Les funérailles de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine ont marqué un moment historique au Liban, tant par l’ampleur du rassemblement que par son organisation minutieuse. Selon Al Joumhouriyat (24 février 2025), la cérémonie a attiré des centaines de milliers de personnes, transformant Beyrouth en un véritable carrefour de la résistance et de la ferveur populaire. Dès l’aube, les rues menant au stade Camille Chamoun ont été envahies par une marée humaine. Le journal parle d’un « tsunami humain », insistant sur l’impressionnante densité de la foule qui s’étendait sur plusieurs kilomètres autour du site.
L’organisation du cortège funéraire a nécessité des mesures de sécurité exceptionnelles. Selon Al Akhbar (24 février 2025), le Hezbollah et les forces de l’ordre libanaises avaient mis en place un dispositif de sécurité strict pour éviter tout débordement et répondre à d’éventuelles menaces extérieures. Des barrages filtrants avaient été érigés aux entrées de Beyrouth, avec des fouilles systématiques des véhicules et des piétons accédant à la capitale. Plusieurs milliers de membres des services de sécurité du Hezbollah, épaulés par des forces locales, assuraient le bon déroulement de l’événement.
Dans les rues, l’émotion était palpable. Selon les témoignages recueillis par Al Quds (24 février 2025), certains participants étaient arrivés plusieurs jours à l’avance, installant des tentes aux abords de la ville sportive pour être sûrs d’assister aux funérailles. La foule était composée de militants du Hezbollah, de partisans de la cause de la résistance, mais aussi de simples citoyens venus rendre hommage à des figures qui, selon eux, avaient marqué l’histoire du pays. Parmi eux, on comptait des délégations officielles venues de plusieurs pays arabes et musulmans, notamment d’Iran, d’Irak et du Yémen.
Le nombre exact des participants fait l’objet de débats. Tandis que Al Bina’ (24 février 2025) parle de « plusieurs centaines de milliers de personnes », A Diyar (24 février 2025) avance le chiffre d’un million de participants, un record dans l’histoire du Liban. Peu importe l’exactitude des chiffres, tous les médias s’accordent sur le fait que ces funérailles constituent l’un des plus grands rassemblements populaires qu’ait connus le pays, dépassant de loin les précédentes manifestations organisées par le Hezbollah.
Les chants et slogans fusaient de toutes parts, portant des messages de fidélité à la mémoire des défunts. Al Sharq Al Awsat (24 février 2025) rapporte que des banderoles géantes à l’effigie de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine avaient été déployées sur les immeubles longeant le cortège funéraire, accompagnées d’inscriptions telles que « À jamais dans nos cœurs » ou encore « La résistance ne mourra jamais ». D’autres banderoles portaient des messages dirigés contre Israël et les États-Unis, désignés comme les ennemis de la résistance.
Ce climat de ferveur était accentué par une mise en scène soigneusement orchestrée par le Hezbollah. Selon Al 3arabi Al Jadid (24 février 2025), des milliers de drapeaux du Hezbollah flottaient dans l’air, formant une mer de jaune et de vert au-dessus de la foule. Les participants scandaient en chœur des slogans en hommage aux défunts, rappelant leur engagement pour la cause de la résistance et promettant de poursuivre leur combat.
L’un des moments les plus marquants de la cérémonie a été la prise de parole de Cheikh Naïm Kassem, nouvel homme fort du Hezbollah. Comme le rapporte Al Liwa’ (24 février 2025), celui-ci a été acclamé dès son apparition sur l’estrade, la foule entonnant « À la vie, à la mort, nous te suivrons ». Dans son discours, il a salué la mémoire des deux anciens secrétaires généraux et assuré que leur disparition ne signifiait en aucun cas un affaiblissement du Hezbollah. Il a affirmé que le mouvement restait solide, uni et déterminé à poursuivre sa mission de résistance contre Israël et ses alliés.
Toutefois, cet immense rassemblement ne s’est pas déroulé sans tension. Al Sharq (24 février 2025) rapporte que l’aviation israélienne a effectué plusieurs vols à basse altitude au-dessus du site de la cérémonie, dans ce qui a été perçu comme une tentative d’intimidation. Ce survol a provoqué une réaction immédiate de la foule, qui a commencé à scander « Mort à Israël », un cri repris en boucle par les dizaines de milliers de participants. Malgré cette provocation, aucun incident majeur n’a été signalé, la discipline des participants et le dispositif de sécurité empêchant tout débordement.
