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Nawaf Salam impose une séparation entre politique et affaires : vers une gouvernance plus éthique au Liban ?

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Le Premier ministre Nawaf Salam a récemment demandé à tous les ministres de se consacrer exclusivement à leurs fonctions gouvernementales et de renoncer à tout poste au sein de conseils d’administration de banques ou d’entreprises commerciales. Cette décision s’inscrit dans une volonté de moralisation de la vie politique et de lutte contre les conflits d’intérêts, dans un pays où les liens entre politique et affaires ont souvent nourri la corruption et la méfiance populaire.

Un système gangrené par les conflits d’intérêts

Depuis des décennies, la gouvernance libanaise est étroitement liée aux milieux d’affaires et bancaires, entraînant une confusion entre intérêts publics et privés. De nombreux ministres et hauts fonctionnaires cumulent des fonctions au sein d’institutions financières et de grandes entreprises, influençant ainsi les décisions de l’État en fonction d’intérêts particuliers. Cette collusion a contribué à la crise économique et financière qui secoue le Liban, notamment en empêchant les réformes structurelles nécessaires.

Le secteur bancaire, par exemple, a longtemps bénéficié de protections politiques qui ont retardé les audits et bloqué toute tentative de restructuration du système financier. De même, certains ministres issus du monde des affaires ont été accusés d’utiliser leur position pour faciliter des contrats publics au profit de leurs propres entreprises.

La décision de Nawaf Salam vise ainsi à rompre avec ces pratiques en exigeant une séparation stricte entre responsabilités ministérielles et activités commerciales, dans le but de garantir plus de transparence et d’éthique dans l’action gouvernementale.

Une exigence qui s’inscrit dans un contexte de crise et de réformes attendues

Cette annonce intervient à un moment clé pour le Liban. La situation économique reste extrêmement fragile, avec une inflation galopante, une livre libanaise en perte de valeur et un secteur bancaire en crise. Les institutions internationales et les bailleurs de fonds ont multiplié les avertissements, conditionnant toute aide financière à des réformes profondes de la gouvernance et du système bancaire.

L’une des demandes récurrentes des partenaires internationaux est précisément une meilleure transparence dans la gestion des affaires publiques. En interdisant aux ministres de siéger au sein de conseils d’administration de banques et d’entreprises, le gouvernement Salam cherche à rassurer les investisseurs et les institutions financières en montrant une volonté de rupture avec les anciennes pratiques.

Cette décision vise également à répondre à la colère de la population, qui reproche aux élites politiques leur enrichissement personnel au détriment de l’intérêt général. Les manifestations des dernières années ont souvent dénoncé la mainmise des cercles économiques et bancaires sur le pouvoir politique, alimentant la méfiance et l’instabilité.

Un défi pour le gouvernement Salam : faire appliquer la décision

Si l’annonce du Premier ministre marque une avancée sur le plan éthique, sa mise en application risque d’être confrontée à de fortes résistances. Certains ministres ont des intérêts économiques directs et ne voient pas d’un bon œil cette nouvelle règle, qui les obligerait à choisir entre leurs affaires et leur poste politique.

Le Liban n’a jamais véritablement mis en place de mécanisme contraignant pour réguler les conflits d’intérêts dans la vie publique. Jusqu’à présent, les déclarations de patrimoine et d’activités des responsables politiques sont restées peu encadrées et rarement contrôlées, laissant la porte ouverte à des abus fréquents.

Le Premier ministre devra donc s’assurer que cette mesure ne reste pas symbolique, en imposant des sanctions claires pour les ministres qui refuseraient de se conformer à cette nouvelle exigence. Il devra également gagner le soutien du Parlement, où certains blocs politiques pourraient s’opposer à cette initiative, considérée comme une attaque contre les intérêts des élites économiques.

Une première étape vers une gouvernance plus responsable ?

Si Nawaf Salam parvient à faire appliquer cette règle, cela pourrait marquer une avancée significative vers une gouvernance plus responsable et transparente au Liban. Toutefois, une seule mesure ne suffira pas à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.

