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“Merveille que de sentir mon poème qui grandit alors que je rétrécis. Il grandit, il prend ma place. Il m’évince. Il me jette hors du nid. Le poème est fini.”(1)

Ce qui se passe dans notre Liban marque la fin d’une période sombre d’incertitude généralisée. Aujourd’hui presque rien ne prête plus à confusion à part la tragédie des dévouements clamés au nom du pauvre citoyen.

Cependant, bien d’autres composent des réactions et des répliques face à un establishment politico-social. Il est soudé pour assurer les convenances d’abord, les promesses abondantes et les délais éphémères ou provisoires ensuite. Néanmoins, l’ignorance de ce qui se passe vraiment entre de multiples décideurs ne peut qu’amplifier de graves inquiétudes.

Où est la place et la proportion d’un comportement ajusté aux douleurs du citoyen chez des responsables dits qualifiés et consciencieux? Que reste t-il de la légitimité des politiciens qui se dirigent systématiquement vers la primauté des intérêts et des privilèges? Comment ceux là peuvent-ils initier, décider et poursuivre un changement quelconque alors qu’ils s’engagent à garder intacts leurs acquis? Est-ce finalement si terrible de passer outre les réserves obligées et les hypocrisies pour démarquer la réforme du face à face? À quand un dialogue courageux et transparent qui aboutit à des actes utiles et palpables ?!

Comment ne pas comprendre la torpeur d’un peuple qui se lasse d’être non écouté et à part dans sa nation? Nous avons tous compris sans vouloir l’admettre que le Libanais préfère souvent continuer à tolérer ses inconsistances. Il devra pourtant convenir à faire ses véritables choix et entreprendre ses nouvelles obligations . Est-ce qu’il va se résigner à survivre au mode des cloisonnements, à ne réagir qu’aux dangers de mort physique, culturelle et psychologique ou à refuser toute mascarade et sa fuite en avant?

1 Tomas Transtrômer,Baltiques, 2004, nrf, p125.

Joe Acoury

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