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Tribune Libre: Être ou ne pas être …

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Jamais scrutin ne fut aussi improbable. Loi électorale ambiguë ; des listes éclectiques et en rien proportionnelles, contrairement aux apparences. Un mercantilisme politique et des candidatures équivoques ; des alliances invraisemblables, une conjoncture énigmatique et incertaine. La liste est longue.

La question que se pose le citoyen est celle du scrutin proportionnel dans le cadre duquel chaque parti présente une liste de candidats homogènes. Les électeurs votent ainsi pour un parti mais également, au sein de la liste, pour un candidat préférentiel. Or dans les listes libanaises tel n’est pas le cas. Alors comment voter lorsqu’on soutient une liste dont les candidats viennent de courants différents voire opposés ? Comment voter en faveur d’un candidat repris sur une liste qui n’obéit pas aux expectatives du dit électeur? Une problématique qui fait hésiter plus d’un.

En dépit de cela nous sommes dans l’obligation d’exercer, tant bien que mal, notre devoir citoyen. En bons libanais, nous devons tous nous rendre aux urnes le 6 mai prochain. En pratique, on ne nous demande pas de choisir des législateurs de notre choix, hommes et femmes chargés de nous représenter, de voter des lois et de contrôler le pouvoir exécutif en notre nom. En réalité, on nous impose des listes formées sans aucune logique ni bon sens. Elles ne représentent en aucun cas des opinions tranchées car elles se composent de candidats antithétiques n’ayant rien en commun, sauf leur alliance opportune. On peut parier qu’à partir du 7 mai ils redeviendront au mieux, de parfaits inconnus, au pire les fougueux ennemis d’hier. La plupart de ces figures maîtrisent mal les contours de la politique libanaise si singulière.

Le citoyen fait ainsi face à une  question existentielle à la Hamlet. « Etre ou ne pas être ! […] y a t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’armer contre elle pour mettre fin à une marée de douleurs ? »

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En effet, entre les listes du gouvernement, réelles ou camouflées, et les listes de l’opposition, tant civiles que politiques formées de citoyens libres et indépendants, peut-on hésiter ?

Hésiter, c’est participer une fois de plus à la mascarade du passé. C’est permettre une fois de plus à des tortionnaires de prendre en otage une population toute entière, un pays dans son intégralité.

Le suffrage universel est certes un droit et un devoir. Mais c’est également une responsabilité où le citoyen possède seul le pouvoir de sélectionner le député de la nation. C’est lui seul qui décide de l’avenir qu’il veut réserver à ses enfants dans leur pays.

La campagne électorale est une belle aventure porteuse d’espoir d’un monde meilleur. C’est aussi le signe certain de l’engagement démocratique du citoyen au sein d’une identité nationale bien affirmée et partagée.

S’abstenir, en faisant valoir un vote de sanction, est louable sauf dans la proportionnelle. Tout vote blanc est une voix accordée aux listes adverses. L’effet, éthiquement valable, devient alors contre-productif. On se doit d’exprimer son mécontentement face à la situation catastrophique actuelle, à la corruption, et au détournement des règles constitutionnelles. Cependant, et puisqu’il faut voter pour une liste, essayons de faire élire l’opposition comme en vue de l’alternance et du changement. Choisissons la liste au  programme le plus complet, et qui dispose des moyens pour le réaliser. Donnons notre voix à ceux capables de tenir leurs promesses, par un vote de confiance librement exprimé en notre âme et conscience. Il est de notre devoir d’inviter les citoyens et les citoyennes, encore hésitants, à prendre en main et en toute responsabilité leur avenir.

Toute abstention aura pour effet de ramener au pouvoir ceux qui ont spolié et exploité la nation.  Courage, ne baissons pas les bras. Surtout, ne pas abandonner, mais garder la motivation afin de faire changer les choses. Malgré les défauts de cette loi, saisissons la chance qui nous est donnée aujourd’hui afin de sauvegarder notre pays par la démocratie.

Tous aux urnes le 6 mai prochain pour exprimer une opinion libre et sincère, un vote utile et responsable. Notre tâche est de nous poser sans cesse la question : quelles ambitions souhaitons-nous pour notre beau pays le Liban ?

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Dr. Joumana Chahal-Tadmoury
Docteur en littérature du Moyen-Age Spécialiste des poésies lyriques occitane et arabo-andalouse des XIe et XIIe siècles Professeur- Chercheur en littérature et patrimoine Militante pour la sauvegarde du patrimoine libanais Présidente-fondatrice de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine de Tripolis (ASPT) Auteure de « Elisabethville ou la plage de Paris sur Seine », ouvrage publié par le Conseil régional d’Ile-de-France ainsi que de nombreux articles spécialisés. Co-fondatrice d’un programme éducatif « Tourathi-tourathak© » (PeP) introduit dans les programmes scolaires à Tripoli et au Liban nord. A initié les Journées des Patrimoines de Tripoli (JPT)

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