Depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu fragile entre le Liban et Israël la semaine dernière, les violations israéliennes se multiplient, menaçant de relancer les hostilités. Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a rapporté plus de 52 infractions, un nombre qui continue de croître avec des frappes de drones, des tirs d’obus, et des restrictions imposées aux populations locales.
Violations continues et tension croissante
Lundi, une frappe de drone israélien a blessé un soldat libanais dans la région de Hermel, tandis qu’un autre drone a visé une moto à Marjaayoun, causant la mort d’une personne. Des bombes éclair ont également été tirées dans le sud du Liban, notamment dans la ville frontalière de Khiam, où les troupes israéliennes sont toujours présentes. Ces dernières empêchent les résidents déplacés de retourner dans leurs villages, malgré le cessez-le-feu.
Israël maintient un couvre-feu quotidien entre 17 h et 7 h pour les déplacements au sud du fleuve Litani, empêchant même les familles de retourner dans leurs villages pour enterrer leurs morts. À ce jour, près de 200 corps ont été temporairement enterrés à Tyr, faute d’accès aux cimetières proches des zones frontalières.
Un cessez-le-feu sous pression
Le cessez-le-feu, négocié par l’envoyé américain Amos Hochstein après plus d’un an de diplomatie, prévoit une cessation des hostilités de 60 jours. Durant cette période, les combattants du Hezbollah doivent se retirer au nord du Litani, tandis que l’armée israélienne doit se replier vers ses frontières au nord d’Israël. En parallèle, l’armée libanaise et la FINUL doivent déployer 10 000 soldats pour assurer le contrôle exclusif de la région.
Cependant, les actions israéliennes, justifiées par des « menaces potentielles » de la part du Hezbollah, fragilisent cet accord. Les forces israéliennes ont mené plusieurs frappes aériennes sur des villages frontaliers dimanche, suscitant de vives critiques du Premier ministre sortant Najib Mikati et de l’armée libanaise.
Un Hezbollah affaibli mais toujours influent
Le Hezbollah, bien que gravement affaibli par la guerre, reste une force clé dans la région. Son dirigeant emblématique, Sayyed Hassan Nasrallah, a été tué dans un raid israélien il y a deux mois, laissant un vide stratégique. Des centaines de personnes se sont rassemblées samedi dans la banlieue sud de Beyrouth pour honorer sa mémoire.
Nabih Berri, qui a supervisé les négociations du cessez-le-feu, a exprimé sa nostalgie de la présence de Nasrallah, tout en espérant que les violations israéliennes cesseront avec la mise en place d’un comité de suivi dirigé par les États-Unis, la France, l’ONU, le Liban et Israël.
Crise humanitaire et reconstruction
La guerre a laissé le Liban dans un état désastreux. Avec 1,2 million de personnes déplacées, le pays fait face à une crise humanitaire aiguë. Le coût de la guerre est estimé à 8,5 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. Alors que les équipes de la Défense civile continuent de déterrer des corps sous les décombres, le Liban cherche désespérément des fonds pour financer la reconstruction et recruter les troupes nécessaires pour stabiliser le sud.
Les habitants, comme Om Ali, dont le mari a été tué dans la guerre, espèrent un retour rapide à leurs villages pour enterrer leurs proches avec dignité. « Laisser nos martyrs dans des tombes temporaires est un véritable déchirement », a-t-elle déclaré.