Banques libanaises et corruption : les enquêtes judiciaires piétinent

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Un secteur bancaire en crise profonde et sous le feu des accusations

Depuis l’effondrement du système financier libanais en 2019, les banques sont devenues le symbole d’une crise économique et sociale sans précédent. Autrefois considérées comme l’épine dorsale de l’économie nationale et un modèle de stabilité dans la région, ces institutions sont désormais perçues comme les principales responsables de la catastrophe financière qui frappe le pays.

Les citoyens libanais, qui avaient confié leurs économies aux banques en toute confiance, se retrouvent aujourd’hui dans une situation dramatique. L’effondrement de la livre libanaise, la perte de valeur des dépôts bancaires et l’impossibilité d’accéder aux comptes en devises ont plongé des milliers de familles dans la précarité. Face à cette réalité, les banques sont accusées d’avoir abusé de leur pouvoir et manipulé le système financier à leur avantage, profitant de réglementations laxistes et d’un manque total de contrôle des autorités monétaires.

Le scandale bancaire libanais est aussi lié à la complicité de l’État, qui a longtemps soutenu un modèle économique basé sur l’endettement massif et l’utilisation des dépôts bancaires pour financer les déficits publics. Depuis les années 1990, le Liban s’est appuyé sur un système de Ponzi économique, dans lequel les nouvelles entrées de capitaux servaient à rembourser les dettes existantes. Lorsque les flux de capitaux étrangers se sont taris à partir de 2019, le système s’est effondré, laissant les banques et l’État en faillite technique.

Alors que la population réclame des comptes, les enquêtes judiciaires sur la gestion frauduleuse des banques se multiplient, mais les avancées restent extrêmement lentes. Des accusations de corruption, de détournement de fonds et de manipulation financière pèsent sur plusieurs institutions, mais la justice semble incapable de traduire les responsables en justice. Ce blocage, dû en grande partie à des protections politiques et à l’influence de l’élite financière sur les institutions judiciaires, empêche toute issue rapide à cette crise.

Les banques libanaises, qui avaient longtemps été un facteur de confiance et d’attractivité pour les investissements internationaux, sont aujourd’hui perçues comme des acteurs centraux du désastre économique, et la pression populaire pour des sanctions judiciaires se fait de plus en plus forte. Mais jusqu’où ira la justice libanaise ? Sera-t-elle en mesure de tenir tête aux puissantes institutions financières ou restera-t-elle un simple instrument aux mains des élites du pays ?

Les principaux dossiers judiciaires en cours

Depuis l’éclatement de la crise financière en 2019, plusieurs enquêtes ont été ouvertes contre les principales banques libanaises et leurs dirigeants. Ces investigations concernent des faits présumés de détournement de fonds publics, de blanchiment d’argent, d’abus de pouvoir et de discrimination dans l’accès aux fonds des déposants. Toutefois, malgré des preuves accablantes et la pression croissante de l’opinion publique, ces dossiers progressent à un rythme extrêmement lent, en raison d’obstacles judiciaires, politiques et administratifs.

Le cas le plus emblématique est sans aucun doute celui de la Banque du Liban et de son ancien gouverneur Riad Salamé. Pendant près de trois décennies, Salamé a dirigé la banque centrale avec un pouvoir quasi absolu sur la politique monétaire du pays. Cependant, depuis la chute du système bancaire libanais, son rôle dans la crise fait l’objet d’intenses investigations, aussi bien au Liban qu’à l’étranger. Il est soupçonné d’avoir mis en place un réseau de corruption massive, lui permettant de s’enrichir personnellement tout en favorisant certaines élites politiques et financières.

Les enquêtes menées par des magistrats libanais et européens ont mis au jour des transferts suspects de plusieurs centaines de millions de dollars vers des comptes bancaires suisses et européens. Selon Al Joumhouriyat(08/02/2025), ces fonds auraient été détournés grâce à un montage financier complexe impliquant plusieurs sociétés offshore, parmi lesquelles Forry Associates Ltd, une entreprise appartenant au frère de Salamé, Raja. Ce dernier aurait reçu des commissions exorbitantes sur des opérations financières orchestrées par la Banque du Liban, commissions qui auraient ensuite été redistribuées à des personnalités politiques et financières influentes.

