L’essor d’un empire.

“Un empire est un ordre politique qui présente deux caractéristiques importantes.

La première est que… elle règne sur un nombre significatif de peuples distincts ayant chacune une identité culturelle différente et un territoire séparé. Combien de peuples exactement ? Deux ou trois ne suffisent pas. Vingt ou trente est pléthore. Le seuil impérial se situe entre les deux.
La seconde caractéristique est la flexibilité des frontières jointe à un appétit potentiellement illimité…
Soulignons qu’un empire se définit exclusivement par sa diversité culturelle et ses frontières flexibles plutôt que par ses origines, sa forme de gouvernement, son étendue territoriale ou la taille de sa population. “

Extraits de “Sapiens : une brève histoire de l’humanité”, best-seller de l’auteur israélien Yuval Noah Harari.

L’État d’Israël répond parfaitement à ces deux critères.
Ajoutons qu’avec le monde du numérique, les moyens et formes de domination se sont considérablement enrichis et aseptisés.

Les fondements d’une puissance

L’État d’Israël a été conçu et s’est développé autour de différents axes majeurs :

– depuis l’expression de son idée par l’empire britannique dans les années 1830, le cheminement qui va aboutir à la création de l’État d’Israël s’est conjugué immédiatement avec l’investissement de banquiers juifs, puissance financière fondamentale.

– les mouvements sociaux de gauche, y compris ceux qui pratiquaient le terrorisme. Formés comme il se doit à la clandestinité et à ses règles, à l’agit-prop (agitation et propagande), à l’action violente, ils ont constitué sa soldatesque et l’ossature des colonies juives en Palestine, ainsi que leur organisation en kibboutz. Mieux, ils étaient liés aux réseaux politiques des gauches européennes, liens qui perdurent et qui permirent par la suite d’innerver de leur présence les réseaux de pouvoir s à tous les niveaux, complétant ceux qu’ils pouvaient acquérir au sein des droites européennes avec le soutien des banquiers notamment.

– les loges maçonniques auxquelles ils pouvaient adhérer tout en appartenant à leur propre loge exclusivement, le B’nai B’rith International. Celle-ci a la même organisation et les mêmes règles de fonctionnement qu’une loge maçonnique, mais n’en a pas officiellement l’appellation, ce qui leur permet la double appartenance, ce qui est strictement interdit à tout autre. Le tour de passe-passe ne trompe personne, mais les apparences sont sauves. Cela leur permet de démultiplier leurs capacités à peser sur chaque loge et l’orienter à leur guise selon leurs besoins.

Le B’nai B’rith se veut au service d’Israël comme l’un de ses principaux objectifs. Il regroupe plus de 500 000 membres dans le monde. Parmi eux, il y a 50 000 sayanim, exclusivement au service d’Israël et en lien structurel avec les services secrets israéliens. Ces sayanim sont dans toutes les sphères de pouvoirs, qu’ils soient économiques, financiers, politiques, sociaux, universitaires, culturels et médiatiques.
C’est dire non seulement le degré d’influence qu’il y exercent, mais aussi leurs capacités à transmettre aux services secrets israéliens les informations de toutes sortes dont ils disposent. Obsédés qu’ils sont par l’auto dictature de la shoah dans laquelle ils baignent depuis qu’ils sont fœtus, leur double allégeance les porte naturellement à privilégier leur engagement envers l’État d’Israël. Qu’est-ce qui pourrait alors les empêcher de transmettre à grande échelle des secrets défense, des processus de recherche avancés dans les domaines scientifiques et technologiques… permettant ainsi à ce dernier d’être en pointe dans tous les domaines ?
Si, aujourd’hui, Israël est défini comme une nation start-up, il est douteux qu’un pays, bien qu’aussi pleurnichard que dominateur et racketteur le soit devenu par la grâce de ses seuls chercheurs.

– l’Alliance/soumission des États-Unis permet une puissance technologique militaire supérieure à celle de ces mêmes pourvoyeurs. En effet, il a le droit d’y modifier ou ajouter les logiciels qui les gèrent, d’y inclure des composants propres qu’il ne partage pas avec eux.

– plus proche dans le temps, et pour soutenir et lier l’ensemble, la dictature de la shoah permet, en soumettant les consciences par le sentiment de culpabilité, de maintenir à flot les dividendes de ces axes majeurs, jusques y compris l’établissement de lois spécifiques qui pourraient en questionner la pertinence.

