Privilégier la construction de routes nationales dans le maillage routier du pays

Les autoroutes ont l’avantage de la vitesse et de la sécurité. Elles sont indispensables dans certains cas.

Une forte importance de celles-ci dans le maillage routier s’avère être par contre une des causes importantes, en même temps qu’un accélérateur du dépeuplement des petites villes et des villages.

De par le fait qu’elles permettent d’aller beaucoup plus vite (et sont aussi plus sûres), les automobilistes, pressés par la vitesse et par la dynamique interne que cela crée, évitent toute perte de temps.

Pour respecter cet objectif, l’autoroute contourne donc petites villes et villages, où l’on prenait le temps de s’arrêter, pour dormir exceptionnellement dans un lieu d’accueil prévu à cet effet, se restaurer et, surtout, acheter fruits, légumes et épices, produits du maraîchage et des petits vergers des producteurs locaux. Cette agriculture et ce commerce font vivre des dizaines de milliers de familles, les fixent dans leurs terres et encouragent en même temps l’entretien d’élevages familiaux. Articulés aux cultures d’hivernage, ces secteurs représentent un levier essentiel non seulement pour le développement d’une autosuffisance alimentaire mais aussi pour le maintien d’un maillage sain et dense du territoire national, voire sa relance après des décennies de migration vers les grandes zones urbaines et à l’international.

De plus, lorsque cela s’accompagne de la possibilité de vendre directement et avec le minimum d’intermédiaires (un au maximum dans ce cas), cela permet un débouché certain et une marge bénéficiaire appréciable.

Bien sûr, tout développement économique exige un réseau routier dense, diversifié, sûr et rapide.

Une fois les autoroutes en cours achevées, orienter le pays vers la construction de nationales à trois et quatre voies chaque fois que la configuration géographique le permet, avec des zones d’arrêt longues dans chaque petite ville et village traversés, afin que les voyageurs soient motivés à prendre le temps de s’y arrêter.

Savoir aller vite s’impose dans certains cas. Mais le but de la vie est aussi et surtout d’aller mieux, tout simplement.

Conjurer la « malédiction » du pétrole et du gaz.

A ce jour, on peut difficilement citer un pays du Sud qui ait trouvé, à terme, le chemin d’un développement économique solide, ni de stabilité, grâce à l’immense richesse monétaire produite par ces deux sources d’énergie.

Ils ont quasiment tous sombré, au mieux, dans la facilité et le gaspillage, au pire dans la guerre, l’instabilité, l’insécurité, pavant une voie royale au marché clandestin d’armes de défense, de guérilla ou de grand banditisme, avec ou non la complicité active ou passive d’États amis, marchands d’armes officiels et reconnus.

Plus la simple menace d’insécurité, réelle ou supposée, est grande, plus le trafic est florissant. Un attentat, une zone d’insécurité quelconque dopent ce trafic. Des dynamiques infernales peuvent s’ensuivre, comme par hasard, dès lors qu’on a le malheur de freiner l’achat d’armes supplémentaires, estimant que le compte est bon.

Le marché de la surveillance électronique du territoire est le pire et le plus dangereux. Les logiciels en œuvre pour assurer la surveillance électronique au prétexte de la sécurité, permettent en même temps de connaître parfaitement l’état réel de l’économie, les acteurs économiques et politiques, d’orienter la perception de la situation, de frapper à la bonne porte en fonction de ses besoins et objectifs propres. Point n’est besoin de les gérer directement. Les détenteurs de ce marché, pour privés qu’ils puissent éventuellement être, sont aussi au service de l’État dont ils sont originaires.

Conjurer ce qui apparaît à ce jour comme une véritable malédiction passe nécessairement par une transparence totale des contrats d’exploration et d’exploitation, leur contrôle par un organisme indépendant composé de représentants de l’État, d’organismes de la société civile et de partis d’opposition.

La gestion des recettes devrait être assurée en concertation avec un autre organisme

indépendant. Les choix d’investissement à tous les niveaux (construction d’infrastructures, d’écoles, hôpitaux, centres de recherche, fonds de soutien aux entreprises, fonds souverain) tout comme la part dévolue à leur fonctionnement et à l’amélioration de la vie des citoyens.

Enfin, imposer la transparence et la rigueur par la publication et l’accès public de tous les comptes.

Ce sont là des exigences sine qua non pour conjurer le sort, transformer cette manne financière en véritable richesse de production pour construire l’avenir et couper l’herbe sous les pieds des pêcheurs en eaux troubles.

