Une semaine après, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, l’explosion du 4 août dévastait le port, les quartiers environnants le port, avec son lot de morts, de disparus, de blessés … tout simplement son lot de drames, les uns plus terrifiants et tristes que les autres.

Le souffle de l’explosion a coupé le souffle de bien des habitants de la ville et même au-delà. L’image d’un apocalypse a touché Beyrouth, une ville déjà détruite par le passé. Il n’a fallu que quelques secondes pour faire ce que 15 ans de guerre civile avaient infligé comme dégâts.

Une semaine après, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, les libanais ont montré dès les premières secondes, une solidarité sans faille, une solidarité dans la rue où des jeunes hommes, femmes, enfants parfois, plus ou moins indemnes venaient aider ceux qui ne pouvaient plus. Les blessés seront transférés d’abord vers les hôpitaux les plus proches puis de plus en plus loin, Saïda, Tripoli et même au-delà des frontières.

Une semaine après, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, les libanais ont montré une image d’une solidarité qui s’étendait bien au-delà de ce qui nous divisait avec des jeunes qui balayent jusqu’à aujourd’hui, les rues et tentent de donner aux quartiers qui ont été ravagés, un semble de retour à la vie, et espérons, normale. Le Monde regardait nôtre souffrance et après avoir vu et constaté notre détresse, le Monde aussi a réagi en volant au secours d’un pays qui pensait avoir été abandonné à ses crises.

Une semaine après, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, peu de mots suffisent encore à qualifier l’état d’esprit qui est le notre et ses phases successives. Hébétement à ne pas comprendre ce qui se passe aux premières secondes, l’action ensuite pour parer au plus urgent, la solidarité, l’interrogation face à l’origine de cette catastrophe qui au final a touché toutes les régions libanaises et non seulement Beyrouth, la colère, la demande à ce que cela ne puisse plus advenir à l’avenir.

Le temps des responsabilités est aujourd’hui venu. Le peuple a de nombreuses questions, par rapport à la présence de cette quantité de matière potentiellement explosive entreposée dans un espace impropre à un tel usage, par rapport aux systèmes d’alerte à la population en cas de danger qui sont inexistants contrairement aux autres capitales, par rapport à la culture d’impunité des dirigeants politiques et administratifs, culture hérité de la loi d’amnistie qui leur a permis de se draper d’un voile masquant leurs crimes, par rapport aussi à nous même, une mise en perspective de nos projets d’avenir, de notre rapport à la vie quotidienne, à cette insouciance qui était la notre et à laquelle, l’explosion a durement rappelé la fragilité de la vie.

Une semaine après, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, on écrit ces phrases aussi, parce que nous avons survécu à cette nouvelle épreuve infligée après tant d’épreuves déjà passées et dans l’attente des nouvelles qui vont prochainement advenir … en espérant que cela sera pour le meilleur et non pour le pire.