Structures communautaires dans les candidatures municipales
Les élections municipales du 4 mai 2025 dans le Mont-Liban ont mis en évidence une structuration communautaire très marquée des listes dans plusieurs localités. Dans les zones mixtes, les configurations de listes ont obéi à des logiques d’équilibre confessionnel tacite, souvent au détriment de la cohérence programmatique. À Choueifat, la répartition des sièges entre druzes et chrétiens a été régulée en amont entre les partis, le CPL se concentrant sur les quartiers chrétiens, le PSP sur les zones druzes. À Zahlé, la composition des listes reflétait un équilibre entre orthodoxes, catholiques et arméniens. Dans cette ville, 11 des 15 sièges ont été remportés par des candidats issus d’un découpage communautaire implicite. À Ain Dara, les tensions autour de la composition confessionnelle des listes ont conduit à une polarisation du scrutin, avec des accusations croisées de déséquilibre.
Enjeux d’urbanisme et confessionnalisme foncier
À Damour, la campagne a été dominée par les conflits liés à l’urbanisation illégale sur le littoral. Des associations sunnites locales ont dénoncé des projets immobiliers attribués à des promoteurs proches de notables chrétiens. Le conseil municipal élu, dominé par des indépendants sunnites, s’est engagé à ouvrir une enquête foncière. À Naameh, les tensions ont émergé autour de la régularisation d’un lotissement communautaire. Une liste interconfessionnelle s’est imposée avec 11 sièges sur 12, mais le climat local reste tendu. À Rmeileh, des plaintes ont été déposées contre un projet de zone industrielle attribué à une société liée à un ancien ministre chrétien.
Répartition des sièges selon les affiliations confessionnelles
Dans plusieurs communes du Metn, les résultats révèlent une segmentation du vote selon l’origine confessionnelle des candidats. À Dhour El Choueir, les candidats orthodoxes ont remporté la majorité des sièges dans les quartiers nord, tandis que les maronites ont été élus dans les quartiers historiques. À Jbeil, la liste menée par le CPL, majoritairement maronite, a perdu des voix dans les quartiers arméniens. À Bickfaya, la répartition entre Kataëb et indépendants s’est faite sur des critères communautaires, avec une forte concentration du vote maronite autour des notables locaux. À Hazmieh, 9 des 15 sièges ont été attribués à des candidats maronites, 4 à des melkites, et 2 à des orthodoxes.
Impact de la communauté religieuse sur les alliances politiques
À Zahlé, la liste CPL-Kataëb a échoué à former une coalition majoritaire face à une alliance orthodoxe-indépendante. Les négociations préalables ont échoué en raison de désaccords sur la distribution des sièges entre orthodoxes et melkites. À Kfarmatta, la liste druze appuyée par le Parti démocrate libanais a été élue sans opposition. Le parti a choisi de ne pas inclure de candidats chrétiens, alors que la communauté représente 11 % de l’électorat local. À Moukhtara, fief de la famille Joumblatt, la liste a été composée exclusivement de membres druzes, sans ouverture aux minorités locales.
Tensions communautaires post-électorales
À Naameh, un incident a opposé deux groupes communautaires lors de la célébration des résultats. À Ain Dara, des tracts anonymes ont accusé certains élus de favoriser leur communauté d’origine dans les appels d’offres. À Zahlé, une pétition a été lancée contre la nomination d’un président du conseil jugé non représentatif des orthodoxes. À Hazmieh, une plainte a été déposée auprès du gouverneur contre une décision du conseil municipal relative à l’affectation d’un terrain à un projet religieux. Ces événements traduisent une intensité communautaire résiduelle dans les processus de gouvernance municipale.
Distribution confessionnelle partielle des conseils municipaux
Choueifat : 13 sièges druzes, 8 sièges chrétiens
Zahlé : 7 orthodoxes, 4 melkites, 4 autres
Dhour El Choueir : 8 orthodoxes, 7 maronites
Hazmieh : 9 maronites, 4 melkites, 2 orthodoxes
Naameh : 11 sunnites, 1 chrétien
Damour : 9 sunnites, 6 chrétiens
Jbeil : 10 maronites, 3 melkites, 2 arméniens
Ces chiffres ne figurent pas dans les procès-verbaux officiels, mais ont été collectés par recoupement de sources journalistiques locales.