On a dernièrement appris que la Banque du Liban s’apprête à publier une nouvelle circulaire concernant l’approvisionnement des pertes à hauteur de 45% des Euro-obligations que les banques locales détiennent au lieu d’un peu plus de 9%. Cette circulaire s’accompagne également d’une décision visant à hausser le pourcentage des réserves obligatoires des banques auprès de la Banque Centrale de 30% selon certaines rumeurs.

Cette décision d’approvisionner les pertes liées à la mise en défaut des eurobonds aurait du intervenir bien plus tôt, quand les banques libanaises étaient encore en mesure d’absorber un tel choc. Dès mai 2019 voire dès novembre au plus tard quand la Banque du Liban et non le Ministère des Finances a payé les obligations qui étaient arrivées à échéance. C’était alors une mauvaise décision de la BDL qui a vidé une partie de nos réserves monétaires. La hausse des fonds propres des banques à hauteur de 20% a été décidée dans la foulée et devrait se terminer en ce mois de juin. Certaines banques ont pu y procéder, d’autres non.

Dans une situation “normale”, les banques qui n’ont pas réussi devraient perdre leurs licences bancaires et donc se mettre en état de liquidation ou fusionner. Nous n’avons toujours pas assisté à de telles opérations, ce qui n’est pas sans devoir susciter d’importantes inquiétudes quant à l’intégrité des dépôts de ces banques dont certaines sont majeures pour l’économie libanaise.

Mais également, la Banque du Liban aurait pour projet d’augmenter le pourcentage des réserves obligatoires à hauteur de 30%, c’est-à-dire forcer les banques – dont certaines sont déjà en difficulté – à déposer 30% des dépôts qu’elles possèdent auprès de la BDL sans aucun retour sur investissement, des dépôts pour lesquels ces banques offrent cependant des intérêts à leurs clients. En temps normal, cette hausse des réserves obligatoires permettent d’éviter de spéculer contre la livre libanaise, ce qui parait être un calcul un peu risible aujourd’hui face à la détérioration de la parité entre Livre Libanaise et dollar.

Cependant, cette spéculation contre la Livre Libanaise est déjà contenue par la décision de l’Association des Banques du Liban à mettre en place un contrôle des capitaux. Elle est donc improductive.

Par ailleurs, on a appris que les dépôts auprès des banques locales ont baissé de 25 milliards de dollars sur 170 milliards environ en 6 mois. Un des principaux facteurs de cette baisse est liée à l’arrêt par les banques des prêts pourtant nécessaires pour stimuler l’économie libanaise via les prêts à la consommation ou aux entités privées.
Cela contribue à diminuer la circulation de l’argent, par conséquent cela réduit encore la capacité des banques à prêter de l’argent, à faire travailler l’économie réelle du Pays.Ce n’était pas une option aujourd’hui pour une économie en récession. Elle aurait pu être considérée comme étant une option bien avant, par exemple au mois de mai 2019, mais certainement pas aujourd’hui.

Il aurait plutôt fallu injecter le peu de fonds encore disponibles en obligeant par exemple les banques à accorder des prêts aux particuliers et aux entreprises pour stimuler l’économie locale au lieu de la faire plonger un peu plus vers l’abime.

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