D’autres réformes seront nécessaires pour assurer une meilleure régulation des conflits d’intérêts, renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire et améliorer la gestion des finances publiques. La mise en place d’un mécanisme de surveillance indépendant, chargé de vérifier la conformité des ministres avec cette nouvelle règle, pourrait être une solution pour éviter tout contournement de la mesure.

Cette initiative du Premier ministre s’inscrit ainsi dans une dynamique de réforme attendue depuis longtemps, mais elle reste un premier test de sa capacité à imposer une gouvernance plus éthique dans un système politique habitué à l’interconnexion entre pouvoir et affaires. Son succès ou son échec enverra un signal clair sur la viabilité du projet de réforme qu’il porte pour le Liban.

Nawaf Salam face aux conflits d’intérêts : peut-il imposer une gouvernance sans influence bancaire ?

Lorsque Nawaf Salam a été nommé Premier ministre du Liban, son mandat semblait clair : sortir le pays de la crise économique et restaurer la confiance des institutions financières internationales. Pourtant, la composition de son gouvernement, officialisée le 9 février 2025, a immédiatement soulevé de vives inquiétudes. Sur les 24 ministres de son cabinet, 11 ont des liens directs avec le secteur bancaire, dont plusieurs occupent ou ont occupé des postes dans les conseils d’administration de grandes banques privées.

Face à ces accusations de conflits d’intérêts, Nawaf Salam a pris une décision forte : exiger que ses ministres quittent toute fonction dans les banques et entreprises privées afin de se consacrer pleinement à leur rôle gouvernemental. Cette initiative vise à limiter l’influence des banques sur l’élaboration des politiques économiques et financières, dans un contexte où le Liban négocie avec le FMI un plan de sauvetage crucial.

Mais cette exigence suffira-t-elle à garantir une gouvernance transparente et indépendante, ou s’agit-il d’un simple geste symbolique dans un système gangrené par la collusion entre politique et finance ?

Un gouvernement sous l’emprise des banques

Dès l’annonce de la composition du gouvernement Salam, les observateurs ont pointé du doigt l’influence du secteur bancaire au sein de l’exécutif. Parmi les ministres les plus controversés figurent :

  • Joseph Al-Sadi (Énergie) – Ancien administrateur et actionnaire de Saradar Bank.
  • Joe Issa Al-Khoury (Industrie) – Ancien membre du conseil d’administration d’une banque privée.
  • Laura El Khazen (Tourisme) – Ex-membre du conseil d’administration de Saradar Bank.
  • Yassine Jaber (Finances) – Ancien cadre dirigeant dans une grande banque libanaise.
  • Amer Al-Bassat (Économie et Commerce) – Ex-directeur général d’une banque privée.

Ces personnalités occupent des postes stratégiques dans l’élaboration de la politique économique du pays, ce qui pose un problème majeur : peuvent-elles réellement agir contre les intérêts des institutions financières dont elles sont issues ?

La question est d’autant plus pressante que le Liban négocie actuellement avec le FMI un programme d’aide de 3 à 5 milliards de dollars, conditionné à des réformes clés :

  • Un audit complet des pertes bancaires et leur reconnaissance officielle.
  • Une restructuration du secteur bancaire, imposant aux actionnaires et créanciers d’assumer leurs pertes.
  • Un contrôle des transferts de capitaux pour éviter que les élites financières ne contournent les mesures.
  • Une réforme monétaire, visant à stabiliser la livre libanaise et à unifier le taux de change.

Or, les banques libanaises cherchent à éviter ces réformes en transférant leurs pertes sur l’État, ce à quoi le FMI s’oppose fermement. Un gouvernement composé de figures du monde bancaire sera-t-il capable d’aller à l’encontre de ces intérêts ?

Nawaf Salam impose une séparation entre politique et affaires

Conscient du risque de délégitimation de son gouvernement, Nawaf Salam a exigé de ses ministres qu’ils démissionnent immédiatement de leurs postes dans les banques et entreprises privées.

