Longtemps, on a évoqué la résilience de l’économie libanaise, quasiment qualifiée de miracle par les experts qui n’y croyaient pas à long terme. Elle était basée sur un apport de liquidités en provenance de l’étranger et non sur des facteurs internes et non dépourvue de toute logique économique. On ne produisait pas de la richesse mais de la dette. Voila que face à l’effondrement économique désormais inévitable vu les derniers chiffres, les libanais innovent par la résilience face à des partis politiques.

Certains hommes et militants politiques ont du mal à vouloir trouver des explications plus bancales les unes que les autres face à un mouvement de contestation, que certains vont même jusqu’à qualifier de révolutionnaire, qui est loin de s’essouffler, prétendant par exemple que le blocage des routes est du fait de partis politiques et qu’il ne concerne aussi que les zones chrétiennes. Idem pour les manifestions…

C’est vite oublier ce qui se passe du Nord au Sud du Liban en passant par la Békaa. C’est vite oublier qu’à Tripoli ou Saïda, zone sunnite, les manifestations se poursuivent, tout comme à Baalbeck ou Nabatiyeh, villes majoritairement chiites respectivement fiefs du Hezbollah et du mouvement Amal dont est originaire même son dirigeant, Nabih Berri. Tous le territoire du Liban est concerné par un mouvement, au delà des considérations sectaires et religieuse. La pauvreté ne reconnait pas ce genre de frontières.

Les causes sont avant tout celles d’une population fatiguée par 30 ans de crises politiques, immobilismes administratifs, qui a amené à la crise économique faute de pouvoir réformer et qui a fini par se révolter sur un fond de crise économique justement d’une ampleur encore inconnue au Liban.

Imaginez donc, une chute de 7% du PIB sur une période réduite ce qui nous empêche encore parler de récession. Le Produit Intérieur Brut serait ainsi passé de 55 milliards de dollars en 2018 à 51 milliards de dollars en 2019, de l’aveu même du ministre sortant de l’économie Mansour Bteich, qui précise également que 35% à 40% de la population active est au chômage.

Quelles autorités publiques et quels partis politiques sensés répondre à des aspirations populaires de n’importe quel pays au monde ne pourraient pas admettre que le problème se situe à ce niveau précis.

Evidemment, les partis et les hommes politiques peinent à croire et encore plus peinent à le comprendre d’avoir poussé le bouchon tellement loin, qu’une grande partie de la population, celle qui manifeste justement n’a plus rien à perdre parce qu’elle n’a plus d’autres choix. Ceux qui pouvaient quitter l’ont déjà fait depuis longtemps.

Peut-être qu’en laissant la situation pourrir depuis le 17 octobre 2019, les partis pensaient finir par reprendre la main étant les seuls à être réellement organisés. C’est une option dangereuse, non pas pour eux, mais pour tout le Pays:

Les choses, contrairement à ce qu’ils espéraient, ne suivent pas ce cours des choses. Le mouvement ne faiblit et bien au contraire se durcit, alors que la crise économique, elle, se durcit également et ses conséquences socio-économiques pourraient encore alimenter le feu qui consume désormais ce pays.

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