Face à ces accusations, plusieurs pays européens, notamment la France et la Suisse, ont ouvert leurs propres enquêtes et ont saisi des avoirs appartenant à Riad Salamé. Toutefois, la justice libanaise, bien que saisie du dossier, peine à avancer. Al Akhbar (08/02/2025) souligne que malgré les demandes répétées d’arrestation et la coopération judiciaire internationale, Salamé reste libre et continue de bénéficier de protections au sein du système judiciaire et politique libanais.

Outre la Banque du Liban, plusieurs banques privées libanaises font également l’objet de poursuites. Al Quds(08/02/2025) rapporte que certaines institutions financières sont accusées d’avoir sélectivement permis à certaines personnalités politiques et économiques d’exfiltrer leurs capitaux à l’étranger, tout en bloquant l’accès aux comptes des déposants ordinaires. Ce système, surnommé « l’arnaque du siècle » par certains analystes, aurait permis à des centaines de millions de dollars de quitter le pays en toute impunité, alors que la majorité des Libanais se voient refuser l’accès à leurs propres économies.

Un autre dossier important concerne l’Association des banques du Liban (ABL), qui joue un rôle central dans la politique économique du pays. Cette organisation, censée représenter les intérêts du secteur bancaire, est aujourd’hui accusée d’avoir manipulé le marché monétaire en imposant des taux de change artificiels et en limitant les retraits en dollars. Des documents confidentiels révélés par Al Sharq AL Awsat (08/02/2025) montrent que plusieurs hauts dirigeants bancaires auraient coordonné leurs actions pour maximiser leurs profits, au détriment des épargnants et des entreprises libanaises.

Malgré ces nombreuses enquêtes, aucune condamnation significative n’a encore été prononcée, et aucun des grands noms du secteur bancaire n’a été placé en détention. Ce blocage judiciaire alimente la colère populaire et renforce la défiance des citoyens envers l’État et ses institutions. En parallèle, la société civile continue d’exiger une justice plus transparente et indépendante, dénonçant l’impunité dont bénéficient les responsables de cette catastrophe économique sans précédent.

Les accusations contre l’Association des banques du Liban (ABL) : un cartel financier au service des élites ?

L’Association des banques du Liban (ABL), censée représenter les intérêts du secteur bancaire libanais, est aujourd’hui au cœur d’un vaste scandale financier. Fondée pour défendre et coordonner les politiques des établissements bancaires du pays, elle est désormais accusée d’avoir mis en place un cartel bancaire qui a favorisé l’oligarchie financière tout en maintenant la population dans une crise économique et monétaire sans précédent.

Selon Al Sharq AL Awsat (08/02/2025), plusieurs documents confidentiels et témoignages révèlent que l’ABL aurait joué un rôle clé dans la manipulation des taux de change et la restriction des retraits en devises étrangères. À partir de 2019, alors que la crise financière s’aggravait et que la confiance dans le système bancaire s’effondrait, l’ABL aurait coordonné une politique visant à maximiser les profits des grandes banques au détriment des déposants ordinaires.

L’une des accusations les plus graves porte sur la manière dont l’ABL aurait sélectivement autorisé certaines transactions pendant la crise. D’après Al Bina’ (08/02/2025), alors que des millions de Libanais étaient empêchés de retirer leurs économies en dollars ou en eurosdes transferts massifs de fonds ont été autorisés pour des hommes politiques, des hommes d’affaires influents et des proches du pouvoir. Cette politique aurait permis à des centaines de millions de dollars de quitter discrètement le pays, alimentant des comptes offshore et des investissements à l’étranger, notamment en Europe et dans les pays du Golfe.

Par ailleurs, plusieurs enquêtes judiciaires s’intéressent à des pratiques spéculatives orchestrées par l’ABL sur le marché du change. Selon Ad Diyar (08/02/2025), l’association aurait fixé des plafonds arbitraires sur les retraits en devises tout en encourageant la vente forcée de dollars à des taux dévalués, ce qui aurait permis aux banques de réaliser des profits exceptionnels sur le dos des épargnants. Ce système aurait aussi contribué à l’effondrement de la livre libanaise, accélérant la spirale inflationniste qui frappe aujourd’hui le pays.

Autre point central de l’affaire, l’ABL est accusée d’avoir entravé les initiatives législatives et judiciaires visant à réguler le secteur bancaire. D’après Al 3arabi Al Jadid (08/02/2025), chaque tentative de réforme du système bancaire ou de renforcement de la transparence financière a été systématiquement bloquée par des actions de lobbying agressives de l’ABL. De nombreux parlementaires ont révélé avoir subi des pressions directes de la part des banques, les menaçant de restrictions de crédits ou de représailles économiques s’ils tentaient d’encadrer plus strictement le secteur bancaire.