Les funérailles ont duré plusieurs heures, avec un itinéraire soigneusement tracé pour le cortège funéraire. Comme le note Al Akhbar (24 février 2025), le corps de Hassan Nasrallah a été inhumé à Beyrouth, tandis que celui de Hachem Safieddine a été transporté dans son village natal du Sud-Liban. Les derniers instants de la cérémonie ont été marqués par une atmosphère de recueillement intense, alors que des milliers de participants se sont agenouillés pour une prière collective en hommage aux défunts.
Ce moment historique dépasse largement le cadre de simples funérailles. Comme l’indiquent plusieurs journaux, la démonstration de force du Hezbollah lors de cette cérémonie marque un tournant majeur dans la vie politique du Liban. En rassemblant une telle foule, le parti a voulu envoyer un message fort à ses adversaires, affirmant que son ancrage populaire demeure intact malgré les pressions internationales et les défis internes.
Un message politique adressé à l’intérieur et à l’extérieur
Les funérailles de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine n’ont pas seulement été un moment de recueillement populaire. Elles ont également servi de plateforme politique au Hezbollah pour adresser un message clair à ses adversaires internes et externes. Loin d’être un simple hommage aux deux figures historiques du mouvement, cet événement a permis à la formation chiite de réaffirmer sa place centrale dans la scène politique libanaise et régionale.
Selon Al Bina’ (24 février 2025), la cérémonie a été minutieusement orchestrée pour montrer que la disparition de ces dirigeants ne signifiait en aucun cas un affaiblissement du Hezbollah. La présence de figures politiques et religieuses de premier plan, tant libanaises qu’étrangères, a illustré le poids diplomatique toujours intact du mouvement. Parmi les délégations présentes, Al Quds (24 février 2025) rapporte la participation du président du Parlement libanais Nabih Berri, des représentants du mouvement Amal, mais aussi d’importantes figures iraniennes, irakiennes et yéménites.
Le discours de Cheikh Naïm Kassem, nouvel homme fort du Hezbollah, a été l’un des moments-clés de ces funérailles. Comme le souligne A Diyar (24 février 2025), il a profité de son intervention pour rappeler l’engagement inébranlable du Hezbollah dans la « résistance » contre Israël et ses alliés. Il a insisté sur le fait que le mouvement ne comptait pas abandonner son arsenal militaire, un message adressé autant à ses opposants politiques internes qu’aux puissances occidentales qui poussent à un désarmement progressif du parti.
D’après Al Sharq Al Awsat (24 février 2025), ce message s’adressait notamment à l’État libanais, qui subit depuis plusieurs années des pressions internationales pour restreindre l’influence du Hezbollah dans les institutions du pays. L’Arabie saoudite et les États-Unis exigent régulièrement une réduction de la présence du mouvement dans l’appareil sécuritaire et politique libanais, tandis qu’Israël continue d’accuser le parti de représenter une menace existentielle. En affirmant que la résistance armée restait « un pilier fondamental » de la stratégie du Hezbollah, Naïm Kassem a ainsi écarté toute perspective de démilitarisation dans un avenir proche.
Mais ce discours a également été une réponse aux dynamiques internes au Liban. Al 3arabi Al Jadid (24 février 2025) souligne que le Hezbollah fait face à des critiques croissantes au sein même du pays, notamment de la part de certaines factions chrétiennes et sunnites qui l’accusent de monopoliser les décisions sécuritaires. Ces tensions se sont accentuées depuis les dernières crises économiques et politiques qui ont secoué le Liban, renforçant les fractures entre les différentes communautés.
Pour répondre à ces accusations, Naïm Kassem a tenu à rappeler que le Hezbollah restait fidèle au Pacte national libanais et à l’Accord de Taëf, qui régit l’équilibre des pouvoirs entre les différentes confessions du pays. Selon Al Liwa’ (24 février 2025), il a affirmé que le Hezbollah n’avait pas vocation à dominer seul la scène politique, mais qu’il continuerait à jouer un rôle « garant de la souveraineté nationale et de la sécurité ». Cette déclaration visait notamment à rassurer les alliés du Hezbollah au sein des forces politiques chiites et maronites, tout en maintenant la pression sur ses opposants.
