Au 36ème jour de manifestations et à la veille du 76ème anniversaire de l’accession à l’Indépendance du Liban, le Président de la République, le Général Michel Aoun, s’est exprimé pour aborder les principaux défis auquel le Pays des Cèdres fait actuellement face.

Il a souhaité que cette nouvelle année puisse être celle de l’indépendance économique, géographique, environnementale, et sociale. Il a également jugé nécessaire de protéger le Liban des conflits d’ordre sectaire notamment en débutant les procédures nécessaires à l’établissement d’un état civil.

Concernant la corruption qui ravage les institutions libanaises, le chef de l’état a estimé que les récentes manifestations populaires ont brisé certains tabous, induits notamment par le système confessionnel, et ont permis au pouvoir judiciaire d’agir. Il a souligné que les législateurs, désormais, devront adopter les lois nécessaires à la lutte contre la corruption avant d’estimer nécessaire la récupération des sommes détournées.

Le discours du Président de la République

Libanaises, les Libanais,

À la veille du 76e anniversaire de l’indépendance, je m’adresse à vous, sachant que ce n’est pas le moment de faire des discours, des discours et des célébrations. C’est l’heure du travail, parce que nous sommes dans une course contre la montre, les défis sont grands et sérieux et nous avons perdu beaucoup de temps.
Un nouveau gouvernement, attendu par le Liban, devait être constitué et commencer ses travaux. Cependant, les contradictions qui régissent la politique libanaise ont forcé la prudence pour éviter les plus dangers, mais aussi pour atteindre un gouvernement qui réponde à vos ambitions et aspirations autant qu’il soit efficace, productif et régulier, car les défis à venir sont énormes et les avantages sont énormes.

Chers Libanais,

Soixante seize ans se sont écoulés depuis que le Liban est devenu une patrie indépendante, au cours de laquelle il a vécu des moments difficiles dans lesquels son indépendance a été mise en péril, et à chaque épreuve, nous sommes de plus en plus certains que le maintien de l’indépendance est plus difficile à obtenir. Cela est ce à quoi nous nous accrochons aujourd’hui et toujours, avec toute notre détermination et notre force, quel qu’en soit le prix.

Les accords et les compromis préparés pour notre région et les tentatives pour les imposer menacent non seulement l’indépendance des États concernés, mais aussi leur existence.
Par conséquent, notre affirmation de l’indépendance du Liban ne signifie pas un antagonisme avec quelconque État ni un antagonisme envers quiconque. Si la politique est l’art du possible, c’est aussi le rejet de l’inacceptable.

Ce ne sont pas seulement les règlements internationaux qui menacent la stabilité des États: il existe au Liban un grave danger pour notre société, nos institutions et notre économie: la corruption.
La lutte contre la corruption est devenue un slogan invoqué chaque fois que cela est nécessaire, en particulier par ceux qui y sont plongés, mais, dans les procédures de mise en œuvre les plus simples, des lignes rouges sectaires et confessionnelles commencent à émerger.

La bataille est rude, même plus dure, alors je me suis adressé à vous, les Libanais, pour demander de l’aide. Personne d’autre n’est en mesure de rendre toutes les lignes accessibles. Vous seul pouvez faire pression pour la mise en œuvre des lois existantes, légiférer sur ce qui est nécessaire pour récupérer les fonds pillés et poursuivre les corrompus.

Je réitère mon appel aux manifestants pour qu’ils examinent de plus près leurs demandes actuelles et les moyens de les mettre en œuvre, car le dialogue à lui seul est le moyen approprié pour résoudre les crises.

Les récents mouvements populaires ont brisé certains des tabous précédents, renversé dans une certaine mesure les protections (dont certains ont joui), poussé le pouvoir judiciaire à agir et incité le législateur à donner la priorité à un certain nombre de projets de loi anti-corruption.

Il est sain et utile de mettre en évidence les affaires de corruption dans les médias et sur les places, tout en fournissant des informations et des documents à la disposition du pouvoir judiciaire. Cependant, les médias, la rue et la controverse politique se transforment en procureur, procureur, juge et prisonnier.

