atteignent désormais 11 milliards de dollars. Cette progression serait due à une politique rigoureuse de contraction de la masse monétaire en livres libanaises et à la hausse des transactions effectuées en devises sur le marché local. Le journal cite des responsables de la Banque centrale qui défendent cette stratégie comme un moyen d’endiguer l’inflation et de restaurer la confiance dans la livre libanaise.
Cependant, plusieurs économistes interrogés par le journal alertent sur le caractère fragile de cette amélioration. Ils rappellent que les réserves restent fortement dépendantes des transferts des Libanais de l’étranger et de la baisse des importations plutôt que d’une relance économique réelle. Cette dynamique pourrait rapidement s’inverser en cas de crise politique ou de reprise de la fuite des capitaux.
Privatisations annoncées : infrastructures stratégiques en ligne de mire
Toujours selon Al Akhbar (17 mai 2025), le ministre des Travaux publics Fayez Rassamni a relancé l’idée d’une privatisation partielle des infrastructures de transport, notamment l’aéroport René Mouawad à Qleiaat ainsi que les ports de Tripoli et de Saïda. Le ministre a déclaré que l’État n’a plus les capacités financières pour assurer l’entretien et la modernisation de ces équipements, justifiant le recours au capital privé pour garantir leur exploitation efficace.
Cette annonce a immédiatement provoqué des réactions critiques. Des syndicats dénoncent une démarche précipitée, dépourvue de vision stratégique, et un risque de bradage du patrimoine public. D’autres voix mettent en garde contre l’absence d’un cadre juridique adéquat pour encadrer ces opérations, notamment en matière de transparence, d’appel d’offres et de clauses de réversibilité.
Secteur numérique : l’Internet illégal siphonne les recettes
Ad Diyar (17 mai 2025) publie une enquête consacrée au marché informel de la connectivité Internet. L’article révèle qu’environ 700 000 usagers du réseau national recourent à des fournisseurs non agréés, causant une perte annuelle de 150 millions de dollars pour l’État. Le président de l’Autorité de régulation des télécoms y déclare que ce phénomène est dû à l’échec de l’État à assurer un service fiable et universel, notamment dans les zones rurales.
Les fournisseurs informels tirent parti de cette carence pour proposer des offres compétitives, souvent basées sur des connexions satellites non déclarées. Cette situation met en péril la viabilité financière d’Ogero, l’opérateur public, déjà affaibli par des coupures électriques fréquentes et des dettes accumulées auprès des distributeurs d’énergie.
Secteur hospitalier : financement en tension et mécanismes de survie
Dans Al Sharq (17 mai 2025), un dossier est consacré à la situation financière des établissements hospitaliers. Le journal rapporte que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a avancé des fonds exceptionnels à plusieurs hôpitaux pour éviter une interruption de service. Cette mesure transitoire vise à garantir la continuité des soins, dans un contexte marqué par des retards de remboursement de plus de neuf mois sur certaines prestations.
Des administrateurs hospitaliers, cités anonymement, décrivent un système au bord de l’effondrement : médicaments non remboursés, pannes d’équipements, sous-effectifs médicaux. L’Union des hôpitaux privés réclame un déblocage d’urgence de 500 millions de livres libanaises et la mise en place d’un mécanisme de préfinancement permanent, appuyé par les bailleurs internationaux.
Banque centrale et FMI : statu quo stratégique et différends internes
Al Joumhouriyat (17 mai 2025) note que les discussions entre la Banque du Liban et le FMI stagnent. L’article évoque une divergence de fond : alors que le FMI insiste sur une réforme globale du secteur bancaire (notamment la réduction du nombre de banques), la Banque centrale préfère une approche progressive, évitant les faillites immédiates.
Des sources internes rapportent aussi des tensions entre le ministère des Finances et la direction de la Banque du Liban autour des projections de croissance pour 2025, jugées « irréalistes » par le FMI. Ce blocage complique la possibilité d’obtenir une tranche supplémentaire du programme d’aide de 3 milliards de dollars négocié en 2022.
