La polémique concernant le traitement de l’information est relativement intéressante… Grosso modo, les médias français et notamment TF1 et France2 sont accusés de faire ce que les médias Libanais font depuis des années sans aucun grief: montrer des victimes … A une différence prêt, les médias français l’ont fait en direct et non en montrant des images en boucle.

En France, beaucoup s’interrogent sur le devoir fait de répercuter des contenus violents présents sur les sites ou les réseaux sociaux comme ce qu’indique cet article du Figaro. Grosso modo, on pourrait presqu’en conclure qu’il est possible de publier des photos de victimes décapitées par Daesh en Syrie mais il n’est pas possible de publier un contenu audio ou vidéo voir une photographie d’une victime d’attentat en France. On en est loin encore de ces questions au Pays des Cèdres ou la violence, elle, est pratiquement institutionnalisée d’où une notion de débat nécessaire concernant cette problématique.

Cela implique plusieurs thème à cette réflexion qui vont de la place des pratiques des médias traditionnels à la place désormais confirmée des nouveaux médias issus des réseaux sociaux.

Les Médias dits traditionnels dépassés

 D’un côté, on ne peut pas contrôler un direct, ce qui arrive arrivera sur les lieux des attentats. Ils arrivent, les journalistes sous l’impact de l’urgence et ne savent pas à quoi s’attendre d’autant plus que beaucoup n’ont pas d’expérience de zones de combat ou de guerre et encore moins de zone d’attentat que cela soit à Paris ou à Nice. Les difficultés dans une telle configuration sont évidentes et leur faire porter le chapeau dans un tel scénario tient à la mauvaise fois.
De l’autre coté, il n’est pas évidemment souhaitable de montrer des victimes, je pense particulièrement au cas au Liban, de l’assassinat d’un homme politique dont on passait des images quand sa dépouille arrivait à l’hôpital. Dans ce cas précis, le contrôle est et doit être possible.
 
Enfin, l’une des dernières réflexions qu’on pourrait avoir concerne le fait d’avoir ou non une information aseptisée ou il n’est nulle question de choquer pour provoquer l’effroi, le choc, ou autre. Certains prétendent que montrer les dépouilles, ne pas aseptiser l’information reviendrait dans le cas du traitement de l’information pour faire le jeu des terroristes, comme par exemple pour instituer la peur. D’un autre côté, ne pas montrer les détails, aseptiser l’information revient à traiter cette dernière, dans le cadre d’un attentat, ce qui est déjà horrible, tout comme un fait banal, divers puisque les gens ne pourraient à ce moment là plus s’en indigner ou s’en révolter.
 
Les limites donc de l’information, le côté éthique de la chose ne sont pas aussi simples en fin de compte. Il revient donc aux médias et aux chaines de télévision en particulier de marcher comme des funambules sur une corde assez longue et de ne pouvoir que recevoir critiques sur critiques, où de ne pas en faire assez ou de trop en faire, toujours au prétexte de la déontologie. On peut toujours aussi porter des jugements d’apriori après.
Peut-être que la meilleure solution en fin de compte est un retour au caractère humaniste de chaque journaliste sur place qui seul sera juge pour savoir s’il faut, oui ou non montrer les victimes selon le contexte donné. Mais l’essentiel sera toujours de s’indigner face à l’horreur et non de prétendre à diminuer la portée du carnage dont ils sont les témoins et les premières personnes généralement en ligne comme les forces de l’ordre et les secours sanitaires.

Médias 1.0 contre Médias sociaux

L’une des autres difficultés et même l’une des principales difficultés est le contrôle des réseaux sociaux. Beaucoup de personnes sur les lieux des attentats partageaient déjà les vidéos et l’information au sujet de l’attentat de Nice, puisque c’est désormais ce qu’il faut dire avant même les médias dits traditionnels. Déjà par le passé, la mort de Ben Laden, leader d’Al Qaida, avait été annoncée sur Twitter avant les médias dits 1.0. L’application #Periscope aurait été ainsi la première à répercuter l’information selon laquelle un camion fonçait sur la foule à Nice.

Une course à la vitesse a désormais lieu entre structures traditionnelles qui ont certes essayé de se moderniser en ayant recours aux réseaux sociaux et ces derniers mais face à un évènement de grande ampleur comme un attentat, apparaissent leurs limites. Ils ne peuvent plus autant suivre, avoir aussi de caméra à l’égal du nombre de smartphones que les individus présents sur les lieux des incidents. Ils deviennent suiveurs ou dans l’obligation de publier des informations issues des réseaux sociaux qui peuvent ne pas être exemptées de désinformation comme ce qu’on a vu durant l’attentat de Nice quand la chaine de télévision LCI évoquait une possible prise d’otage suite à un tweet alors que cela n’était pas le cas.

Cependant, la répercussion d’une information brute, d’images de victimes et autres ne doit également pas faire oublier les limites qui existent également du côté des médias sociaux, à savoir que nul ne peut s’instituer comme analyse sans l’être. Les personnes impliquées et répercutant une information peuvent ainsi ne pas capables de distinguer le vrai du faux et il existe de nombreux exemples notamment sur Facebook ou une information tronquée et fausse circule sous forme de ce qu’on appelle communément Hoax. Un spécialiste, lui, prendra le temps d’analyser l’information, de la vérifier, de vérifier l’image ou le support audio/vidéo afin d’en confirmer la véracité.

Toute la difficulté entre médias sociaux et médias traditionnels est donc que les gens ne font plus tellement la différence entre les 2 et ne prennent pas la peine d’analyser et prendre le temps de la réflexion. Ils répercutent l’information sans l’aspect analytique ce qui implique une grande possibilité de mauvaise interprétation de l’information.

Durant des années, on estimait que l’information doit être brute pour ne pas être subjective. Ceci est sans nul doute vrai. Mais à force de vouloir une information trop brute, on en oublie également le contexte particulier d’un évènement comme ayant pour cause un autre évènement. Il convient alors aussi d’équilibrer une information brute répercutée en premier par une analyse secondaire et cela doit être le rôle des médias dits traditionnels, rôle qu’ils ont du mal à revendiquer en pensant ainsi être relégués au 2ème plan.

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