La situation au Sud du Liban connaît un regain de tensions, alors qu’Israël concentre désormais son attention sur la frontière nord, en parallèle de son offensive prolongée dans la bande de Gaza. Après l’annonce du ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, affirmant que l’armée israélienne déplace ses priorités vers la frontière libanaise, des sources militaires libanaises, citées par le journal al-Binaa, ont indiqué qu’aucun renforcement militaire inhabituel n’a été observé du côté israélien. Cette position israélienne reflète une volonté de maintenir des frappes « symétriques » en réponse aux actions de la résistance, sans pour autant vouloir déclencher une guerre totale avec le Hezbollah.
Tactique israélienne : repoussement et création d’une zone tampon
Selon des sources diplomatiques, Israël chercherait à repousser le Hezbollah à une distance de 10 kilomètres de la frontière. Cette stratégie consisterait à intensifier les frappes militaires et sécuritaires afin de détruire les villages frontaliers, créant ainsi une zone tampon supplémentaire. Parallèlement, l’assassinat ciblé des commandants sur le terrain du Hezbollah vise à affaiblir le groupe chiite. Cette tactique est motivée par les pressions internes exercées sur le gouvernement israélien, qui doit répondre aux inquiétudes des colons du nord du pays, désireux de retrouver la sécurité dans une région marquée par l’instabilité.
Escalade des frappes et ripostes
Le Sud du Liban a été le théâtre d’une série de frappes israéliennes ces derniers jours, faisant plusieurs victimes. Vendredi, deux personnes, dont un enfant de sept ans, ont été tuées lors d’une frappe de drone israélien sur la localité d’Aita al-Jabal, située dans le district de Nabatiyeh. Quelques heures auparavant, une autre attaque sur le village de Tayrharfa avait fait deux morts et un blessé. D’autres villages frontaliers, tels que Kfarkela et Mays al-Jabal, ont également été ciblés par des drones et des avions de combat israéliens.
En réponse à ces attaques, le Hezbollah a annoncé la mort de trois de ses combattants, dont deux originaires de Tayrharfa. Le groupe a revendiqué plusieurs frappes de représailles contre des installations israéliennes, notamment la destruction de matériel de surveillance sur la base aérienne de Meron, située au nord d’Israël. Le Hezbollah a également bombardé des positions israéliennes à Malkia et des soldats à Tallat al-Khazzan à l’aide de tirs d’artillerie.
Crainte d’une guerre totale
Malgré l’intensification des combats, Israël semble déterminé à éviter une guerre à grande échelle avec le Hezbollah, selon un rapport médiatique. Les autorités israéliennes redoutent les répercussions majeures d’un tel conflit, compte tenu des multiples crises – militaires, politiques et économiques – que l’État hébreu traverse depuis 10 mois.
Face à l’escalade des tensions, plusieurs diplomates occidentaux et arabes s’apprêtent à se rendre à Beyrouth dans les prochains jours. Leur objectif : inciter le gouvernement libanais à exercer des pressions sur le Hezbollah pour qu’il évite toute représailles massives à la suite de l’assassinat de son haut commandant militaire, Fouad Shukur, tué lors des récentes frappes israéliennes.
Incertitudes pour l’avenir
La région frontalière du Sud-Liban reste ainsi au cœur d’une zone de tension extrême, où les actes de représailles, de part et d’autre, risquent de faire dégénérer la situation. Israël, tout en cherchant à maintenir la sécurité de ses frontières, évite à tout prix de déclencher un conflit ouvert, conscient des enjeux qu’une guerre contre le Hezbollah pourrait entraîner. Le Liban, quant à lui, subit de plein fouet les conséquences d’une telle escalade, notamment dans ses régions frontalières, déjà éprouvées par des décennies de conflits.
La diplomatie internationale s’engage à désamorcer la crise, mais l’avenir de la situation demeure incertain, alors que les deux parties semblent engagées dans une guerre de nerfs et de ripostes ciblées.