Enfin, certaines révélations pointent la responsabilité directe de l’ABL dans le sabotage des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Selon Al Quds (08/02/2025), alors que le gouvernement tentait d’obtenir une aide financière pour stabiliser l’économie, l’ABL aurait fait pression pour éviter toute restructuration du secteur bancaire, qui aurait forcé les banques à assumer une partie des pertes. Cette obstruction a ralenti les discussions avec le FMI, aggravant encore davantage la crise de liquidités et rendant toute sortie de crise plus difficile.

Aujourd’hui, aucune inculpation officielle n’a été prononcée contre les dirigeants de l’ABL, malgré l’accumulation d’accusations et de preuves. La proximité entre l’ABL et la classe politique semble garantir l’impunité des grands banquiers, au grand dam des citoyens qui continuent de subir les conséquences de leurs décisions.

Pourquoi les procédures judiciaires n’aboutissent-elles pas ?

Malgré la multiplication des enquêtes et les preuves accablantes de malversations dans le secteur bancaire, aucune condamnation significative n’a encore été prononcée. Ce blocage judiciaire, qui nourrit la colère des citoyens et la défiance envers les institutions, s’explique par une combinaison de facteurs politiques, institutionnels et judiciairesqui entravent toute avancée vers la vérité et la justice.

L’un des principaux obstacles est l’absence d’indépendance du système judiciaire libanais. Selon Al Sharq AL Awsat (08/02/2025), les banques libanaises entretiennent des liens étroits avec la classe politique, qui leur offre une protection quasi-totale contre les poursuites judiciaires. Depuis des décennies, les grandes familles politiques et financières du pays ont tissé un réseau d’intérêts communs, où magistrats, avocats et hauts fonctionnaires sont directement ou indirectement liés aux milieux bancaires. Cette proximité empêche les juges d’agir librement, sous peine de subir des pressions, des menaces, voire des représailles.

Un autre facteur clé de l’inefficacité des procédures judiciaires est le manque de ressources et d’expertise dans le traitement des crimes financiers. D’après Al Joumhouriyat (08/02/2025), les tribunaux libanais ne disposent pas des moyens nécessaires pour mener des enquêtes complexes sur des montages financiers sophistiqués impliquant des comptes offshore et des transferts internationaux. En l’absence de spécialistes en criminalité financière, les juges doivent se baser sur des rapports d’experts extérieurs, souvent contestés ou contestables, ce qui ralentit considérablement le processus judiciaire.

Par ailleurs, la lenteur des procédures constitue un frein majeur à la progression des enquêtes. Selon Al Akhbar(08/02/2025), de nombreux dossiers sont volontairement retardés par des stratégies procédurales utilisées par les banques et leurs avocats. Ceux-ci déposent des requêtes en nullité, des appels et des recours administratifs, multipliant ainsi les obstacles judiciaires et rendant quasiment impossible l’ouverture de procès rapides et efficaces. Ces tactiques permettent aux accusés de gagner du temps et d’épuiser les ressources de la justice, jusqu’à ce que l’affaire soit oubliée ou classée.

L’ingérence politique joue également un rôle majeur dans le blocage des enquêtes. D’après Al Quds (08/02/2025), plusieurs juges anticorruption ont été mutés, remplacés ou marginalisés après avoir tenté d’investiguer sur des figures influentes du monde bancaire. Certains magistrats ont publiquement dénoncé les pressions exercées par des responsables politiques, mais leurs alertes sont souvent restées sans suite, faute de soutien institutionnel. Cette réalité reflète un système où la justice est soumise aux intérêts des élites, incapables de se réguler elles-mêmes.

Enfin, un dernier facteur expliquant la stagnation des enquêtes est le manque de coopération internationale. Selon Ad Diyar (08/02/2025), plusieurs pays occidentaux détiennent des informations sensibles sur les transactions suspectes impliquant des banques libanaises, mais ces données ne sont pas toujours partagées avec la justice libanaise, soit pour des raisons diplomatiques, soit par crainte que ces informations soient manipulées ou utilisées à des fins politiques.

