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Explosion du port de Beyrouth : le juge Tarek al-Bitar relance les interrogatoires

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Le juge Tarek al-Bitar, en charge de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth, a annoncé ce jeudi qu’il commencerait à programmer des sessions d’interrogatoires pour plusieurs personnalités politiques et responsables sécuritaires impliqués dans cette affaire. Cette décision marque une nouvelle étape dans une enquête marquée par des obstacles juridiques et des tensions politiques.

Décision retardée mais non abandonnée

Selon la chaîne al-Jadeed, la relance des interrogatoires avait été décidée dès le 18 septembre 2023, mais avait été retardée en raison de l’agression israélienne survenue à cette période. Al-Jadeed a également précisé que cette mesure n’est pas liée aux récents changements politiques au Liban. Des sources judiciaires citées par le média estiment que les suspects pourraient refuser de se présenter aux sessions d’interrogatoire, une situation qui contribue à une atmosphère de confusion au Palais de justice de Beyrouth.

Conflits entre juges et blocages institutionnels

Un récent rapport a révélé qu’une réunion s’est tenue il y a quelques jours au bureau du président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Suheil Abboud. Cette rencontre a rassemblé le juge Tarek al-Bitar et le procureur général Jamal al-Hajjar pour discuter des modalités de convocation des suspects. Cependant, aucun consensus n’a été atteint, les deux parties maintenant leurs positions respectives. Le juge al-Bitar a pris la décision de s’appuyer sur des greffiers judiciaires pour envoyer les convocations, contournant ainsi les agences de sécurité, qui sont sous l’autorité du procureur général Hajjar. Cette approche souligne les tensions institutionnelles qui continuent de freiner le bon déroulement de l’enquête.

Liste des personnalités convoquées

Parmi les suspects convoqués figurent plusieurs figures politiques et responsables sécuritaires de haut niveau, notamment Gracia Azzi, ancien membre du Conseil supérieur des douanes, Hassan Diab, ancien Premier ministre, Nouhad al-Machnouq, ex-ministre, Abbas Ibrahim, ancien chef de la Sécurité générale, Ghazi Zoaiter, ex-ministre, Tony Saliba, chef de la Sûreté de l’État, Ghassan Oueidat, ancien procureur de l’État, et Ghassan Khoury, procureur général adjoint. Cependant, le procureur général Jamal al-Hajjar a refusé de collaborer avec le juge Bitar, invoquant une plainte pour « usurpation de pouvoir » déposée contre ce dernier par Ghassan Oueidat. Cette opposition a déjà conduit à la suspension des interrogatoires en juin 2023, faute de coopération de la part du bureau du procureur.

Accusations d’usurpation de pouvoir

Le juge Bitar fait face à des accusations d’usurpation de pouvoir, qu’il considère comme un obstacle majeur à l’avancée de l’enquête. Il a déclaré que ces accusations doivent être résolues rapidement : « Si ces accusations sont prouvées, je dois être tenu responsable. Dans le cas contraire, je dois poursuivre l’enquête », avait-il affirmé en juin dernier. Cette situation reflète une crise profonde au sein du système judiciaire libanais, où les tensions politiques interfèrent régulièrement avec les procédures judiciaires. L’opposition entre le juge Bitar et les institutions sous la tutelle du procureur général illustre ces blocages structurels.

Une tragédie encore sans justice

L’explosion du port de Beyrouth, survenue le 4 août 2020, reste l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire. Elle a causé la mort de plus de 215 personnes, blessé plus de 6 500 autres, et dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise. L’explosion a été attribuée à un incendie dans un entrepôt où des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium étaient stockées de manière négligente depuis des années. Malgré les promesses de justice, l’enquête progresse lentement, entravée par des pressions politiques et des lacunes institutionnelles.

L’urgence d’une justice efficace

Alors que l’opinion publique libanaise et internationale continue de réclamer des réponses, l’incapacité des institutions judiciaires à avancer efficacement dans cette enquête alimente la frustration. Les familles des victimes, ainsi que des organisations de la société civile, dénoncent l’ingérence politique qui freine la quête de justice. Le retour des interrogatoires programmés par le juge al-Bitar représente un espoir pour relancer l’enquête. Cependant, sans coopération des institutions judiciaires et des responsables concernés, la recherche de la vérité et des responsabilités pourrait rester hors de portée.

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Newsdesk Libnanews
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