Une puissance sans commune mesure


Le malheureux petit État, soi-disant toujours menacé pour sa survie qui exposerrait par la même les juifs à un nouvel holocauste, a en réalité toujours été, face à ses voisins, une puissance sans commune mesure.
Les axes majeurs constitutifs de sa création et de son développement lui ont permis d’exercer une influence et un pouvoir de décision et de contrainte sur les États européens, puis sur les États-Unis de façon majeure,sans aucune mesure avec aucune grande puissance, y compris les États-Unis. Cette toile d’araignée est en train de se disséminer à grande vitesse en Afrique, en Amérique latine et en Asie.
La vassalisation des États arabes, les uns après les autres, le pactole engrangé avec la mainmise qui se met en place sur le royaume saoudien et les autres États du golfe, parachève ce que l’État d’Israël est devenu, un véritable empire qui ne dira jamais son nom, et qui se présentera encore et toujours comme un malheureux petit État luttant pour sa survie.
Après ses guerres d’expansion et de destruction de ses voisins arabes, les guerres de destructions massives des pays arabes ou musulmans qu’il a réussi à faire entreprendre par les États-Unis, il est devenu capable de susciter et de générer des guerres entre ces pays eux-mêmes, y compris en leur sein et de s’y impliquer directement comme en Syrie, en Irak en manipulant des kurdes autour de leur projet d’État indépendant et en utilisant leurs propres réseaux dans les organisations terroristes, et, aujourd’hui, au Yémen ou en Égypte grâce au coup d’État de Sissi qui s’est révélé une bénédiction pour Daech.
Jusqu’à présent, la presse occidentale n’évoque jamais que l’existence de deux puissances régionales, l’Arabie saoudite et l’Iran. L’État d’Israël passe toujours à la trappe. C’est dire leur degré d’aliénation et de complicité aveugle. En réalité, le royaume saoudien est surtout un tiroir caisse pour l’Occident et un véhicule efficace de formation et de diffusion d’une idéologie obscurantiste et mortifère à son service. L’Empire britannique l’avait si bien compris qu’il a diffusé le wahhabisme dès le milieu du XIXième siècle en Extrême-Orient, notamment en Afghanistan où il a été jusqu’à faire croire qu’il était porté par les descendants du prophète Mahomet.

Quand on veut bien y faire attention, l’État d’Israël est un véritable empire, et un empire particulièrement puissant. Et pas seulement au niveau régional. Il répond à tous les éléments constitutifs définissant un empire et en a aujourd’hui tous les attributs.

La longue marche d’un processus génocidaire annoncé

Soutenir l’État d’Israël, se mettre à son service, ce n’est ni protéger un malheureux petit État, ni protéger les juifs d’un nouvel holocauste, c’est aider cet empire à démultiplier sa puissance, c’est l’accompagner dans la destruction qui deviendrait inexorable du peuple palestinien et la mort par asphyxie lente des habitants de de Gaza, c’est couvrir un génocide qui ne dit pas son nom.
Dans le même livre cité plus haut, on constate combien est banalisé le fait que les massacres de masse et les génocides seraient inhérents à l’histoire et qu’il n’y aurait pas lieu de s’en offusquer outre mesure. Ce livre est passé hauts les mains et chaleureusement salué par tout le gratin de la presse mondiale. C’est dire que cela fait partie de la culture israélienne et qu’elle est inoculée aux élites des pays sous l’emprise de cet empire.
S’identifier à cet État serait pour le peuple juif perdre son âme, quoique puissent prétendre les dirigeants israéliens, qui n’ont par ailleurs pour les juifs de la diaspora que mépris et condescendance.

Le devenir des empires

Mais comme tout empire, celui-ci naît, grandit et meurt dans une lente et inexorable destruction. L’État qui porte cet empire ne disparaît pas pour autant. Ainsi en a-t-il été pour les empires grecs et romains, plus près de nous les Empires austro-hongrois, français et britannique. Débarrassé de son délire impérial, l’État d’Israël, de gré ou de force, reviendra tout simplement à ses justes proportions en se soumettant enfin aux résolutions internationales qui ont permis sa création et accepte de vivre en son sein avec ceux qu’il a voulu exterminer en les chassant, massacrant ou parquant dans des camps de réfugiés ou des prisons à ciel ouvert.

 
Il serait à l’honneur du peuple juif, et dans ses traditions historiques, de porter ce combat plutôt que de perdre son âme à s’identifier à un dessein impérial qui couvre en fait un État-nation juif, piètre copie d’un certain État de race aryenne dont délirait un certain Adolf Hitler. Après tout, n’était-ce l’ambition des pères fondateurs du sionisme que de créer le “juif nouveau” par opposition aux juifs de la diaspora pour lesquels ils n’avaient que mépris ? Ce “juif nouveau”, tel qu’ils le décrivaient, n’était autre que le correspondant en vogue alors de l’Européen parfait.

Scandre Hachem

Nos Lecteurs
Nos Lecteurs sont également les auteurs de ce site. Vous pouvez soumettre votre tribune libre, vos réactions ou analyses en rapport avec les évènements actuels, en envoyant un courriel à [email protected] Une fois accepté par l’équipe Libnanews, votre texte sera publié dans la rubrique opinion ou dans les catégories appropriées. N’oubliez cependant pas les règles élémentaires de la courtoisie et veuillez respecter les règles et les usages de la Langue Française. Nous ne sommes toutefois pas responsables des opinions ou du contenu soumis par Nos Lecteurs.

1 COMMENTAIRE

  1. Il y a chaque seconde, un crime contre l humanité ou contre un peuple, sous gouverne d une corruption à grande échelle sociale…

    Le devenir d une crédibilité est bien toujours son embellissement masqué par le pouvoir de la finance.

    Il faut je pense, en toute humilité considérer toutes les menaces en contradiction avec le principe de survie.
    Car nous survivons à des conditions sociales, à une exclusion, à une perte d’identité comme le peuple palestinien(ni lieu, ni pays, ni droits nationaux pléniers) à une guerre civile.
    Mais nous n avons pas besoin de survivre à une croyance passée de génocide que si, nous devons survivre à la guerre Que nous avons créée pour assouvir une croyance.
    Mais il y a toujours des menaces envers les peuples. Menace extérieure menace de destruction menace de crime contre un peuple déjà noyé par la souffrance.
    Ainsi, un empire est bien l envahissement pour détruire afin de rattacher le pays envahi à notre économie.
    Il y a donc un principe de destruction pure d un peuple, sans aucuns intérêts que de détruire, de prendre les ressources sans les rattacher à une histoire economico-sociale…. Ainsi des guerres contemporaines.

Un commentaire?