Cette décision vise à :

  • Garantir une gestion plus transparente des affaires publiques.
  • Limiter l’influence des lobbys financiers sur les décisions gouvernementales.
  • Éviter que les réformes économiques ne soient orientées en faveur du secteur bancaire.

Pour le Premier ministre, il est essentiel que son gouvernement soit perçu comme un acteur neutre et indépendant, capable de négocier avec le FMI sans être soumis à des pressions internes.

Mais cette mesure est-elle réellement efficace ? Même si ces ministres quittent officiellement leurs fonctions bancaires, leurs intérêts financiers et leurs connexions demeurent intacts. Il est peu probable qu’ils prennent des décisions contraires aux intérêts du système bancaire libanais, d’autant plus que certaines personnalités influentes du gouvernement ont déjà tenté de minimiser l’ampleur des pertes bancaires pour éviter que les banques en assument la responsabilité.

Le cas Yassine Jaber : un exemple de conflit d’intérêts ?

Le cas du ministre des Finances Yassine Jaber illustre parfaitement les contradictions du gouvernement Salam. Avant de rejoindre le cabinet, il était membre de la commission parlementaire chargée d’évaluer les pertes du secteur bancaire.

Cette commission a largement sous-évalué ces pertes, les estimant à 20 milliards de dollars, contre 72 milliards selon le FMI. Derrière cette sous-estimation, une stratégie : réduire la part de responsabilité des banques et transférer les pertes sur l’État, c’est-à-dire sur les contribuables.

L’un des principaux points de friction avec le FMI concerne la création d’une “bad bank”, une structure qui absorberait les créances douteuses des banques commerciales. Le FMI exige que ce dispositif soit financé par les banques elles-mêmes, tandis que des ministres influents, dont Yassine Jaber et Amer Al-Bassat, militent pour une prise en charge par l’État, ce qui reviendrait à faire payer la population pour les erreurs du système financier.

Ce bras de fer avec le FMI est crucial. Si Nawaf Salam cède aux pressions du secteur bancaire, cela enverrait un signal négatif aux investisseurs et aux institutions internationales, aggravant encore la crise.

Une réforme réellement possible ?

Nawaf Salam est-il en mesure d’imposer une véritable restructuration du secteur financier, ou se heurte-t-il à des intérêts trop puissants ?

Ses déclarations récentes laissent penser qu’il est conscient des résistances internes. Selon certaines sources diplomatiques, il aurait confié à des représentants occidentaux :

« Nous ne pouvons pas accepter un plan qui protège les banques et sacrifie les déposants. »

Cependant, sans soutien parlementaire et face à un gouvernement profondément ancré dans les milieux bancaires, il pourrait rapidement se retrouver isolé et incapable d’imposer sa vision.

Le risque est que ce gouvernement, au lieu d’être un acteur de réforme, devienne un obstacle supplémentaire à la mise en place des mesures exigées par le FMI. Dans ce cas, les déposants libanais continueraient d’être les principales victimes d’un système où politique et finance ne font qu’un.

Un tournant décisif pour le Liban

L’avenir économique du Liban dépend désormais de la capacité de Nawaf Salam à imposer ses choix face aux résistances internes. Son exigence de séparation entre politique et affaires est un premier pas vers une gouvernance plus transparente, mais elle ne suffira pas à elle seule à garantir une réelle indépendance du gouvernement vis-à-vis du secteur bancaire.

Si Nawaf Salam échoue à imposer des réformes profondes, cela pourrait aggraver la crise monétaire, précipiter un effondrement du système bancaire et réduire à néant toute chance de reprise économique.

Son gouvernement est désormais à la croisée des chemins :

  • Accomplir les réformes nécessaires, malgré les oppositions.
  • Ou céder aux intérêts du secteur bancaire, perpétuant la crise actuelle.

Dans un pays où les banques ont toujours eu une influence déterminante sur les décisions politiques, ce combat sera l’un des plus difficiles du mandat de Nawaf Salam. Son succès ou son échec déterminera l’avenir économique du Liban pour les années à venir.

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Newsdesk Libnanews
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