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La Guerre Douaniere de Trump : Consequences et Defis Strategiques

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La guerre commerciale lancée par Donald Trump contre la Chine a profondément bouleversé les équilibres économiques mondiaux. Présentée comme une nécessité pour rétablir la justice dans les échanges internationaux, cette stratégie a eu des conséquences bien au-delà du simple différentiel commercial entre les deux puissances. Elle a révélé les failles d’un système interconnecté et soulevé la question cruciale de la capacité des États-Unis à vivre isolés dans un monde globalisé.

L’augmentation des droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits chinois a d’abord entraîné une hausse généralisée des prix pour les consommateurs américains. L’électronique, les pièces détachées, les produits ménagers ont vu leurs coûts grimper, affectant à la fois le pouvoir d’achat des ménages et les marges des entreprises. Dans le secteur agricole, la réponse chinoise a été rapide et brutale. En imposant à son tour des taxes sur le soja, le maïs et d’autres produits, Pékin a porté un coup dur aux exportateurs américains, forçant l’administration fédérale à injecter des milliards de dollars de subventions pour compenser les pertes. Le tissu agricole, pilier du cœur électoral de Trump, a été durement touché.

Au-delà des chiffres, la guerre douanière a mis à nu la dépendance structurelle de l’industrie américaine aux chaînes d’approvisionnement mondiales. Le moindre composant, le plus petit capteur, parfois fabriqué ou assemblé en Chine, devenait subitement une source de tension logistique. La promesse d’une réindustrialisation rapide s’est heurtée à la réalité de décennies de délocalisation. Reconstituer un tissu industriel prend du temps, coûte cher, et suppose des compétences que les États-Unis n’ont pas toujours su préserver.

Peut-on imaginer une Amérique totalement isolée ? L’idée d’autonomie économique complète semble séduisante en théorie, mais elle ignore l’ampleur de l’interdépendance globale. Les États-Unis importent des matières premières, exportent des services, dépendent des marchés financiers étrangers pour financer leur dette, et tirent parti du dollar comme monnaie de référence mondiale. Se couper du monde reviendrait à renoncer à une partie de leur influence. Dans les faits, une telle rupture entraînerait une hausse brutale des coûts, une baisse de la compétitivité, et un isolement diplomatique dont la Chine, l’Inde ou même l’Union européenne pourraient tirer profit.

La question d’une rupture avec la Chine est encore plus sensible. Malgré les discours musclés et les sanctions à répétition, les deux économies restent profondément liées. De nombreuses entreprises américaines dépendent encore du marché chinois, que ce soit pour la fabrication ou la consommation de leurs produits. Le découplage technologique engagé par Washington – visant à bloquer l’accès de la Chine à certaines technologies de pointe – a suscité des contre-mesures, mais il a aussi montré les limites du modèle américain. Sans accès à certaines terres rares ou composants chinois, des secteurs entiers – des semi-conducteurs aux énergies renouvelables – deviennent vulnérables.

Et si la Chine décidait de frapper plus fort ? Elle détient une arme silencieuse mais redoutable : la dette américaine. En tant que l’un des principaux détenteurs étrangers de bons du Trésor, Pékin pourrait théoriquement refuser d’acheter de nouveaux titres, voire liquider une partie de ses avoirs. Une telle décision ferait grimper les taux d’intérêt aux États-Unis, alourdirait la charge de la dette fédérale, et pourrait déclencher une panique sur les marchés. Mais la Chine n’y gagnerait pas forcément. Une vente massive ferait chuter la valeur de ses propres réserves en dollars. L’arme est réelle, mais à double tranchant.

Plus préoccupant encore, le levier stratégique que représente le contrôle chinois sur les terres rares et certains métaux indispensables aux industries de pointe. Utilisées dans l’armement, les batteries, les aimants pour les moteurs électriques, ces ressources sont majoritairement extraites, traitées et exportées par la Chine.

En cas de blocage, les États-Unis se retrouveraient pris au piège, incapables à court terme de remplacer ces matières critiques. L’exploitation locale ou les partenariats avec des pays alternatifs exigent des années de préparation. En bloquant cet accès, la Chine pourrait ralentir, voire paralyser, des secteurs essentiels de l’économie américaine.

Loin d’avoir renforcé la souveraineté des États-Unis, la guerre commerciale de Trump a révélé la fragilité d’un modèle basé sur une hypermondialisation asymétrique. Elle a aussi montré que la puissance, au XXIe siècle, ne se mesure plus seulement par les armes ou la taille du PIB, mais par la capacité à maîtriser les interdépendances. Aucun pays, pas même une superpuissance, ne peut se permettre de rompre brutalement avec les grandes chaînes économiques mondiales sans en subir les conséquences. Ce n’est pas une guerre commerciale qu’il faut gagner, mais une transition stratégique vers un nouveau modèle d’équilibre international.

Bernard Raymond Jabre

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Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre
Bernard Raymond Jabre, Etudes scolaires à Jamhour puis à l’Ecole Gerson à Paris, continua ses études d’économie et de gestion licence et maitrise à Paris -Dauphine où il se spécialise dans le Master « Marchés Financiers Internationaux et Gestion des Risques » de l’Université de Paris - Dauphine 1989. Par la suite , Il se spécialise dans la gestion des risques des dérivés des marchés actions notamment dans les obligations convertibles en actions et le marché des options chez Morgan Stanley Londres 1988 , et à la société de Bourse Fauchier- Magnan - Paris 1989 à 1991, puis il revint au Liban en 1992 pour aider à reconstruire l’affaire familiale la Brasserie Almaza qu’il dirigea 11 ans , puis il fonda en 2003 une société de gestion Aleph Asset Management dont il est actionnaire à 100% analyste et gérant de portefeuille , de trésorerie et de risques financiers internationaux jusqu’à nos jours.