L’inimitié entre le Hezbollah et l’Ancien Premier Ministre Fouad Saniora ne date pas hier.

En effet, le gouvernement de ce dernier a traversé plusieurs crises lors de sa législatives entre ce qui convenait d’être alors appelé le 8 Mars considérée comme pro-syrienne – la coalition formée par le Courant Patriotique Libre, le Hezbollah et le mouvement Amal -, et la coalition dite anti-syrienne du 14 Mars à laquelle il appartenait.

L’absence de ministres chiites au sein du gouvernement Saniora I

C’est également alors que du Premier gouvernement de Fouad Saniora, sous la Présidence d’Emile Lahoud que démissionneront 6 ministres qui protestaient contre ce qu’ils considéraient comme la création du Tribunal Spécial pour le Liban en charge de juger les personnes responsables de l’assassinat de l’ancien Premier Ministre Rafic Hariri et surtout sa politisation.

La Présidence, le Hezbollah et Amal estimaient alors inconstitutionnelles les décisions prises par le Gouvernement qui ne respectait plus la représentativité multi-confessionnelle en raison de l’absence de ministres chiites.

La crise se prolongera pas l’impossibilité d’élire un successeur à Emile Lahoud. Les prérogatives présidentielles seront alors transférées au Conseil des Ministres du Premier Ministre Fouad Saniora dont le rôle et la légitimité était toujours contestée.

Suivront une série de manifestations en décembre 2006, à laquelle s’associera le parti de l’opposition d’alors, le Courant Patriotique Libre du Président de la République actuel, le Général Michel Aoun, qui avait été exclu lors de la formation du gouvernement.
Pour rappel, en février de la même année, le Courant Patriotique Libre et le Hezbollah avaient signé un Mémorandum d’Entente qui bouleversera de manière durable, l’équilibre politique libanais.

Les évènements du 7 mai 2008 et la prise de contrôle de Beyrouth par le Hezbollah

Mais c’est la décision du Premier Ministre de démanteler le réseau de communication qui mettra le feu aux poudres, avec les évènements du 7 mai 2008, alors que le Ministre des Télécommunications était Marwan Hamadé.

Ils avaient ensemble adopté un texte prévoyant la mise hors-la-loi de son réseau de télécommunications.

Le Mouvement chiite estimait que le réseau fixe public ainsi que le réseau GSM n’offrait aucune garantie de confidentialité lors de ses opérations militaires. Il avait donc mis en place dès 1995, un réseau privé à cet usage, qui se limitait, selon le Hezbollah au Liban Sud et à la banlieue Sud de Beyrouth.

Pour la coalition du 14 Mars, le maillage de ce réseau s’était fortement accru depuis le conflit de juillet 2006, jusqu’à la pleine de la Békaa.

Parallèlement, le Conseil des Ministres où l’opposition était absente avait décidée du limogeage du responsable de la sécurité de l’aéroport international de Beyrouth, le général Wafic Choucair, également proche du mouvement chiite. Le Hezbollah y voit la une tentative du Mossad et des services de renseignements américains de contrôler l’aéroport.

Le Hezbollah répliquera en lançant une opération militaire les 7 et 8 mai 2008 afin de défendre ce réseau qu’il juge essentiel pour la résistance.

La branche militaire du Hezbollah occupera une partie de Beyrouth Ouest, désarmant en quelques heures seulement les partisans du Courant du Futur.

La Médiation du Qatar et les Accords de Doha

C’est alors que le Qatar débute une médiation entre les différents partis impliqués dans la crise. Le 23 mai, cette médiation aboutira aux Accords de Doha.

Ces accords stipulent:

  • l’élection d’un nouveau président de la république, le Général Michel Sleiman, commandant de l’Armée Libanaise sous 24 heures,
  • la formation d’un gouvernement d’unité nationale de 30 ministres répartis sur la base des 16 ministres de la majorité, 11 de l’opposition, 3 à la Président, et l’annonce de toutes les parties en vertu de cet accord de ne pas démissionner
  • et l’adoption de la loi électorale de 1960, avec la création des circonscriptions avec pour exception le maintien des circonscriptions uniques comprenant Marjayoun – Hasbaya, ainsi que celle Baalbek – Hermel, et la Bekaa occidentale – Rachaya. 

Après l’élection du Président de la République, le Général Sleiman, le gouvernement Saniora I démissionne le 25 mai 2008.

Fouad Saniora sera chargé de former un nouveau gouvernement le 28 mai, par le nouveau Président. Il obtiendra un vote de confiance de 68 voix contre 59 non ou abstention, la plus petite majorité obtenue par un gouvernement libanais depuis la fin de la guerre civile. Ce gouvernement sera également marqué par des crises politiques de moindre ampleur et restera en place jusqu’au élections parlementaires de 2009.

Saad Hariri alors nommé comme son successeur.

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