Cependant, la dimension internationale de cet événement a dépassé les frontières du Liban. Al Akhbar (24 février 2025) met en avant l’importance de la présence iranienne, avec une délégation de haut rang envoyée par Téhéran, menée par le président du Parlement iranien Mohammad Baqer Qalibaf et le ministre des Affaires étrangères Abbas Araqchi. Ce dernier a réaffirmé le soutien indéfectible de l’Iran au Hezbollah, insistant sur le fait que la disparition de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine ne remettrait pas en cause « l’axe de la résistance » contre Israël et les États-Unis.
D’un point de vue régional, Al Sharq (24 février 2025) souligne que ces funérailles ont également été suivies avec attention par les acteurs du conflit israélo-palestinien. Depuis Gaza, le Hamas a salué la mémoire des deux dirigeants du Hezbollah et exprimé son soutien à la continuité de leur combat. À Téhéran, des manifestations ont eu lieu en hommage à Hassan Nasrallah, présentées comme une démonstration de solidarité entre l’Iran et le Hezbollah.
Mais l’un des messages les plus marquants de cette cérémonie est venu des tensions avec Israël. Comme le rapporte Al Quds (24 février 2025), l’armée israélienne a multiplié les vols de reconnaissance au-dessus de Beyrouth pendant toute la durée de l’événement. En réponse, la foule a scandé des slogans hostiles à Israël et promis de « venger les martyrs de la résistance ».
D’après Al 3arabi Al Jadid (24 février 2025), cet incident a été perçu comme un avertissement adressé au Hezbollah, Israël cherchant à démontrer qu’il surveillait de près l’évolution de la situation. Toutefois, le Hezbollah a clairement fait savoir qu’il ne se laisserait pas intimider. Naïm Kassem a d’ailleurs déclaré que la « résistance » restait prête à répondre à toute menace israélienne, affirmant que l’organisation disposait toujours des capacités militaires nécessaires pour riposter en cas d’attaque.
Enfin, ces funérailles ont marqué une transition cruciale dans la direction du Hezbollah. Comme le souligne A Diyar(24 février 2025), la disparition de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine ouvre une nouvelle ère pour le mouvement, avec Naïm Kassem désormais en première ligne. Si ce dernier est un fidèle du Hezbollah et un acteur clé de son appareil décisionnel, sa manière de diriger le parti sera scrutée de près par ses adversaires comme par ses alliés.
L’avenir du Hezbollah semble donc à un tournant : d’un côté, l’organisation affiche une force et une unité apparente, mais de l’autre, elle doit faire face à des défis croissants, tant au niveau interne qu’international. Cette cérémonie funéraire, en plus d’être un hommage, a donc permis de réaffirmer une posture politique claire, celle d’un Hezbollah qui refuse tout compromis sur son rôle sécuritaire et qui entend rester un acteur incontournable au Liban et dans la région.
Un tournant pour le Hezbollah ?
Les funérailles de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine marquent un véritable tournant pour le Hezbollah, tant sur le plan interne qu’externe. En plus de l’hommage populaire, cette transition symbolise une nouvelle phase pour le parti, qui doit faire face à des défis stratégiques majeurs. Si l’événement a été une démonstration de force, il soulève également des interrogations sur l’avenir du Hezbollah sous la direction de Naïm Kassem et sur les conséquences à long terme pour l’organisation et son rôle au Liban.
D’après Al Sharq Al Awsat (24 février 2025), la disparition simultanée de deux figures centrales du Hezbollah a laissé un vide profond. Hassan Nasrallah, en tant que secrétaire général emblématique, était le visage du Hezbollah depuis plus de trois décennies. Il incarnait à la fois la stratégie militaire, l’ancrage politique et le leadership religieux du mouvement. Hachem Safieddine, de son côté, était l’un des architectes de la stratégie du Hezbollah au sein du Conseil exécutif, notamment sur le plan organisationnel et financier. Leur disparition simultanée oblige le Hezbollah à restructurer son appareil décisionnel et à réajuster sa communication politique.
Selon Al Akhbar (24 février 2025), Naïm Kassem, désormais à la tête du Hezbollah, hérite d’une organisation à un moment clé de son évolution. Bien qu’il soit une figure de confiance au sein du mouvement, il n’a pas la même stature internationale que Hassan Nasrallah, dont le charisme et l’aura ont façonné l’image du Hezbollah au-delà du Liban. Cette transition soulève des incertitudes sur la capacité du nouveau secrétaire général à maintenir l’unité du parti et à gérer les tensions internes qui pourraient émerger avec la montée de nouvelles figures ambitieuses au sein du mouvement.
