Oser la différence.

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Oser la différence !


 

Vivre est la chose la plus rare du monde.
La plupart des gens ne font qu’exister.
Oscar Wilde


Notre monde aujourd’hui est profondément ancré dans une mélodie quoique plate (ennuyante) et monotone considérée comme parfaitement appropriée aux besoins des personnes en ce début de troisième millénaire; (ce ne sont pas mes mots loin de là mais ceux que je déduis de par toutes ces années d’avoir rencontré ces personnes dans mes classes et autres activités professionnelles).

Parmi ces personnes il y a :

–          les musiciens, eux n’ont pas grand mérite ils jouent toujours la même « toune » (de l’anglais tune qui veut dire chanson ou mélodie) tout le temps, je ne serai pas étonné qu’ils puissent continuer de jouer leur partition même s’ils s’endormaient; ensuite nous trouvons :

–          les auditeurs, pareils aux musiciens, ces gens n’ont plus besoin d’apprécier, ils entendent depuis toujours les mêmes notes et vont leur vie durant sur cette même mélodie, et finalement :

–          les chefs d’orchestres qui eux aussi travaillent en mode « supervision minimale » puisque « tout baigne ».

Surviennent de temps à autres ces « erreurs de parcours » si l’on peut les appeler ainsi, ces personnes qui défient ce que la génétique essaie de rendre les humains actuels et futurs du genre « conformes » au modèle établi d’avance. Appelons-les “Couacs de parcours ». Mieux que cela et selon les circonstances et les cultures ils héritent de noms divers des plus variés : les bémols (imaginez-vous quelqu’un se faire dire être un bémol ?), les « ils sont différents » (heu nous le sommes tous !) , les autres, les non-conformes, ceux que l’on regarde, ceux qui osent sortir des rangs. Que de fois j’entendais dire de la part de collègues de travail à propos d’autres collègues « oh, unetelle ou untel sont spéciaux », mais moi aussi je el suis, vous aussi vous l’êtes. Pourquoi doit-on mesurer la « normalité » selon certaines échelles bien arrêtées ?

Au fil des années, j’ai appris à me connaitre, un apprentissage de toute une vie. Le courage ne réside pas dans l’acceptation seulement, mais aussi dans la continuité, cette maturation qui nous permet d’évoluer sainement au-delà des fameuses étiquettes ou idées-reçues.

Reconnaitre mes propres limites fut un double effort, m’accepter d’une part et me faire admettre dans une collectivité qui ne comprenait pas que je sois différent.

Il n’était plus question d’orgueil ou de force de caractère qui veuille s’imposer par les mots et les gestes, mais une attitude vraie, humaine, décente et respectueuse. Je n’ai jamais été d’accord que le respect s’impose par les gestes et les mots, cela ne procure qu’une illusion faussement respectueuse de la crainte de l’autre. Le respect je l’ai eu, la dignité aussi. Le silence des fois fais si bien les choses, car si on ne dit mot, cela ne veut pas dire que l’on ne communique pas.

Depuis ma jeune enfance j’ai vécu avec certaines interrogations, la curiosité de vouloir tout savoir et la mise en pratique de ce que mes parents me disaient. Cela les faisait rigoler, alors que je devais manger ma soupe pour grandir, pour moi c’était la manger et puis leur demander si j’avais grandi en taille!

Si la vie m’a offert de profiter du don d’une double mémoire (auditive et visuelle) cette dernière ne m’avait préparé au fait que nous n’étions pas nombreux dans cette aventure humaine.  Avoir une certaine capacité de voir d’avance, ou de penser dès le début à ce que pouvait être le résultat d’une situation, m’aura fait passer pour un drôle d’oiseau, peut-être de comprendre que je faisais partie de ces « couacs » moi aussi !

Si la non-conformité a ses propres avantages, elle porte aussi en elle ces inconvénients qui, des fois, nous mettent à contre-courant du flux des choses ordinaires de la vie.

Affronter une situation, faire face à un comportement, assumer ses décisions, rentrer ou pas dans les rangs, furent autant d’occasions de me trouver devant certaines croisées des chemins : lequel prendre ? Me conformer en gardant inachevées ces réalisations personnelles ou, oser affirmer ma différence.

Si ces choix m’ont aidé  « garder le cap » ils le furent surtout dans l’honnêteté de mes convictions. Si j’ai temporisé certaines fois ce fut pour ne pas rompre une relation humaine sur laquelle reposait l’harmonie de ma présence au sein des autres groupes de personnes, j’apprenais que dans la diversité l’on pouvait tous vivre de façon saine et normale. Redéfinir ou plutôt réaffirmer  les vrais principes qui nous définissent, voici ce qui manque aujourd’hui, du moins pour moi.

J’ai jusqu’ici beaucoup appris sur le respect que je me dois envers les autres personnes sans nécessairement changer mes propres convictions et ni vouloir changer les leurs.

Oser la différence, une expression d’apparence facile, c’est beaucoup de choses mais pas nécessairement certaines choses comme de s’habiller autrement, de  parler différemment ou de se comporter de manière marginale. Ce serait une bien triste histoire que nous projetterions de nous-même au fond. Oser la différence c’est avoir le courage de son propre courage, quand tout autour de soi nous dit le contraire de ce pour quoi nous agissons et œuvrons.

Je ne sous souhaiterais pas d’oser la différence, c’est un choix qui vous incombe et non une mission qui me revient de faire, je vous souhaiterai surtout  d’avoir une belle vie ! C’est elle qui fera toute la différence.

À la prochaine.

Michel J.B. – © 2016

Michel J. Boustani
Michel J Boustani, spécialiste en gestion du savoir et des connaissances. Animateur de communautés et réseaux du savoir, blogueur et promoteur de la culture citoyenne. Michel a travaillé durant 25 ans dans le domaine de l'éducation traditionnelle, la formation professionnelle et le développement de programmes d'éducation virtuelle. Vit depuis 25 ans au Canada (Montréal) - Originaire du Liban (Chouf)

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