Vous avez demandé la justice, alors laissez-la faire son devoir …
En tant que juges, voici ce que vous devez faire: aujourd’hui, vous devez respecter votre serment, faire votre devoir «honnêtement» et être le «juge honnête et sincère».

Depuis 2017, j’ai renvoyé devant le pouvoir judiciaire plus de 18 affaires de corruption et de corruption dans les administrations d’État et, à ce jour, aucune d’entre elles n’a été condamnée. Si retarder la justice n’est pas juste, le retard dans le règlement des affaires de corruption est un encouragement involontaire de la corruption. Nous comptons sur les récentes nominations à la magistrature pour activer le rôle du pouvoir judiciaire et renforcer son indépendance afin de parvenir à un pouvoir judiciaire indépendant, courageux et impartial, le glaive majeur de la lutte contre la corruption. Je répète que je serai un barrage imprenable et un toit en acier pour protéger le système judiciaire. Je veux dire que j’empêcherai toute ingérence pour préserver la Constitution et les lois.

Chers Libanais,
Nous sommes aux portes du deuxième centenaire du Grand Liban et nous nous retrouvons pris en otage par une grave crise économique, résultant de mauvaises politiques économiques, de la corruption et du gaspillage de la gestion des choses publiques pendant des décennies.
Nous devons entamer une année d’une réelle indépendance économique, en transformant l’économie rentière en une économie productive, en soutenant l’agriculture et l’industrie et en adoptant des mesures de relance économique pour rendre notre production compétitive sur les marchés étrangers. Nous devons consacrer toute son attention au secteur technologique et à l’économie de la connaissance dans laquelle le Liban peut être un concurrent sérieux.

Oui, nous devons oeuvrer pour en faire une année d’indépendance économique réelle, en commençant à forer le premier puits de pétrole en mer et en adoptant une loi sur les fonds souverains qui gérera les revenus pétroliers tout en respectant les normes de transparence mondiales les plus rigoureuses.

Nous devons faire de cette année une année d’indépendance géographique en conservant chaque mètre d’eau de la zone économique riche en ressources naturelles, de la même manière que nous possédons chaque pouce de notre territoire et que nous cherchons à libérer ce qui en reste sous l’occupation israélienne.
Nous devons faire de cette année une année d’indépendance environnementale grâce au boisement de montagnes, en particulier aux récents incendies.

Nous devons faire également de cette année une année d’indépendance véritablement sociale, en commençant par l’adoption de la loi sur la protection intégrale, appelée garantie de la vieillesse.

L’indépendance est obtenue en nous libérant de nos conflits sectaires et confessionnels et en prenant les mesures nécessaires pour établir un État civil.
Il est temps de travailler et le prochain gouvernement me trouvera présent pour suivre son travail et motivé pour réussir.

Aux Militaires,
L’indépendance ne peut passer sans vous, car vous avez été et resterez le bouclier de la patrie, les protecteurs de son indépendance et la clôture de son unité.
Les tâches les plus difficiles auxquelles vous pourriez être confrontés militairement sont les tâches internes comme que vous l’êtes.
Votre réussite dans cette tâche délicate réside dans l’équilibre entre la confiance des citoyens en vous et cette confiance est précieuse et irremplaçable.

Vous les Libanais, en particulier les jeunes,
C’est l’un des plus grands dangers qui pèsent sur la patrie et la société: n’oubliez pas qu’après cette crise, vous retournerez chez vous, dans le quartier, à l’école, à l’université, au travail … Vous reviendrez vivre ensemble. Détruire est facile, mais construire est ardu, ne détruisez pas les fondements de notre société, qui reposent sur le respect de l’autre et la liberté de croyance, d’opinion et d’expression.

Vos ancêtres ont eu la peine de préserver leur existence libre et leur existence indépendante, et vos parents ont connu toutes sortes de souffrances dans une guerre interne dévastatrice qui a anéanti la plupart de leurs rêves et enlevé la fleur de leur âge.

Vive les Libanais, Vive le Liban

Voir le discours (en arabe)

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