Découverte macabre dans plusieurs villages frontaliers
Le 18 février 2025, les équipes de la défense civile libanaise ont récupéré 23 corps dans plusieurs localités du sud du Liban, à la suite du retrait partiel des troupes israéliennes sous l’accord de cessez-le-feu en vigueur. Les corps ont été retrouvés dans les villages de Mais al-Jabal, Markaba, Kfar Kila et Odaisseh. Ce bilan humain vient s’ajouter à l’immense désolation ressentie par les habitants qui retrouvent leurs maisons détruites et leurs terres ravagées.
Selon un communiqué de la défense civile, 14 corps ont été extraits à Mais al-Jabal, trois à Markaba, trois à Kfar Kila et trois autres à Odaisseh. Cette découverte met en lumière la violence des combats et les conséquences dramatiques du conflit sur les populations civiles.
Le retour difficile des déplacés
Parmi les habitants revenus sur leurs terres figure Ali Qashmar, un homme de 74 ans originaire d’Odaisseh. Après avoir fui avec sa famille en octobre 2023, lorsque le Hezbollah a déclenché des hostilités transfrontalières avec Israël en réponse à la guerre de Gaza, Qashmar espérait retrouver sa maison et sa vie d’avant. Au lieu de cela, il n’a découvert que ruines et désolation.
« Nous sommes revenus pour respirer l’air de nos terres et de notre village, et nous avons trouvé nos maisons détruites », a-t-il confié avec amertume. L’homme, dont la maison offrait autrefois une vue sur la colonie israélienne de Misgav Am, se retrouve désormais sans abri. « Nous n’avons plus nulle part où vivre », a-t-il ajouté, désignant les décombres où se dressaient autrefois les habitations de sa famille.
Des villages en ruines et des terres dévastées
Le retrait israélien de villages tels qu’Odaisseh, Kfar Kila, Mais al-Jabal, Markaba et Houla s’est accompagné de scènes de destruction massive. Les routes barrées par des obstacles de terre laissés par l’armée israélienne ont compliqué l’accès des habitants impatients de revoir leurs foyers. De longues files de voitures se sont formées dès l’aube, dans l’attente de l’autorisation de l’armée libanaise pour pénétrer dans les villages.
Dès leur arrivée, les équipes militaires libanaises ont entrepris de retirer les barrières de terre, d’ouvrir les routes et de vérifier la présence de munitions non explosées. Des panneaux de mise en garde, indiquant « Ne vous approchez pas, ne touchez pas, signalez immédiatement », ont été installés le long des chemins jonchés de débris.
Une situation humanitaire alarmante
Pour les habitants qui ont choisi de ne pas attendre que les routes soient dégagées, l’entrée à pied dans les villages a révélé une situation dramatique. Maisons détruites, rues en ruines et terres agricoles rendues inutilisables par les bombardements : le spectacle est dévastateur. De nombreuses familles se retrouvent sans abri et sans ressources, dans un contexte où l’aide humanitaire reste limitée.
Samira Jumaa, de retour à Kfar Kila, faisait partie des dizaines de résidents cherchant désespérément des nouvelles de leurs proches. Son frère, membre du Hezbollah, avait disparu lors des combats. « Nous sommes certains qu’ils ont été martyrisés, mais nous espérons trouver quelque chose », a-t-elle déclaré, tenant fermement une photo de son frère.
Des risques persistants liés aux munitions non explosées
En plus des destructions matérielles, les villages du sud du Liban demeurent dangereux en raison de la présence de nombreuses munitions non explosées. L’armée libanaise a mis en garde les habitants contre ces dangers invisibles, notamment à Odaisseh où plusieurs explosions avaient été entendues après le cessez-le-feu.
Avant même la fin du conflit, un rapport avait estimé que près de 100 000 unités de logement avaient été endommagées ou détruites, soulignant l’ampleur des travaux de reconstruction nécessaires. Les autorités libanaises, déjà sous pression en raison de la crise économique et politique, peinent à organiser une réponse efficace à cette crise humanitaire.
L’incertitude autour des disparus
Le retour des familles de combattants du Hezbollah dans les villages frontaliers a également révélé l’existence de disparus dont le sort reste inconnu. Des ambulances ont été aperçues entrant dans plusieurs villages, notamment à Kfar Kila, dans l’espoir de récupérer les dépouilles de combattants tombés lors des affrontements.
Dans un événement marquant, deux jeunes hommes ont été découverts vivants à la périphérie de Kfar Kila. Après avoir survécu cachés dans une épicerie pendant trois mois, leur réapparition a suscité une vive émotion parmi les habitants. Une vidéo diffusée en ligne montre l’un d’eux retrouvant sa famille dans une scène déchirante.
Une reconstruction qui s’annonce difficile
Les défis à venir pour le Liban sont nombreux. Alors que l’armée libanaise continue de se déployer dans les zones frontalières, la priorité reste la sécurisation des lieux et la réhabilitation des infrastructures de base. Toutefois, la tâche s’annonce ardue. Les routes doivent être dégagées, les bâtiments sécurisés et les terrains agricoles déminés avant qu’une reconstruction ne puisse véritablement commencer.
Pour les familles comme celle d’Ali Qashmar, la priorité est désormais de trouver un toit et de reconstruire une vie brisée par la guerre. Malgré tout, certains habitants expriment leur détermination à rester sur leurs terres, quelles que soient les difficultés. « Nous reviendrons dans nos villages, qu’ils le veuillent ou non », a déclaré Mohammed Mweisi, refusant de se laisser décourager par la présence encore proche des troupes israéliennes.