L’ensemble de ces éléments contribue à un climat d’impunité généralisé, où les acteurs de la crise bancaire continuent d’échapper à toute forme de responsabilité. Tant que ces blocages persisteront, les déposants libanais, ruinés par la crise, n’auront aucun espoir de justice ni de réparation.

Les conséquences sur la population et l’économie libanaise

L’enlisement des enquêtes judiciaires et l’absence de sanctions contre les banques libanaises ont des répercussions dramatiques sur la population et l’économie du pays. Depuis l’effondrement du secteur financier, des centaines de milliers de Libanais se retrouvent dans l’incapacité d’accéder à leurs économies, piégés par un système bancaire qui refuse de rendre l’argent des déposants tout en continuant d’opérer sous la protection de l’État et des élites financières.

L’impact sur la population est catastrophique. Selon Al Bina’ (08/02/2025), des milliers de retraités, autrefois détenteurs de comptes en dollars économisés sur plusieurs décennies, ont vu leurs avoirs bloqués ou dévalorisés par les restrictions bancaires. Beaucoup d’entre eux, incapables de subvenir à leurs besoins, sont contraints de vendre leurs biens, recourir à l’aide humanitaire ou dépendre de leurs proches à l’étranger. La classe moyenne libanaise, jadis un pilier de la société, a été décimée par la crise et se retrouve aujourd’hui appauvrie et sans perspectives.

L’une des conséquences les plus marquantes de cette crise bancaire est l’augmentation spectaculaire des hold-ups bancaires par des citoyens ordinaires cherchant à récupérer leur propre argentAl 3arabi Al Jadid (08/02/2025) rapporte que plusieurs incidents violents ont eu lieu ces derniers mois, où des déposants, désespérés et à bout de patience, ont pris en otage des employés de banque afin d’exiger un accès immédiat à leurs comptes en devises. Ces actes, qui autrefois auraient été considérés comme des braquages, sont désormais perçus par une grande partie de la population comme des actions légitimes de survie face à un système oppressif.

Sur le plan économique, la perte de crédibilité du secteur bancaire libanais a provoqué un écroulement des investissements étrangers. Selon Al Sharq AL Awsat (08/02/2025), les flux d’investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de plus de 40 % par rapport à l’année précédente. De nombreuses entreprises étrangères, qui autrefois considéraient le Liban comme une plateforme financière et commerciale régionale, ont cessé d’y opérer, préférant rediriger leurs investissements vers des pays économiquement plus stables comme les Émirats arabes unis, la Turquie ou l’Arabie saoudite.

L’effondrement du système bancaire a également contribué à la dollarisation de l’économie libanaise, aggravant encore davantage la crise monétaire. Al Akhbar (08/02/2025) souligne que plus de 80 % des transactions commerciales et des paiements se font désormais en dollars, la livre libanaise ayant perdu près de 97 % de sa valeur depuis 2019. Cette situation crée une inégalité croissante entre ceux qui ont encore accès aux devises étrangères – principalement les Libanais bénéficiant de revenus en dollars depuis l’étranger – et la majorité de la population, contrainte de survivre avec des salaires en livres libanaises dévaluées.

Le secteur des petites et moyennes entreprises (PME), qui représente la colonne vertébrale de l’économie locale, est particulièrement touché par la crise de liquidité et l’absence de crédit bancaire. D’après Al Quds (08/02/2025), plus de 60 % des PME ont dû réduire leurs activités ou fermer leurs portes depuis le début de la crise. Les banques refusant d’accorder de nouveaux prêts aux entreprises locales, ces dernières n’ont plus de moyens d’investissement, d’importation de matières premières ou de paiement de leurs employés, ce qui entraîne une vague de faillites sans précédent.

À l’échelle macroéconomique, l’incapacité du gouvernement à rétablir la confiance dans le secteur bancairecomplique les négociations avec les institutions financières internationalesAd Diyar (08/02/2025) rappelle que le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont conditionné leur aide financière à des réformes structurelles profondes, notamment en ce qui concerne la restructuration des banques et la transparence des comptes publics. Or, tant que les responsables des malversations bancaires restent intouchables et que les enquêtes sont bloquées, aucun programme d’aide majeur ne pourra être mis en place, laissant le Liban sans solution pour sortir de la crise.