L’un des principaux défis auxquels fait face le Hezbollah est son rôle dans la politique libanaise. Depuis plusieurs années, le parti est sous pression pour réduire son influence sur les institutions de l’État. Comme le rappelle Al Quds(24 février 2025), plusieurs forces politiques libanaises, notamment chrétiennes et sunnites, ont intensifié leurs critiques envers le Hezbollah, accusé de verrouiller le système politique en fonction de ses propres intérêts et de maintenir une autonomie militaire qui échappe au contrôle de l’État.
Face à ces accusations, Naïm Kassem a insisté, dans son premier discours officiel, sur le fait que le Hezbollah restait engagé dans la stabilité du pays. A Diyar (24 février 2025) souligne que le nouveau chef du parti a multiplié les références à l’Accord de Taëf, affirmant que le Hezbollah n’avait pas pour objectif d’imposer une hégémonie politique, mais qu’il entendait rester un acteur clé du consensus national. Pourtant, cette déclaration ne masque pas la réalité : le Hezbollah reste un acteur central et incontournable, et il est peu probable qu’il accepte une réduction de son influence sans contrepartie politique majeure.
D’un point de vue militaire, Al 3arabi Al Jadid (24 février 2025) rappelle que la disparition de Hassan Nasrallah ne signifie pas un affaiblissement des capacités du Hezbollah. L’organisation conserve un arsenal militaire considérable, renforcé au fil des années avec le soutien de l’Iran et des Gardiens de la Révolution. Toutefois, la nouvelle direction du parti pourrait adopter une stratégie plus prudente, cherchant à éviter une confrontation directe avec Israël dans l’immédiat, tout en consolidant ses positions régionales en Syrie, en Irak et au Yémen.
D’après Al Liwa’ (24 février 2025), la relation avec l’Iran reste un élément clé de cette transition. Téhéran a rapidement apporté son soutien à Naïm Kassem, soulignant que la politique du Hezbollah ne changerait pas malgré la perte de ses dirigeants historiques. La présence d’une importante délégation iranienne lors des funérailles, incluant le président du Parlement iranien et des responsables des Gardiens de la Révolution, a été perçue comme un signal fortde la continuité du soutien iranien. Cependant, cette relation pourrait évoluer, notamment si le Hezbollah doit ajuster ses priorités en fonction des évolutions géopolitiques régionales et des négociations entre l’Iran et les puissances occidentales.
Un autre enjeu crucial concerne l’image du Hezbollah sur la scène internationale. Comme le note Al Bina’ (24 février 2025), le parti fait face à une pression croissante des États-Unis et de l’Union européenne, qui cherchent à renforcer les sanctions contre ses dirigeants et à limiter ses sources de financement. La transition vers une nouvelle direction pourrait ouvrir une période d’incertitude, notamment en ce qui concerne les relations du Hezbollah avec ses alliés traditionnels, comme la Russie et la Chine, et son positionnement face aux efforts diplomatiques en cours pour stabiliser le Moyen-Orient.
Enfin, un aspect souvent négligé mais fondamental est l’impact de cette transition sur la base populaire du Hezbollah. Selon Al Joumhouriyat (24 février 2025), si les funérailles ont prouvé que le parti bénéficie toujours d’un soutien massif, des interrogations demeurent sur la capacité du Hezbollah à maintenir cette cohésion sur le long terme, notamment face aux difficultés économiques qui frappent le Liban. La crise économique prolongée a considérablement affecté les communautés chiites, principales bases de soutien du Hezbollah, et le parti devra trouver des solutions pour répondre aux préoccupations sociales de ses partisans tout en maintenant son agenda politique et militaire.
Ainsi, ces funérailles ne marquent pas seulement la fin d’une époque, mais aussi le début d’une nouvelle phase de défis pour le Hezbollah. La disparition de Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine oblige le parti à redéfinir son mode de gouvernance, à renforcer son assise populaire et à s’adapter aux nouvelles réalités politiques et géopolitiques. Si Naïm Kassem a affirmé que la continuité serait assurée, il devra néanmoins faire face à des pressions internes et externes croissantes qui testeront la résilience du Hezbollah dans les années à venir.