Face à une crise économique persistante, la Banque du Liban (BDL) a décidé d’augmenter le plafond des retraits en dollars américains de 166 à 250 dollars par mois, à partir du 1er mars 2025. Cette mesure, longtemps attendue par les citoyens, intervient dans un contexte de dévaluation continue de la livre libanaise et de difficultés économiques majeures affectant la population libanaise. Cependant, certaines banques locales ont exprimé leur désaccord face à ce relèvement, invoquant des contraintes de liquidité.
Le communiqué précise que cette décision a été prise en coordination avec les plus hautes autorités de l’État libanais, y compris le président de la République, le président du Parlement, le Premier ministre et le ministre des Finances. Cette concertation montre l’importance stratégique de cette mesure dans la gestion de la crise économique du pays. Toutefois, l’opposition de certains établissements bancaires pourrait compliquer la mise en œuvre de cette directive.
Objectif de la mesure : protéger les déposants malgré les réticences bancaires
La Banque du Liban a souligné la nécessité de mettre en place des lois garantissant la restitution des fonds des déposants libanais. Depuis le début de la crise financière en 2019, les banques libanaises ont imposé des restrictions sévères sur les retraits et les transferts de fonds, entraînant une perte de confiance généralisée dans le système bancaire.
En relevant le plafond des retraits en dollars, la BDL cherche à offrir une certaine flexibilité aux citoyens tout en maintenant la stabilité financière. Cependant, certaines banques, craignant une pression supplémentaire sur leurs réserves en devises étrangères, estiment que cette mesure pourrait aggraver leur propre situation financière.
Un système bancaire sous pression
Depuis plusieurs années, le système bancaire libanais fait face à des défis sans précédent. Avec une dette publique dépassant 150 % du PIB et des réserves en devises étrangères presque épuisées, la Banque du Liban tente de naviguer entre la nécessité de soutenir l’économie locale et celle de préserver les réserves restantes.
La décision de la BDL intervient également alors que le pays continue de négocier avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir une aide financière. L’un des principaux points de discorde reste la mise en œuvre de réformes structurelles, y compris la restructuration du secteur bancaire et l’adoption de lois garantissant la transparence financière.
L’opposition de certaines banques à cette nouvelle mesure pourrait compliquer davantage les négociations avec le FMI, qui exige des réformes concrètes pour débloquer une éventuelle aide financière.
Perspectives et défis à venir
Bien que cette augmentation du plafond de retraits en dollars puisse offrir un répit temporaire à certains Libanais, elle ne constitue pas une solution de fond à la crise économique. Les experts estiment que sans réformes structurelles et un plan de redressement économique soutenu, cette mesure pourrait n’avoir qu’un impact limité.
La BDL a réitéré son engagement à travailler avec le gouvernement et le Parlement libanais pour adopter les lois nécessaires à la protection des déposants. Cependant, dans un pays où l’instabilité politique est fréquente, la mise en œuvre de telles réformes reste incertaine. L’opposition des banques commerciales pourrait également entraîner des retards dans la mise en place de ces nouvelles mesures.
Informations sur la Banque du Liban
Fondée en 1963, la Banque du Liban est la banque centrale du Liban, responsable de la politique monétaire, de la stabilité financière et de la régulation du secteur bancaire. Depuis le début de la crise financière, elle joue un rôle central dans la gestion des réserves en devises et dans la stabilisation de la livre libanaise, bien que ses politiques aient souvent été critiquées tant au niveau national qu’international.