Israël accuse l’Iran et le Hezbollah de financement clandestin via l’aéroport de Beyrouth
L’armée israélienne a affirmé que le corps des Gardiens de la révolution iranienne (Force Al-Qods) et le Hezbollahutilisent des vols civils à destination de l’aéroport de Beyrouth pour faire entrer clandestinement des fonds destinés à financer des opérations militaires contre Israël.
Selon Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne en langue arabe, ces fonds seraient acheminés sous forme de liquidités transportées dans des valises, dans le but d’armer le Hezbollah et de renforcer ses capacités opérationnelles dans le sud du Liban. Adraee a ajouté que l’armée israélienne surveille activement ces activités et partage ses informations avec le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, un comité dirigé par les États-Unis, la France, l’ONU, Israël et le Liban.
Israël a assuré que, malgré les efforts déployés pour contrer ces transferts, certains ont réussi à passer. Cette déclaration survient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques et sécuritaires, alors que Tel-Aviv a menacé d’agir militairement pour empêcher le renforcement du Hezbollah.
La menace israélienne sur l’aéroport de Beyrouth
Le Wall Street Journal a révélé qu’Israël avait mis en garde les États-Unis en affirmant être prêt à frapper l’aéroport de Beyrouth si l’Iran continuait à l’utiliser pour faire transiter de l’argent vers le Hezbollah. Selon le quotidien américain, Israël aurait fourni des preuves montrant que des diplomates iraniens transportaient des millions de dollars en liquide, directement depuis Téhéran vers Beyrouth.
D’autres sources américaines ont indiqué que des citoyens turcs étaient également impliqués dans ce trafic, transférant des fonds de l’aéroport d’Istanbul à Beyrouth. L’objectif de ces financements serait de reconstruire et renforcer les capacités militaires du Hezbollah, après plus d’un an de tensions ayant culminé en deux mois de guerre ouverte avec Israël.
Réactions officielles et démentis iraniens
Le ministère iranien des Affaires étrangères a réagi en dénonçant une « campagne médiatique israélienne », accusant Tel-Aviv de chercher à entraver la reconstruction du Liban. Selon Téhéran, les accusations israéliennes ne visent qu’à justifier de nouvelles actions militaires contre des infrastructures libanaises.
Un responsable de la sécurité libanaise a également affirmé que l’aéroport de Beyrouth était sous contrôle strict, ajoutant que toute tentative de transfert de liquidités à des fins illégales serait immédiatement détectée. Toutefois, il a reconnu que des objets de valeur comme des pierres précieuses et des diamants pourraient échapper aux contrôles, ce qui laisse une possibilité de contournement du système de surveillance.
Manifestations et tensions autour de l’aéroport
Jeudi, des partisans du Hezbollah ont organisé des manifestations autour de l’aéroport de Beyrouth, bloquant certaines routes après l’interdiction d’un vol iranien qui devait atterrir au Liban.
Des manifestants ont brûlé des pneus à l’entrée de l’aéroport et scandé des slogans en soutien au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Cette mobilisation a provoqué d’importants embouteillages, alors que l’armée libanaise a tenté de rétablir l’ordre et de faciliter la circulation.
Un incident vidéo diffusé sur les réseaux sociaux a également attiré l’attention. On y voit un citoyen libanais bloqué dans un aéroport iranien, se plaignant de l’annulation du vol et appelant à manifester devant l’aéroport de Beyrouth.
Selon plusieurs médias, l’avion transportait des pèlerins libanais revenant de sites religieux chiites en Iran. Cet événement intervient dans un contexte où Israël multiplie les accusations contre Téhéran et le Hezbollah, alimentant les tensions régionales.
Un climat explosif alors que le cessez-le-feu reste fragile
Ces nouvelles accusations israéliennes fragilisent encore davantage l’accord de cessez-le-feu conclu le 27 novembre 2023, qui avait mis fin à des hostilités prolongées entre Israël et le Hezbollah.
Le retrait prévu de l’armée israélienne du sud du Liban d’ici le 18 février reste incertain, Israël ayant déjà annoncé son intention de maintenir une présence militaire sur cinq hauteurs stratégiques. L’implication présumée de l’Iran dans le financement du Hezbollah pourrait servir d’argument à Tel-Aviv pour prolonger sa présence militaire dans la région et justifier de nouvelles opérations.
Les discussions avec les États-Unis et la France, médiateurs du cessez-le-feu, vont être déterminantes pour éviter une escalade militaire. La situation reste hautement instable, avec un risque accru de frappes israéliennes sur des infrastructures libanaises, y compris l’aéroport international de Beyrouth.