Au cœur de l’enclave assiégée de Gaza, une nouvelle menace se profile alors que la région est confrontée à une résurgence de la polio, une maladie qui avait presque disparu. Face à cette urgence sanitaire, une campagne de vaccination est en cours. Cependant, cette initiative, qui semble être une intervention humanitaire de la part d’Israël, est perçue par de nombreux Palestiniens avec méfiance, voire avec suspicion.
Une Situation Sanitaire Précaire
Depuis des années, Gaza souffre de conditions sanitaires déplorables, exacerbées par le blocus israélien, les pénuries de médicaments, et la destruction des infrastructures de santé. La réapparition de la polio, une maladie que le monde croyait sous contrôle, est le résultat direct de ces conditions. Les habitants de Gaza, déjà victimes de guerres répétées, se retrouvent aujourd’hui face à une nouvelle menace invisible qui s’attaque aux plus vulnérables : leurs enfants.
Une Campagne de Vaccination ou une Stratégie de Contrôle ?
L’arrivée d’une campagne de vaccination pour lutter contre la polio pourrait sembler être une lueur d’espoir dans cette situation désespérée. Cependant, nombreux sont ceux à Gaza qui voient dans cette initiative plus qu’un simple geste humanitaire. La méfiance est alimentée par des rumeurs et des informations selon lesquelles Israël pourrait utiliser cette campagne pour atteindre des objectifs de renseignement.
Cette méfiance n’est pas née de nulle part. Il y a un précédent qui hante encore les esprits : l’opération menée par la CIA en 2011 au Pakistan pour localiser Oussama ben Laden. À cette époque, la CIA avait orchestré une fausse campagne de vaccination contre l’hépatite B à Abbottabad, sous prétexte d’une intervention humanitaire. En réalité, cette opération visait à recueillir des échantillons d’ADN des enfants résidant dans le complexe où ben Laden se cachait, afin de confirmer sa présence. Bien que cette opération n’ait pas directement conduit à la capture de ben Laden, elle a laissé une marque indélébile sur la perception des campagnes de vaccination dans certaines parties du monde.
La Surprise de Voir Israël Accepter cette Campagne
Ce qui surprend de nombreux observateurs et habitants de Gaza, c’est la volonté d’Israël d’accepter une telle campagne de vaccination sur un territoire qu’il contrôle si étroitement. Habituellement réticent à toute forme d’intervention étrangère à Gaza, Israël semble, cette fois-ci, avoir donné son feu vert à cette initiative. Cette surprise soulève des questions quant aux véritables motivations derrière cette décision.
Parmi les causes possibles de cette acceptation, certains avancent que la résurgence de la polio pourrait constituer une menace sanitaire non seulement pour Gaza mais aussi pour Israël, compte tenu de la proximité géographique et des échanges transfrontaliers. Israël pourrait donc avoir un intérêt direct à contenir cette épidémie pour éviter sa propagation sur son propre territoire.
D’autres estiment que cette campagne de vaccination pourrait servir des intérêts stratégiques. En permettant cette intervention, Israël pourrait profiter de l’occasion pour collecter des informations sensibles sous le couvert de la santé publique. Comme évoqué précédemment, la collecte d’échantillons ADN pourrait être utilisée pour identifier et localiser des membres du Hamas, facilitant ainsi les opérations militaires ciblées.
La Collecte des Identités et l’Élaboration de Listes de Cibles
L’histoire des opérations israéliennes montre que la collecte d’informations personnelles et l’élaboration de listes de cibles font partie intégrante de leur stratégie militaire. En 1982, lors des massacres de Sabra et Chatila, il a été révélé qu’Israël possédait des listes de personnes à éliminer, comprenant des médecins, des cadres, des intellectuels et d’autres figures influentes. Ces listes avaient été soigneusement préparées, basées sur des informations collectées en amont, pour cibler ceux perçus comme des menaces potentielles.
La crainte des Palestiniens de Gaza que cette campagne de vaccination puisse être utilisée à des fins similaires n’est donc pas sans fondement. La collecte d’identités dans le cadre d’une opération de santé publique pourrait très bien servir à l’élaboration de nouvelles listes de cibles pour de futures vagues d’assassinats ou d’opérations militaires.
Le cas de « Lavender », une technologie utilisée par Israël pour espionner et cibler des individus en Palestine, est un autre exemple de la sophistication des moyens employés. Lavender permet de suivre et de localiser des cibles via des réseaux téléphoniques et internet, notamment par l’analyse des données personnelles. Cette technologie, couplée à des informations collectées sous le couvert de campagnes de vaccination ou d’autres initiatives humanitaires, pourrait constituer un outil puissant dans les mains des services de renseignement israéliens.
Le Coût Humain de la Méfiance
La crainte que la campagne de vaccination à Gaza soit en réalité une couverture pour des activités d’espionnage pourrait pousser certaines familles à refuser la vaccination de leurs enfants, mettant ainsi en péril la santé publique et risquant une propagation plus large de la polio. De plus, cette méfiance alimente un cycle de peur et de violence, où les initiatives humanitaires, pourtant nécessaires, sont perçues comme des armes déguisées.
En outre, si ces accusations se confirment, elles renforceraient l’idée que les vies palestiniennes ne sont qu’un pion dans le jeu stratégique israélien, où même la santé des enfants peut être exploitée pour des gains politiques et militaires. Les Palestiniens se rappellent trop bien comment la soi-disant aide humanitaire peut être utilisée comme un outil d’oppression et de manipulation.
L’Appel à la Vigilance
Face à cette situation, les Palestiniens de Gaza sont appelés à la vigilance. Bien que la lutte contre la polio soit cruciale, il est également essentiel de rester conscient des possibles manœuvres sous-jacentes. La santé de leurs enfants ne doit pas devenir une monnaie d’échange dans un conflit qui les dépasse. Pour la communauté internationale, il est urgent de s’assurer que toute initiative de santé publique à Gaza soit menée de manière transparente, éthique et véritablement centrée sur le bien-être des Palestiniens, sans autre agenda caché.
Ainsi, la lutte contre la polio à Gaza devient aussi une lutte pour préserver la dignité et l’autonomie de son peuple face à des tentatives de manipulation sous couvert d’aide humanitaire. Le précédent de la campagne de vaccination utilisée pour localiser Oussama ben Laden rappelle tristement que les efforts humanitaires, lorsqu’ils sont exploités à des fins de renseignement, peuvent avoir des conséquences graves et durables sur la confiance des populations les plus vulnérables.





