Le 19 février 2025, une frappe de drone israélien a ciblé un véhicule dans la localité d’Aïta al-Chaab, au sud du Liban, entraînant la mort d’une personne. Cet incident marque la première victime depuis le début du retrait partiel des forces israéliennes de la région frontalière, qui avait débuté la veille. Cette frappe intervient dans un contexte déjà tendu, alors que les échanges de tirs sporadiques se poursuivent malgré l’accord de cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024.
L’identité de la victime n’a pas été officiellement confirmée, mais des sources locales rapportent qu’il s’agirait d’un membre du Hezbollah. L’attaque a suscité une vive réaction au Liban, où le gouvernement a dénoncé une « violation flagrante de la souveraineté nationale » et a appelé la communauté internationale à intervenir pour éviter une escalade militaire.
Retrait israélien incomplet : un accord de cessez-le-feu fragilisé
L’accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024 visait à mettre un terme à plus d’un an de violences entre Israël et le Hezbollah, marquées par deux mois de combats intenses. Selon cet accord, Israël devait retirer toutes ses troupes du sud du Liban d’ici au 18 février 2025, permettant ainsi à l’armée libanaise et aux forces de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) de se déployer dans les zones évacuées.
Cependant, Israël a annoncé à la dernière minute qu’il maintiendrait temporairement des troupes dans « cinq points stratégiques » près de la frontière. Ces positions, principalement situées sur des collines offrant une vue dégagée sur le Liban, sont justifiées par l’armée israélienne comme nécessaires pour « assurer qu’il n’existe aucune menace immédiate ». Cette décision a immédiatement été perçue par Beyrouth comme une violation de l’accord et une « occupation déguisée ».
Réactions libanaises : une condamnation unanime
Face à cette situation, les dirigeants libanais ont multiplié les déclarations fermes. Le président libanais a qualifié la présence continue des troupes israéliennes de « nouvelle provocation » et a affirmé que le Liban se réservait le droit d’utiliser « tous les moyens légitimes » pour libérer son territoire. Le gouvernement a également annoncé avoir saisi les médiateurs du cessez-le-feu, notamment les États-Unis et la France, pour qu’ils fassent pression sur Israël afin d’obtenir un retrait complet.
Le Premier ministre libanais a déclaré que le Liban porterait cette affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies, en soulignant que l’inachèvement du retrait israélien constituait une violation directe de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui appelle au retrait total des troupes israéliennes et à la cessation des hostilités dans la région.
Incidents frontaliers : une situation explosive
En plus de la frappe de drone à Aïta al-Chaab, d’autres incidents ont été rapportés tout au long de la frontière sud du Liban. Dans la région de Wazzani, deux personnes ont été blessées par des tirs israéliens alors qu’elles inspectaient des établissements commerciaux locaux. Par ailleurs, des résidents de la ville de Chebaa ont signalé des tirs d’armes automatiques israéliens en direction de leurs maisons, créant un climat de peur et d’insécurité.
Ces incidents illustrent la fragilité de la situation sécuritaire dans le sud du Liban. Malgré la présence de la FINUL, dont le mandat inclut la surveillance du respect du cessez-le-feu et la prévention des incidents armés, il semble de plus en plus difficile de maintenir la paix le long de cette frontière hautement volatile.
Les enjeux militaires et stratégiques du sud du Liban
La région du sud du Liban revêt une importance stratégique pour Israël et le Hezbollah. Pour Israël, le contrôle des hauteurs frontalières permet de surveiller les mouvements du Hezbollah et de prévenir d’éventuelles attaques. De son côté, le Hezbollah considère cette zone comme cruciale pour son influence sur la scène libanaise et pour maintenir une pression militaire sur Israël.
Depuis l’accord de cessez-le-feu, le Hezbollah avait accepté de se retirer au nord du fleuve Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière israélienne, et de démanteler ses infrastructures militaires dans le sud. Toutefois, Israël exige des garanties supplémentaires sur le désarmement du groupe chiite, craignant que ce dernier ne profite du retrait israélien pour renforcer ses positions.
Perspectives internationales : vers une médiation renforcée ?
La communauté internationale a exprimé ses préoccupations face à cette montée des tensions. Les États-Unis et la France, principaux médiateurs de l’accord de cessez-le-feu, ont appelé au calme et au respect de la résolution 1701. Ils ont également exhorté Israël à compléter son retrait afin de permettre à la FINUL de prendre pleinement le contrôle de la zone frontalière.
La France a proposé que la FINUL, incluant un contingent français, se déploie sur les cinq positions encore occupées par Israël pour garantir la sécurité des populations locales. De leur côté, les États-Unis ont rappelé leur engagement en faveur de la sécurité d’Israël tout en insistant sur l’importance de respecter les accords internationaux.
Un avenir incertain pour le Liban et Israël
Le maintien des troupes israéliennes dans certaines zones du sud du Liban pose des défis majeurs à la stabilité régionale. La situation actuelle met également en lumière les difficultés du Liban à affirmer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, alors même que le pays traverse une grave crise économique et politique.
Alors que le Liban insiste sur l’application stricte de la résolution 1701, Israël continue de conditionner son retrait complet à des garanties sur le désarmement du Hezbollah. Cette divergence de positions complique les efforts diplomatiques en cours, augmentant les risques d’une nouvelle escalade militaire.