Tout cela n’exclut nullement une coopération ouverte et sincère avec tous les pays, bien évidemment. Mais la sécurité est d’abord et avant tout une question économique sociale et politique.

Désengorger la région de Dakar et créer une dynamique pour le développement d’un pôle économique fort à Tambacounda

L’infrastructure économique du Sénégal est toujours structurée selon ce qui a été mis en place par les besoins du colonisateur avant notre indépendance.
Saint-Louis fût la première capitale du Sénégal, ainsi choisie pour la gomme arabique, l’esclavage et la pénétration plus à l’intérieur de l’Afrique de l’ouest grâce à la navigation par le fleuve Sénégal.
L’intérêt colonial, une fois l’Afrique occidentale française bien mise en place et l’esclavage définitivement révolu, s’est concentré sur le bassin arachidier et les phosphates de Taïba. La capitale du Sénégal a été transférée vers Dakar et son port.
Aujourd’hui encore, toute la vitalité économique du Sénégal reste centrée sur ce schéma, transformant Dakar et sa région en un véritable goulot d’étranglement. Le développement de la ville nouvelle de Diamniadio, pour nécessaire qu’il soit, achèvera d’en faire une véritable mégalopole sans soulager, sinon momentanément, les maux qui s’y accumulent.
L’économie sénégalaise ne peut plus se contenter de marcher sur un seul pied qui, plus est, se trouve excentré sur une presqu’île qui se trouve à une extrémité du pays, véritable entonnoir où viennent se déverser tout le reste du Sénégal et des pays de la sous-région.
Il devient nécessaire, dans ces conditions, de construire un second pôle économique qui soit à terme suffisamment puissant et attractif pour nourrir le développement des relations économiques dans le sud-est du pays et devenir, à terme, un puissant levier pour le développement des relations économiques avec la CEDEAO et le reste de l’Afrique subsaharienne. L’avenir du Sénégal y est inscrit, sans pourtant que cela puisse obérer le dynamisme de la région de Dakar en direction de l’Europe, l’Afrique du Nord et du reste du monde.
La solution la plus pertinente à cet égard est la ville de Tambacounda qui pourrait ainsi fédérer la Casamance, le haut de la région du fleuve Sénégal, toute une partie du Sine Saloum. Par ailleurs une telle zone pourrait faciliter encore plus le développement économique au sein de cet ensemble, l’économie sénégalaise cessant d’être unijambiste pour s’appuyer enfin sur ses deux pieds.
La mise en place de ce projet pourrait commencer par la création d’un port sec qui recevrait par voie ferrée toutes les marchandises qui transiteraient entre le port de Dakar et ces régions. Leurs destinataires et/ou leurs expéditeurs y trouveraient un avantage appréciable en gain de temps et en économies. Ils  n’auront même pas besoin d’y être encouragés par des contreparties à leur adhésion.
Ce port sec pourrait s’accompagner de la mise en place d’une zone franche pour toute création d’entreprise ayant vocation à y investir en direction de ces régions. Leur combinaison créerait une dynamique vertueuse pour le développement d’écoles et de centres de formation en nombre et en qualité pour répondre à leurs besoins.Le Sénégal pourrait se contenter d’en supporter un coût minimal pour sa réalisation si on intègre dans l’appel d’offres le fait que le soumissionnaire retenu se verrait confier la gestion de ces infrastructures pour une durée précise qui lui permettrait d’amortir son investissement et en tirer les bénéfices raisonnables qu’il serait en droit de réaliser. Une autre  condition à y inscrire serait la participation significative de partenaires nationaux. 
Une telle réalisation serait ainsi à même de soulager la région de Dakar. Elle permettrait, de plus, un meilleur équilibre dans le développement du Sénégal en participerait fortement au maillage économique et démographique si nécessaire de l’ensemble du pays.

En guise de conclusion

J’ai souhaité porter à votre attention ces trois propositions, fruits d’une volonté modeste de contribuer au développement et à la stabilité de notre pays et de cette émergence pour laquelle vous œuvrez sans relâche dès les  premières années de votre présidence.

Nos concitoyens vous ont fait confiance en vous élisant largement pour un second mandat. Ils vous sont gré d’avoir résolu deux crises majeures qui duraient depuis plusieurs décennies, à savoir le manque dramatique d’électricité et d’eau. Ils mesurent vos compétences et votre volonté à surmonter les défis. Ils comptent aujourd’hui sur vous pour vivre décemment et dignement, en paix et en sécurité, sur leurs terres, à l’abri de la faim, du déracinement et de la privation des besoins élémentaires d’éducation, de soins de santé, de vie sociale et familiale équilibrées.

Scandre HACHEM

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