Ce vendredi, les Libanais ont rendu un dernier hommage au général de brigade François Hajj, directeur des opérations militaires au sein de l’armée libanaise, assassiné mercredi à Baabda dans un attentat à la voiture piégée. Le corps du général a été transporté de l’hôpital à son domicile à Baabda où les habitants se sont rassemblés dans la rue et ont jeté des pétales de rose sur le cercueil du haut gradé enveloppé du drapeau libanais et porté à bout de bras par des soldats libanais sur le son de l’orchestre militaire jouant la marche funèbre. 

Le convoi s’est ensuite dirigé vers les lieux du crime, avant d’être accompagné par les 4×4 des troupes libanaises vers la basilique de Notre Dame du Liban à Harissa au Kesrwan. Sur la route vers la basilique, au niveau de la localité de Zalka, rendant hommage au martyr avec une salve d’honneur, des coups de canon ont été tirés par l’armée libanaise au passage du convoi funéraire, qui a été par la suite accueilli par les habitants, de Jounieh jusqu’à Harissa, qui lançaient des pétales de fleurs et du riz sur le convoi du martyr, au son des cloches des églises de la région.

Sous haute protection, la famille, les amis, les soldats, et les figures politiques de tous bords ont participé aux obsèques du général Hajj, qui ont été présidées par le chef de l’église Mar Nasrallah Boutros Sfeir, en la présence du nonce apostolique Mgr Luigi Gatti et divers représentants religieux des communautés chrétiennes et musulmanes.

Parmi les personnalités présentes auprès de la famille du martyr, le commandant en chef de l’armée libanaise le général Michel Sleimane, un grand nombre de gradés et de militaire de l’armée, le commandant en chef de la FINUL le général Claudio Grazziano, le ministre de la Défense M. Elias Murr,le chef suprême des Kataëb l’ancien président de la République M. Amine Gemayel, le chef du bloc du Changement et de la Réforme le général Michel Aoun ainsi que la plupart des députés de son bloc, le chef du Rassemblement Démocratique et chef du PSP le député Walid Joumblatt, le président du Conseil exécutif des Forces Libanaises M. Samir Geagea et son vice-président M. Georges Adwane, le député du Batroun Boutros Harb, ainsi que plusieurs personnalités parlementaires et diplomatiques. 

Le pape Benoît XVI a adressé un message à la famille du martyr dans lequel il leur transmet ses condoléances et les exhorte à la patience. Le patriarche Sfeir de son côté, a vanté les qualités et les valeurs familiales, patriotiques et morales du général martyr, estimant que sa mort est une grande perte pour la nation, et le qualifiant de héros national.

A l’issue des obsèques, le chef d’état-major, le général Chawki el-Masri a lu le message du commandant en chef de l’armée libanaise le général Michel Sleimane. Vantant le palmarès brillant du héros martyr au sein de l’armée libanaise pour laquelle il a sacrifié sa vie, et présentant ses sincères condoléances au nom de l’institution militaire, le général Sleimane a dans son discours, exhorté les factions libanaises à tirer une leçon du martyr du haut gradé et à s’unir et s’entendre entre eux pour le salut du Liban. S’adressant aux mains maléfiques qui continuent à verser le sang des Libanais, le général Sleimane a rassuré les Libanais en soulignant que l’armée libanaise tire ses forces de ses martyrs, poursuivra sa lutte acharnée en faveur de la défense du Liban et de son peuple, et déploiera tous les efforts nécessaires pour arrêter les auteurs de ce crime et empêcher le versement du sang des martyrs. 

Ensuite, le corps du général François Hajj, enveloppé du drapeau libanais et porté à bout de bras par des soldats, a quitté la basilique de Notre Dame du Liban à Harissa, sous les applaudissements de la foule au sein de l’église qui jette des pétales de roses sur le cercueil. Le convoi s’est dirigé vers la localité de Rmeich au Sud Liban, ville natale du haut gradé, où il y sera enterré. Vers les 11h30 (heure locale), le corps du compagnon du général Hajj, le militaire Khayrallah Hedouane est arrivé dans sa ville natale de Hezzine à l’Ouest de la Bekaa, où ses obsèques doivent se tenir. 

Ecoles et universités du pays des cèdres ont respecté le deuil national annoncé peu avant minuit par le ministre Elias Murr au cours de l’émission télévisée du journaliste Marcel Ghanem diffusée en direct. 

L’assassinat du général François Hajj est le neuvième attentat touchant des figures libanaises depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre feu Rafic Hariri en février 2005, mais le premier crime visant un membre de l’institution militaire.

Le martyr du général brigadier est venu compliquer d’avantage la situation politique au Liban, où le poste présidentiel est vacant depuis trois semaines, à cause des rivalités politiques intensives qui empêchent les parlementaires de se réunir afin de procéder aux élections présidentielles.

Alors que le nom du chef de l’armée le général Sleimane a été approuvé par les deux camps rivaux, des différends sur la question du mécanisme à adopter pour amender l’article 49 de la Constitution pour permettre l’élection de ce dernier à la tête de l’état bloquent le scrutin présidentiel. Le général François Hajj, directeur des opérations militaires et proche du chef de l’armée, devait probablement remplacer le général Sleimane au poste de chef de l’armée, au cas où il serait élu en tant que chef de l’état libanais. 

Dans le cadre de l’enquête en cours sur l’assassinat du haut gradé, quatre personnes ont été arrêtées, et une piste terroriste islamique est évoquée par la presse et l’armée, alors que la majorité parlementaire au pouvoir accuse la Syrie d’être derrière l’assassinat du général Hajj.

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