Que les spécialistes des polémiques s’abstiennent !

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Une petite promenade sur les réseaux sociaux de ce matin, notamment facebook, me pousse à vous écrire ces quelques lignes…

 Ne prétendant pas être une chroniqueuse du quotidien libanais ni de la situation pourrie dans laquelle baigne mon petit pays, j’essaye tout simplement, tout en gardant mes distances, de comprendre ou de flairer un peu l’ambiance locale…

 A lire les commentaires et les articles des uns et des autres, on croirait que l’élection d’un Président au Pays, est dans les mains des chrétiens eux-mêmes qui ne savent plus se mettre d’accord entre eux.

Ce n’est pas si simple et pourtant …  Divisés entre eux, en faisant allégeance à leur chef respectif, ils deviennent aujourd’hui la cible accusée de ce manquement d’union nécessaire à l’élection du Président.

 Ne m’accusez pas de simplissime ou de banalisation, mais en prenant du recul, les choses deviennent plus accessibles …

 Le Premier ministre est sunnite, il est en place. Le chef de l’assemblée est chiite, il est en place. La première Place, le Présidentiel est chrétien, où est le pilote ?

Deux partis, le 8 et le 14, n’arrivent pas à se mettre d’accord pour choisir l’un ou l’autre. Ils s’accusent mutuellement, occupant la scène médiatique, se balançant mutuellement, les critiques, les reproches et pendant ce temps la chaise présidentielle est toujours vacante.

Et si la solution était vraiment dans la création d’un nouveau parti ou d’un nouvel esprit ???

Et si l’urgence était dans un premier temps de réunir les chrétiens de mon pays natal afin de nous sortir de cette tourmente politique qui prend en otage tout un peuple, je serai la première à saluer cette initiative. Je saluerai cette initiative en dépit de mes convictions laïque et nationale.

 Ce qui me parait choquant dans un premier temps, me semble tolérable et indispensable, si l’objectif est toujours de préserver le pays. Nous avons beau parler de laïcité et de patriotisme mais le pays reste ce qu’il est : une mosaïque de confessions et l’accord entre elles s’imposent.

 La Constitution libanaise basée sur la répartition proportionnelle entre confessions et de fait entre citoyens  appartenant à ces confessions serait à revoir… Mais dans l’avenir proche et immédiat, c’est la chaise Présidentielle qu’il faudra sauver…

 Il y a quelques jours, j’ai été choqué à la lecture d’un article insinuant que notre Président Michel Sleiman est en voie de créer un parti politique Chrétien. Il serait en voie de rassembler les chrétiens… J’ai réagi et je me suis exprimée car l’image du Président appartient à nous tous libanais qui l’aimons, musulmans et chrétiens ou autres, toute catégorie confondue, car ce Président est bel et bien aimé d’une bonne partie des libanais…avec mes respects à ceux qui ne l’aiment pas non plus.

L’article avait provoqué chez moi une onde de choc me rappelant combien notre system politique libanais est fragile. D’un simple appel à l’union, plusieurs personnes comme moi, laïques, convaincues de la nécessité du changement, se sont sentis exclues. J’ai eu peur et je me suis adressée à notre Président qui m’a confirmée que cet article ne venait pas de lui …

 Le choc … n’était qu’une grosse peur qui m’a envahit…Car moi aussi j’ai envie de me sentir concernée par toute démarche d’union et de changement. J’ai eu l’impression que l’espoir mis en la personne du Président allait se perdre et s’égarer dans les coulisses confessionnelles…

 Mais maintenant avec le recul et la confiance que je garderai en lui et pour lui, rien ne me fera peur, même si sa volonté première est de rassembler les chrétiens…Car je sais qu’au Liban, il est indispensable de garantir la place des chrétiens et qu’il est indispensable que les chrétiens eux-mêmes  se mettent en accord entre eux.

 Certes ces rassemblements au nom des confessions  nuisent à tout projet laïc au pays du cèdre…Mais pour se lancer dans ce gros chantier du changement, il faudra bâtir un socle basé sur la confiance des uns et des autres, avoir comme élément  de base, une structure saine et une équipe volontaire prête au changement.

Comme dans tout projet structurel, le changement est une volonté et une décision d’acteur en haut de la pyramide qui font le choix de donner la main aux acteurs du terrain.

 Que les spécialistes des grands discours politiques et des grandes  scènes de polémiques s’abstiennent de leurs commentaires, je ne fais que m’exprimer et espérer des jours meilleurs.

 Ni pour l’un ni pour l’autre, quand l’un empêche l’autre, quand l’un dans son jeu de l’autre, bloque, paralyse et condamne tout un pays ….

 Jinane Chaker-Sultani Milelli

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

1 COMMENTAIRE

  1. Chère Jinane , il n’y a pas de fumée sans feu sauf dans les cigarettes éléctroniques ou l’on nous fait croire qu’elles ne sont pas nocives !!!!!!! Laissons le temps nous faire voir la vérité pourtant parfois il faut regarder les petits détails qui disent trop !!!!! Amitié

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