Justice : litiges communautaires, impunité politique et lenteur procédurale
Procédure exceptionnelle au tribunal jaafari : une affaire d’ordre personnel exposée
Ad Diyar (17 mai 2025) révèle une procédure judiciaire peu commune entamée au sein du tribunal jaafari supérieur à l’encontre d’un individu dénommé Hassan Qassem, dont le lieu de résidence est inconnu. La demande introduite par Abir Hassan Khashab concerne une autorisation de déplacement (type « ibaha ») dans le cadre d’un litige familial. Ce type de contentieux, typique des juridictions religieuses chiites, souligne les tensions entre droit personnel religieux et cadre légal national. Le tribunal a fixé l’audience au 17 juin 2025 et précisé que l’absence de réponse ou de comparution vaudrait décision par défaut.
Cette situation soulève plusieurs interrogations sur la transparence et la traçabilité des notifications judiciaires dans les zones à faibles enregistrements d’état civil, particulièrement en contexte de migration interne ou d’exil économique.
Défense civile et appareil judiciaire : coordination préventive pour les municipales
Toujours dans Ad Diyar (17 mai 2025), un autre volet concerne la mise en alerte des services du ministère de l’Intérieur à l’occasion du troisième tour des élections municipales. Le directeur par intérim de la Défense civile, le général Nabil Farah, a décrété une mobilisation à 100 % des moyens opérationnels entre le 17 et le 19 mai. Cette décision vise à sécuriser les centres de vote et prévenir tout débordement pouvant nécessiter une intervention judiciaire d’urgence.
Cette mobilisation témoigne d’une anticipation des risques potentiels de conflits électoraux, en particulier dans des zones comme le Metn, Baalbek-Hermel ou certains quartiers de Tripoli où des tensions locales ont été signalées. Elle révèle aussi l’implication croissante de l’appareil de sécurité civile dans des fonctions traditionnellement dévolues au ministère de la Justice, signe d’un déséquilibre institutionnel croissant.
Affaire de fiscalité publique : relance des poursuites contre sociétés débitrices
Al Akhbar (17 mai 2025) publie une série de notifications judiciaires émises par le ministère des Finances à l’encontre de plusieurs sociétés libanaises, parmi lesquelles « A&A Construction s.a.l » et « Food Services Systems ». Ces entités sont appelées à se présenter dans un délai de trente jours pour se conformer à des obligations fiscales sous peine de sanctions pécuniaires automatiques. Les montants ne sont pas précisés, mais l’administration insiste sur le caractère définitif du recouvrement si les délais ne sont pas respectés.
Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de redressement budgétaire entamée depuis 2022, mais freinée par le manque de moyens administratifs et les tensions entre les ministères. Le journal souligne que certains de ces dossiers sont gelés depuis plus de cinq ans, faute d’instruction judiciaire efficace.
Tribunaux et politique : paralysie des grands dossiers de corruption
Aucune des sources du jour ne signale d’avancée sur les affaires emblématiques de corruption, telles que celles liées aux anciens gouverneurs de la Banque du Liban ou aux contrats d’électricité. Ce silence est interprété dans Ad Diyar (17 mai 2025) comme un « symptôme d’une justice sélective », dans laquelle les dossiers impliquant des figures de premier plan ne font l’objet ni de convocations ni de mesures conservatoires, même lorsqu’ils concernent des montants dépassant les 100 millions de dollars.
Cette absence d’évolution renforce la perception d’impunité dans l’opinion publique. Elle est également dénoncée par plusieurs ONG juridiques, qui réclament la création d’un parquet financier indépendant, en dehors de l’autorité du ministre de la Justice ou du Conseil supérieur de la magistrature.
Justice militaire : dossiers gelés et vacance stratégique
Enfin, selon Al Akhbar (17 mai 2025), le tribunal militaire n’a traité aucune affaire majeure cette semaine. Plusieurs observateurs y voient un effet du blocage institutionnel, le poste de procureur militaire n’étant toujours pas officiellement pourvu après la démission du précédent titulaire pour des raisons de santé. Ce vide entrave le traitement des affaires touchant les forces de sécurité, y compris les enquêtes relatives aux incidents de Kherbet Selm impliquant la FINUL et la population locale.
Cette paralysie renforce le déséquilibre entre justice civile et militaire. Alors que la première se montre surchargée, la seconde souffre d’un manque d’autonomie et de volonté politique pour instruire des dossiers sensibles. La proposition de fusion des deux systèmes judiciaires, évoquée en 2023, reste à l’état de projet sans feuille de route concrète.