Ainsi, l’absence de justice et de régulation dans le secteur bancaire ne fait qu’aggraver la crise économique et sociale. La population, privée de ses droits financiers et livrée à elle-même, perd chaque jour un peu plus confiance dans l’État et ses institutions. Sans intervention rapide et mesures judiciaires fortes contre les responsables de cette catastrophe, le Liban risque de s’enfoncer davantage dans un cycle de pauvreté, d’instabilité et d’exode massif de ses talents et capitaux.

Quel avenir pour les enquêtes judiciaires ?

Alors que les enquêtes judiciaires sur le scandale bancaire libanais piétinent, la question de leur aboutissement reste en suspens. La pression de la population, des organisations internationales et des instances judiciaires étrangèresest de plus en plus forte, mais les obstacles internes demeurent considérables. Entre interférences politiques, corruption au sein de l’appareil judiciaire et lenteur procédurale, les perspectives d’une issue judiciaire juste et transparente semblent très incertaines.

Selon Al Quds (08/02/2025), plusieurs juges anticorruption continuent de réclamer des mesures urgentes pour accélérer les enquêtes et engager des poursuites contre les responsables des détournements de fonds et des abus bancaires. Cependant, ces magistrats font face à d’importantes entraves institutionnelles, notamment des transferts forcés, des menaces et des tentatives de dissuasion orchestrées par les réseaux politiques et économiques influents. Certains juges ont même été contraints de se retirer des affaires les plus sensibles, laissant ces dossiers bloqués ou classés sans suite.

Un autre élément clé qui pourrait déterminer l’avenir des enquêtes est l’intervention d’acteurs internationaux. D’après Al Sharq AL Awsat (08/02/2025), plusieurs pays européens, notamment la France et la Suisse, ont ouvert des investigations indépendantes sur les transactions suspectes impliquant des banques libanaises et des dirigeants financiers. Dans certains cas, des avoirs bancaires liés à ces affaires ont déjà été saisis, notamment ceux de l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Ces actions pourraient accélérer la pression sur la justice libanaise, notamment si des mandats d’arrêt internationaux venaient à être émis contre des figures de la finance libanaise.

Le rôle des institutions financières mondiales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, pourrait également s’avérer décisif. Selon Ad Diyar (08/02/2025), le FMI refuse d’accorder une aide financière au Liban tant que la justice n’aura pas engagé des réformes structurelles et poursuivi les responsables des détournements de fonds publics et des faillites bancaires frauduleuses. L’institution exige des garanties de transparence sur l’usage des fonds et une restructuration profonde du secteur bancaire pour éviter que les erreurs du passé ne se reproduisent. Cette pression pourrait forcer le gouvernement libanais à agir, sous peine de perdre un soutien financier indispensable pour relancer l’économie.

Cependant, malgré ces pressions extérieures, le système judiciaire libanais reste verrouillé. Les banques et leurs dirigeants ont encore de puissants alliés dans la classe politique, et les décisions judiciaires sont fortement influencées par des considérations partisanes. L’incapacité de l’État à mettre en place un conseil supérieur de la magistrature réellement indépendant empêche tout espoir de justice impartiale.

Un scénario possible serait un passage à l’action plus direct de la communauté internationale, qui pourrait imposer des sanctions ciblées contre les responsables bancaires et politiques impliqués dans la crise. Selon Al Bina’(08/02/2025), des discussions sont en cours au sein de l’Union européenne et des États-Unis pour mettre en place des interdictions de visa et des gels d’avoirs contre les principaux acteurs du scandale bancaire. Une telle mesure aurait un impact significatif, car de nombreux hauts responsables libanais possèdent des biens et des comptes en Europe et aux États-Unis.

En l’absence d’une action judiciaire concrète au Liban, le risque est que les enquêtes finissent par être enterrées, soit par des manœuvres administratives, soit par des arrangements politiques entre les parties concernées. Cela consacrerait un état d’impunité généralisée, renforçant le sentiment d’injustice parmi les citoyens et décourageant toute tentative de réforme future.

Ainsi, l’avenir des enquêtes bancaires dépendra de plusieurs facteurs, notamment la volonté de certains juges libanais de poursuivre leur travail malgré les pressionsl’influence des institutions internationales et financières, et la capacité des citoyens à maintenir une mobilisation suffisante pour exiger la reddition des comptes. Si aucune avancée majeure n’a lieu dans les mois à venir, le Liban risque de s’enfoncer définitivement dans une crise de confiance irréversible, où la justice ne serait plus qu’un instrument au service des élites économiques et politiques.

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