Un budget sous tension dans un contexte de crise
Le gouvernement libanais a adopté sans modification le projet de budget pour l’année 2025, initialement élaboré par l’équipe précédente en septembre 2024. Ce budget prévoit une augmentation des recettes publiques de 33,7 %, atteignant 4,582 milliards de dollars, pour des dépenses totales estimées à 4,779 milliards, soit un déficit budgétaire de 196 millions de dollars.
Cette hausse des recettes repose presque exclusivement sur une augmentation des ressources fiscales, ce qui fait craindre un impact négatif sur la consommation intérieure et la compétitivité des entreprises locales.
Budget 2025 (en millions USD) | Recettes | Dépenses | Déficit |
---|---|---|---|
Prévisions | 4 582 | 4 779 | -196 |
Variation vs 2024 | +33,7 % | +39,5 % | – |
Une pression fiscale en forte hausse
Selon les prévisions, 81,2 % des recettes budgétaires de 2025 proviendront des impôts et taxes. Deux augmentations majeures sont identifiées :
- TVA : +86,9 %
- Impôt sur le revenu : +135,3 %
Ces hausses visent à répondre aux besoins de financement liés à la reconstruction, aux services de la dette et à la stabilisation des finances publiques. Toutefois, elles pourraient entraîner une hausse des prix intérieurs, réduire la demande globale, et affaiblir la compétitivité des produits libanais sur les marchés étrangers.
Répartition des dépenses : domination des charges courantes
Les dépenses courantes absorbent plus de 90 % du budget, avec :
- 1,341 milliard de dollars pour les salaires et traitements
- 352 millions de dollars pour le service de la dette
- 2,618 milliards de dollars pour les autres charges courantes
Les dépenses d’investissement, quant à elles, ne représentent que 9,8 % du total (468 millions de dollars), confirmant une orientation budgétaire centrée sur la gestion du court terme plutôt que sur la croissance future.
Nature des dépenses | Montant (M USD) | Part du total |
---|---|---|
Dépenses courantes | 4 311 | 90,2 % |
Salaires et effectifs | 1 341 | 28 % |
Service de la dette | 352 | 7,4 % |
Dépenses d’investissement | 468 | 9,8 % |
Une politique budgétaire encore vulnérable
Malgré l’amélioration des équilibres budgétaires apparente, la structure du budget demeure fragile. La dépendance accrue à la TVA dans un pays marqué par une forte informalité économique (plus de 50 % selon certaines estimations) rend la prévision de recettes particulièrement incertaine.
Par ailleurs, le manque de numérisation des systèmes fiscaux, les perturbations héritées de la guerre et la faiblesse des outils de contrôle limitent la capacité de l’État à collecter les taxes de manière efficace.
Le projet budgétaire a été critiqué par plusieurs organismes économiques pour son absence de vision pluriannuelle, son manque de transparence, et l’absence d’une stratégie claire pour accompagner les hausses fiscales avec des mesures de soutien aux ménages et aux entreprises.
Des pistes de réforme encore à l’étude
Face à ces critiques, le gouvernement a mandaté le ministère des Finances pour préparer un projet de loi correctif. Celui-ci viserait à atténuer certains effets des hausses fiscales, à élargir l’assiette fiscale et à renforcer les capacités de collecte, notamment par le biais de la numérisation fiscale et de la lutte contre la fraude.
Par ailleurs, l’amélioration des relations avec le Fonds monétaire international (FMI) et les bailleurs internationaux pourrait ouvrir la voie à une refonte plus structurelle du budget libanais dès 2026.
Indicateurs clés de viabilité budgétaire
Ratio budgétaire | Valeur 2025 |
---|---|
Déficit / PIB | -1,1 % |
Déficit / Dépenses totales | -4,1 % |
Recettes publiques / PIB | 25,2 % |
Dépenses publiques / PIB | 26,3 % |
Dépenses d’investissement / Total dépenses | 9,8 % |