Mai 1968âŠâŠ43 ans aprĂšs, Hommage Ă Dominique Grange.Et sâil nâen restait quâun, je serai celui-lĂ .
René Naba | 13.05.2011 | Paris
Tous ont déserté le terrain. Tous, renoncés au combat. Tous, reniés leurs idéaux de jeunesse. Toute cette cohorte de transfuges de la gauche mutante, qui ont abdiqué leur dignité, les intellectuels médiatiques évolutifs, Alexandre Adler, les communautaristes honteux, Romain Goupil et André Glucksmann, ces adeptes du borborygme du sarkozysme de gauche, les notabilités parlementaires, Daniel Cohn Bendit, les humanitaristes affairistes, Bernard Kouchner, les renégats consuméristes, Philippe Val.
Tous, sauf un, ou plutĂŽt une. Dominique Grange.
Celle qui galvanisa par sa voix les ardeurs militantes de la jeunesse revendicative, en Mai 1968. Celle qui nâabdique pas aujourdâhui quarante trois ans aprĂšs, se refusant au rĂŽle dâancien combattant glorieux. Toujours sur la brĂšche, face Ă lâinjustice et Ă lâindiffĂ©rence, la pasionaria de Mai 1968 au service de la cause palestinienne, celle lĂ mĂȘme dont se dĂ©tournent, honteusement, les nouveau notables du cercle de la raison et du conformisme, les pensionnaires de la bulle mĂ©diatique et de leur soliloque permanent.
Un engagement nullement dĂ» au tropisme de lâOrient ou propulsĂ© par un anti amĂ©ricanisme primaire, voire mĂȘme par antisĂ©mitisme, lâaccusation, grave, portĂ©e dĂ©sormais, contre quiconque dĂ©nonce les dĂ©rives de la soldatesque israĂ©lienne; un engagement plutĂŽt dictĂ© par un sens univoque de la justice qui consiste Ă traiter inĂ©galement les situations inĂ©gales, câest-Ă -dire Ă ne pas mettre sur le mĂȘme plan, un bourreau et sa victime, un usurpateur et un spoliĂ©, au prĂ©texte de dĂ©fendre lâavant poste de la civilisation contre la barbarie, selon la croustillante expression de Christophe Barbier, le sĂ©millant directeur de lâExpress, lâhomme au foulard rouge, Ă qui fait visiblement dĂ©faut le sens de la distinction entre civilisation et barbarie.
«Des lendemains et des aujourdâhui qui saignent
Les mauvais jours finiront-ils?
A bas la guerre et les tyrans,
Les Moubarak et les Ben Ali,
Palestine vaincra,
Je continuerai à le chanter sur tous les tons, sur tous les toits»
Une dédicace qui retentit comme une déclaration de guerre aux pleutres de la République, aux pantouflards de la vie.
De la part dâune «chanteuse engagĂ©e Ă perpĂ©tuité».
Dominique Grange, un repĂšre dans un monde en perte de repĂšres.
ConsignĂ© dans deux ouvrages. Le premier rĂ©sume bien son objectif«1968-2008 Nâeffacez pas nos traces». Le deuxiĂšme, dans la mĂȘme veine, est tout aussi explicite, «Des lendemains qui saignent»
Et sâil nâen restait quâune, elle sera celui-lĂ âŠâŠâŠ.lâhonneur de sa gĂ©nĂ©ration. Lâhonneur de la nationâŠ.en tandem avec son compagnon de lutte, son compagnon de vie Jacques Tardi
Pour en savoir plus
«1968-2008, Nâeffacez pas nos traces»
Album+CD Chansons Dominique Grange- Mise en image Jacques Tardi â PrĂ©face Alain Badiou
Institut des métiers de la musique (IMM)
ISBN 9 782 203 01 5296
19 euros.
Ce rĂ©pertoire de quinze chansons, ânotamment «Le temps des cerises», Paris ce printemps lĂ , Droit dâasile, Les nouveaux partisans, la commune est en lutteâconstitue un parfait programme de mobilisation populaire dans la grande tradition rĂ©volutionnaire de la France dâavant Sarkozy.
Des Lendemains qui saignent (Album+CD)
Collection : Univers dâauteurs
Pages : 82
Prix : 19,00 âŹ
ISBN : 2203026472
Lâouvrage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Dominique Grange et le dessinateur Jacques Tardi, son compagnon dans la vie. Les illustrations de Jacques Tardi accompagnent les textes des dix chansons interprĂ©tĂ©es par Dominique Grange dans le CD contenu dans cette Ă©dition. Les textes sont de JP Verney qui en situent le contexte historique. Les photos inĂ©dites de la Grande Guerre sont lâĆuvre de Pierre-ElysĂ©e Grange, grand-pĂšre de Dominique Grange.